Le film d’Irene Dionisio suit les nouveaux misérables au Mont-de-piété

Sandra (Christina Rosamilia), une jeune trans, vient de rentrer en ville en essaie d’échapper au passé et à un amour brisé.

Entre fiction et documentaire, Pawn Street montre les extrémités auxquelles sont poussées les victimes de la crise économique quand elles en sont réduites à mettre en gage leurs biens les plus précieux.

Stefano (Fabrizio Falco), récemment embauché, se bat avec la dure réalité de travail et assiste impuissant aux manoeuvres misérables au détriment des emprunteurs.

Irene Dioniso décrit avec une parfaite délicatesse comment un système hypocrite et impitoyable met à genoux une foule de gens laminés par la crise, et comment des employés véreux et des petits criminels de quartier en tirent parti avec le plus total cynisme. Chez ces derniers, l’empathie signifierait la ruine.

“Un jour, alors que je commençais à réfléchir sur mon film avec tempesta, je suis entrée au Crédit municipal et j’ai été frappée par la concentration de sens et de vie qui émanait de ce lieu. J’enquêtais depuis longtemps sur l’importance des pressions économiques sur la vie des individus. Pendant plusieurs mois, le Crédit municipal est donc devenu mon lieu de recherches. À travers les dialogues, les relations avec les objets et les histoires individuelles que je dépeins dans le film, je souhaite créer une fresque à la fois tragique et grotesque. J’espère réussir à faire de cet endroit la métaphore d’une société basée sur l’éternelle confrontation entre débiteur et créancier”. Irene Diosisio.

Le film, tourné en 2015 à Turin et résultat d’un long travail de documentation, met en scène trois protagonistes, Sandra, une jeune trans de retour en ville après une rupture amoureuse, Stephen, jeune employé au comptoir du mont-de-piété, et Michele, un retraité désargenté poussé dans le monde des usuriers pour payer une dette. Là où l’argent est roi, ceux qui en manquent sont forcés de prendre leurs distances avec les valeurs morales. Irene Dioniso fait preuve d’une grande d’honnêteté face à ces citoyens rendus particulièrement vulnérables, proposant ainsi des histoires fragiles qui tiennent le spectateur à une certaine distance.

Pawn Street (Le Ultime Cose)
Centre d’art contemporain, Rue des Vieux-Grenadiers 10, Genève.
85 min. Projection en boucle – 12h, 13h30, 15h, 16h30 –  jusqu’au 15 novembre 2017. Entrée libre.

Irene Dionisio (1986, Turin, IT) est une réalisatrice italienne et une artiste visuelle. Elle est directrice du Festival du film gay et lesbien de Turin depuis 2017, est diplômée en histoire de la philosophie et a travaillé comme réalisatrice pour de nombreuses sociétés de production nationales et internationales. Depuis 2010, elle participe à des projets sociaux et culturels liés à des questions politiques telles que l’intégration et le genre. Sa production artistique comprend des installations vidéo et des documentaires, tels que In the safe northern sun (Sponde. Nel sicuro sole del nord, 2015) et The factory is full (La fabbrica è piena. Tragicommedia in otto atti, 2011). Pawn Street est son premier long métrage, dont la première a été présentée à la Film Critics’ Week du Venice Film Festival.

 

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Publié dans arts, cinéma