Le président Sarkozy aurait certainement de « bonnes » raisons pour relancer la rumeur …

oeuvre

Erik Boulatov (Sverdlovsk, 1933). « Liberté » 1990. Huile sur toile, 140 x 279 cm. Musée des beaux-arts, Berne. (légende en bas de page)

Dont celle de faire peur pour instaurer la censure de l’Internet.
Ainsi, la secrétaire d’Etat à  la Famille, Nadine Morano, interrogée le 6 avril 2010 par Christophe Barbier sur LCI, semble avoir donné la clé en déclarant « Il nous faudra un jour une police internationale d’internet ». Une volonté largement partagée par la droite française qui a produit la loi Hadopi et ses produits dérivés. Le Parlement européen, par une résolution du 11 mars 2009, a demandé la transparence sur les négociations en vue de l’Accord Commercial Anti-Contrefaçon (ACTA) mais n’a pas encore été entendu.
Depuis le No B Day en Italie, en décembre dernier, le président Berlusconi mène le même combat. Un autre porte-flingue français, Jacques Séguéla (le « pianiste de bordel » selon ses propres dires) est aussi tout en nuances, lui qui jugeait en octobre 2009 qu’Internet est «la plus grande saloperie qu’aient jamais inventée les hommes».
Rappeler l’existence de la rumeur en stigmatisant la technique qui a permis de la diffuser, l’Internet, c’est diaboliser cette technique pour nous préparer à  soutenir les volontés de contrôle politique qui sont discrètement appliquées dans une Europe qui n’aime rien tant que donner des leçons de « démocratie » à  la Chine, l’Iran. etc.
Sur Slate.fr, Sandrine Bélier conclut ainsi  : « Imaginez donc cette «saloperie» sous contrôle, imaginez un gouvernement ou une Haute Autorité composée de «copains du pouvoir» libre de sélectionner les sites et les contenus que l’on rend accessibles au plus grand nombre, libre de surveiller votre activité sur le Net ». Lire l’article.

Illustration : Erik Boulatov (Sverdlovsk, 1933). « Liberté » 1990. Huile sur toile, 140 x 279 cm. Musée des beaux-arts, Berne. 
Boulatov illustre de façon exemplaire comment le symbole de la liberté, manipulé, se transforme en son contraire. Que la figure féminine soit en partie cachée par les blocs de caractères donne en outre à  entendre que le danger menaçant la liberté vient des Etats totalitaires et de leurs moyens de manipulation ou -  dans un sens plus large – d’une domination sans partage de la rationalité.

Commentaire

Quand le concept de démocratie terrorise les politiciens.
La mise au point de l’imprimerie a rendu possible la diffusion rapide de la Réforme, l’Internet nous fait entrer dans la démocratie de l’information, le journal n’est plus dominant et ne peut plus dicter ce qu’il faut penser, n’en déplaise aux politiques. Pour la première fois, un contenu peut être diffusé sans filtre préalable.

L’Internet a remis en question le pouvoir des médias traditionnels à  informer, à  imposer leur vision du monde, c’est la fin d’une époque. Voilà  qui inquiète les dirigeants politiques qui veulent désormais pouvoir censurer l’Internet, par exemple en France où le gouvernement prépare une nouvelle offensive contre les libertés numériques dans le cadre du projet de loi « Loppsi 2 » (prétendument pour protéger le citoyen de la trilogie des ogres modernes : pirates, pédophiles et terroristes), ou en Italie  quand le président du Sénat, Renato Schifani, fâché du succès du No B Day (5 décembre 2009), déclare que « Facebook est plus dangereux que les groupes extraparlementaires des années 70 » soit Lotta Continua, Potere Operaio, Brigate Rosse, etc.
L’offensive liberticide se développe sur une plus grande échelle avec les négociations sur l’Accord Commercial Anti-Contrefaçon (ACTA), du 26 janvier au 29 janvier 2010 à  Mexico. Le but de l’ACTA est de contrôler l’Internet, tout en évitant soigneusement les processus démocratiques.

La guerre de l’Internet a commencé, la secrétaire d’Etat étatsunienne, Hillary Clinton, l’a déclaré(e) le 21 janvier 2010 dans son adresse à  la Chine, qui concerne aussi l’Inde, et le contrôle de l’information n’est qu’un des enjeux sous couvert de défense des droits de l’homme et de la sécurité.

Jacques Magnol.
(Voir l’article: La fin prochaine des journaux annonce la démocratie de l’information).

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