La place de Cornavin dans les années 30, ©Editions Jaeger.
Les espaces où la ville respire ont été fortement mis en question et malmenés par l’avènement de l’automobile et l’évolution des modes de vie. Depuis les années 80, nous assistons à un mouvement à l’échelle européenne de reconquête de l’espace urbain, qui passe par le réaménagement des places publiques.
Dimanche 29 septembre, la Maison de l’architecture de Genève organise une visite guidée de plusieurs places genevoises sous la conduite d’Anita Frei et Christian von Düring.
Programme : Maison de l’architecture.
La place du Molard dans les années 30.
Depuis l’automne 2012, à Genève, pas moins de quatre places ont fait l’objet d’un réaménagement par le département de Rémy Pagani avec le concours de bureaux d’architectes locaux : Simon-Goulart, St-Gervais, Longemalle et Vélodrome.
La place de Longemalle a été réaménagée de manière contemporaine, tout en mettant en valeur son patrimoine historique. Elle a été rendue en partie piétonne, du côté des Rues-Basses, à partir de la rue Neuve-du-Molard. Son revêtement de sol s’étend de façade à façade, sans trottoirs. Il est constitué d’une alternance de pavés et de bandes de béton, qui rappelle les mouvements de l’eau. Douze bancs circulaires, dont huit autour des nouveaux arbres, attendent les promeneurs et passants. Un pavillon de glacier et des toilettes publiques seront installés cet été. Les auteurs de ce projet sont 2b architectes et EDMS SA, ingénieurs civils.
La nouvelle place Simon-Goulart se présente sous la forme d’un vaste espace libre, agrémenté d’un bassin-fontaine. Des marchés ou événements festifs pourront y être organisés ponctuellement. Le long de la rue des Terreaux-du-Temple, une haie végétale protège la place et une longue plateforme en bois accueille des bancs et tables de pique-nique, à l’ombre des arbres. Plantés dans des conditions optimales pour assurer leur pérennité, cinq érables, deux ormes et une charmille remplacent l’ancien alignement. Un muret en béton, servant de banquette, borde le côté.
Autour du temple de Saint-Gervais, le parvis a été entièrement refait en pierre calcaire blanche. La rue Vallin est aujourd’hui une zone de rencontre, sur le tronçon situé entre la rue des Terreaux-du-Temple et la rue des Corps-Saints. Des travaux ont été également réalisés à cet endroit pour remettre à neuf une canalisation vétuste et installer des bennes enterrées pour le tri des déchets. Les auteurs de ce projet sont l’Atelier Descombes Rampini SA, architectes et les ingénieurs civils B.Ott & C.Uldry Sàrl.
Avant les travaux, à la place du Vélodrome, une contre-route s’avançait entre l’immeuble et les arbres, dont les abords étaient peu valorisés. Aujourd’hui, l’immeuble est bordé par une allée piétonne en béton teinté, d’aspect rugueux. Elle crée un dégagement agréable devant les entrées et les arcades. Les cafés et restaurants y disposent de belles terrasses. Sur la surface restante, un revêtement minéral a été mis en place. Il est composé de gravillons de calcaire beige, dont la couleur s’harmonise avec celle du béton de l’allée. Sous les arbres, des bancs ont été installés.
Le long de la rue, le trottoir a été remis à neuf et le muret a été reconstruit. La rampe d’accès hélicoïdale, menant à l’esplanade située en toiture, a également été refaite. Plusieurs mâts d’éclairage ont été implantés sur la place, qui ne bénéficiait pas de lumière auparavant. Tant l’allée que la partie centrale sont ainsi illuminées. Un nouvel éclairage a aussi été mis en place devant les halls d’entrées, sous la forme de halos lumineux de couleur chaude. La rampe hélicoïdale est illuminée par des projecteurs fixés sur le mur pignon.
Les auteurs de ce projet sont : Pascal Heyraud, architecte paysagiste. Nussbaumer Perone, architectes (projet). Raphaël Nussbaumer Architectes Sàrl (réalisation). Michel Buffo, ingénieurs civils, avec la collaboration du bureau Thomas Jundt, ingénieurs civils.
La place Saint-Gervais a été piétonnisée dans le cadre des travaux du tram Cornavin-Onex-Bernex. Les auteurs de ce projet sont le bureau ASDZ architectes et ZS ingénieurs civils SA. Les toilettes publiques viennent d’être rénovées et trois nouveaux arbres ont été plantés.
Depuis quelques années, le « design » du mobilier urbain évolue. Quand les bancs existent toujours, ils sont conçus courbés ou galbés. De plus en plus souvent, ils comptent également plus d’accoudoirs qui subdivisent le banc en deux ou trois places comme à Carouge. Il y a aussi ces fameux sièges « assis-debout » ! Derrière ce dessin ou cette recherche « esthétique » se cachent le plus souvent des techniques pour chasser les sans-abri. Ainsi, si le banc public permet encore au passant de se reposer quelques minutes, la sieste y devient impossible pour le SDF.
Un peu partout dans les villes, on voit également de plus en plus de herses, de piques, de fausses décorations, de plans inclinés, de grilles ou barres surélevées par exemple, qui, tels les picots sur les appuis de fenêtres ou les corniches qui empêchent les pigeons de se poser, font en sorte que le sans-logis ne s’attardent pas. L’imagination ne manque donc pas pour mettre en œuvre cette violence « douce » qui repousse la misère jusque là où elle ne dérange plus personne, et surtout loin des rues commerçantes et des quartiers d’affaires.