Le Musée Rath, un espace d’exposition enfin aux normes

salle technique

Rémy Pagani dans l’impressionnant espace technique au dessus des salles du musée de la place Neuve

“Depuis la mise aux normes des salles du Musée Rath, les collectionneurs acceptent de nouveau de prêter des oeuvres”. C’est un des effets immédiats dont se réjouit Patrice Mugny, le patron du département de la culture qui a reçu les clefs symboliques du lieu dédié aux expositions temporaires des mains de Rémy Pagani.

La dernière restauration partielle du lieu prestigieux des manifestations temporaires du Musée d’art et d’histoire remonte à  la fin des années 70, mais c’est en 1958 que l’éclairage zénithal naturel fut supprimé et les fenêtres latérales obturées. Sur le plan technique, les conditions climatiques et de sécurité ne correspondaient plus aux exigences actuelles de conservation et de protection des oeuvres, ce qui a conduit le musée d’art et d’histoire à  renoncer à  certaines expositions. Le bâtiment étant classé monument historique, les interventions sur l’enveloppe sont restées modérées, se limitant à  l’isolation partielle de la toiture.

Le lieu ouvrira ses portes le 8 avril 2009 pour l’exposition “Giacometti, Balthus, Skira. Les années Labyrinthe à  Genève”. Le visiteur y découvrira des salles refaites et un éclairage optimisé mais l’essentiel, insoupçonnable, des travaux a concerné la restauration totale d’un système de ventilation à  air pulsé et la construction d’un plafond thermique.

Lunière naturelle ou boîtes noires ?

L’éclairage zénithal n’a pas été restauré pour satisfaire à  la nouvelle tendance muséographique des boîtes noires, ainsi que l’expliquait Jacques Hainard à  l’occasion du lancement du concours pour le MEG: “Donnez-nous donc des boîtes noires, toute noires, et mettez la lumière ailleurs !” (lire également l’avis de Rem Koolhaas à  propos du nombre toujours plus réduit de typologies).

Nous avons demandé l’avis de Philippe Meylan, Chef du service des bâtiments de la Ville de Genève, qui nous a indiqué que ” la muséographie contemporaine n’aime pas la lumière naturelle, irrégulière et difficile à  contrôler. Cette lumière naturelle peut être par ailleurs un facteur de dégradation d’oeuvres délicates (aquarelles, pastels, mais aussi photographies). Il est donc compréhensible que dans le cas de musées accueillant des expositions prestigieuses, les assurances soient très chatouilleuses sur ce point. Le même problème se pose au niveau 400 du MAH et un certain nombre d’essais de maîtrise de la lumière sont mis en oeuvre en recourant à  des textiles sélectifs.
Toute la question est de savoir comment faire face à  ce type de demandes dans des bâtiments qui n’ont pas été conçus pour vivre dans l’obscurité. C’est le cas du musée Rath qui était (et est encore) pourvu de généreuses verrières zénithales. La construction de salles blanches, boîtes dans la boîte, permet de résoudre cette exigence au détriment, il faut l’avouer, de l’image du monument de la place Neuve.
Il est fort probable que dans 50 ans, nos successeurs prennent la sage décision de redonner au Rath l’expression de sa volumétrie intérieure, et donc ses proportions et sa lumière.
En attendant, nous avons mis en oeuvre un certain nombre de solutions techniques permettant de fournir aux utilisateurs, outre un contrôle complet de la lumière, une stabilité climatique garante de la parfaite conservation des oeuvres exposées.”

Après la rénovation du Musée Rath (coût: près de 6 millions), les musées genevois poursuivront leur mue avec l’agrandissement du Musée d’ethnographie (60 millions), la construction d’un nouveau bâtiment pour l’herbier du Jardin botanique (30 millions) , le projet Jean Nouvel pour le Musée d’art et d’histoire (40+40 -privés/public), et l’enveloppe du Bâtiment d’art contemporain (10 millions).

Jacques Magnol

 

Historique

“Le Musée Rath forme, avec le Grand-Théâtre, le Conservatoire de Musique et les grilles d’entrée du parc des Bastions, un ensemble harmonieux. Il constitue le bâtiment de tête de l’ordonnance continue et régulière du front
ouest de la rue de la Corraterie.
Premier musée des beaux-arts en Suisse et fruit de plusieurs concours, le Musée Rath a été construit par Samuel Vaucher et inauguré le 18 juillet 1826. Sa réalisation fut rendue possible grâce à  la donation d’une somme de “84’000 francs de France” par les sà“urs Jeanne Françoise et Henriette Rath, selon le và“u de feu leur frère Simon Rath.

La Ville de Genève entra formellement en possession du Musée Rath le 20 mai 1851, lorsque la Société des arts, qui bénéficiait alors de la jouissance du bâtiment, perdit son statut de fondation.

Le bâtiment fut classé monument historique le 30 décembre 1921. En 1958, après une quarantaine d’années de défaut d’entretien, le Musée Rath, alors sporadiquement utilisé pour des expositions temporaires du musée d’art et d’histoire, présentait un état de vétusté alarmant. Un crédit fut voté pour la réfection de ses salles. L’architecte Rodolphe Wagner,
mandaté pour la conduite des travaux, fut chargé de supprimer l’éclairage zénithal naturel, de mettre en à“uvre des faux plafonds et d’obturer les fenêtres qui demeuraient ouvertes.

L’institution sise à  la place Neuve jouit d’une notoriété nationale et internationale. Elle reçoit chaque année entre 50’000 et 60’000 visiteurs.”

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