Festival CourToujours. “Los Retratos”, de Ivan Gaona. Colombie.
Sous son nouveau titre CourToujours le festival d’Ecran Mobile commence ce 20 février à Genève. Spécialisé dans le court métrage, il vise à présenter la vision des réalisateurs d’aujourd’hui.
La programmation fait la part belle aux films internationaux provenant d’Iran, de Jordanie, de Cuba, ou encore de France et d’Espagne, en tout vingt-sept films en compétition (huit films suisses et dix-neuf films internationaux) et une table ronde ouverte au public autour de la thématique du court-métrage samedi 23 février.
Entretien avec Chrystel Dayer, co-organisatrice
Chrystel Dayer
En quoi consiste le nouveau concept de CourToujours ?
Le festival cette année est en fait la 9e édition du festival international des courts-métrages de Genève de l’Association Ecran Mobile. L’ancienne direction nous a passé le témoin à la fin du festival en 2012. Nous avons donc repris les rênes de l’association et du projet, qui a été rebaptisé CourToujours.
L’événement dure quatre jours, il y aura un prix du jury et un prix du public remis le samedi soir pendant la soirée de clôture. Ce festival est dédié aux courts-métrages qui sont récents et aux productions qui n’ont jamais été projetées en Suisse. Ce qui n’est pas évident, surtout pour les films suisses qui passent dans d’autres festivals.
L’association souhaite promouvoir le format court, qui est un format avec plusieurs avantages, il est moins coûteux, il permet de se faire connaitre pour les réalisateurs qui débutent, et c’est un sacré exercice de réaliser un film de maximum 26 minutes. Pour cette nouvelle édition, l’équipe, qui est entièrement bénévole, a voulu insérer un aspect plus éducatif au festival en organisant des séances adaptées aux jeunes et créer des interactions avec les réalisateurs présents. Le concept fait son chemin.
Si les films sélectionnés ne suivent pas une thématique particulière et que leur sujet est libre, comment s’est effectuée la sélection?
Nous passons chaque année un appel à film, et cette année nous avons reçu plus de 200 films venant de partout dans le monde, dont 27 ont été retenus. Les critères sont simples, les films doivent durer entre 1 à 26 minutes, avoir été filmés au maximum deux ans avant le festival, avoir des sous-titres, et un scénario qui tient la route. Certains films sont écartés dès le début, et d’autres sont sujets à débat dans l’équipe qui marche aussi au coup de cœur.
La qualité de l’image et la technique sont importantes. L’actualité peut aussi avoir une influence sur le choix de l’équipe dans la programmation. Pour cette édition, nous avons des comédies, des drames, des films d’animation, mais aussi des sujets de société et même une comédie musicale.
La majorité féminine de l’association dont vous faites état a-t-elle eu un impact sur la sélection des films, qu’en est-il des femmes cinéastes dans vos choix?
Le choix des films s’est fait en toute impartialité, et les réalisateurs sont plus présents dans cette sélection. Je crois que le fait d’être une association plutôt féminine est un hasard ; le seul logo qui nous a plu à l’unanimité et du premier coup d’œil a été celui de Maria Witschi, notre graphiste. Il faut aussi avouer que les femmes ont manifesté plus d’intérêts pour s’engager dans cette aventure. Cela crée une autre dynamique, et c’est plutôt motivant.
Les cinéastes romands et suisses tiennent-ils une place particulière ?
C’est quelque chose qu’on remarque en visionnant un certain nombre de films du même pays ; il y a des similitudes dans l’esthétique et le style de scénario selon le pays. Les réalisateurs partent avec les mêmes chances, mais il y a une proportion dans la sélection finale entre les films internationaux et les films suisses.
Avez-vous eu des coups de coeur ?
Oui, pour ma part j’aime bien dans les films en compétition Gypaetus Helveticus de Marcel Barelli (ce petit documentaire animé nous raconte l’histoire de la disparition du Gypaëte en Suisse), et Los retratos de Ivan Gaona de Colombie (Par un coup du sort, mamie Paulina se retrouve en possession d’une caméra Polaroid.) Laura Gabay et Charlotte Villard, nos programmatrices, réservent deux « coups cœurs » hors compétition pour la soirée de clôture le samedi soir.
Gypaetus Helveticus, de Marcel Barelli. Ce petit documentaire animé nous raconte l’histoire de la disparition du Gypaëte en Suisse… mais pas seulement…
Genève accueille de nombreux festivals de cinéma, comment expliquer ce succès?
Je crois que c’est une dynamique propre à Genève et son côté international. De nombreux festivals sont engagés pour une cause comme le festival international et forum pour les droits humains. Genève est le siège de beaucoup d’organisations internationales. La diversité permet à la culture de se développer. En Suisse, la culture tient une place importante et pourtant ce n’est pas facile de trouver des fonds à Genève et en Suisse pour soutenir les projets comme CourToujours. Souvent le budget est minimal.
Le format court permet une diffusion plus large via les nouveaux médias (YouTube, etc.), quel regard portez-vous sur ces médias? Constituent-ils une menace ou une opportunité pour les jeunes cinéastes?
C’est une opportunité pour les jeunes cinéastes, un moyen gratuit et facile d’accès pour faire connaître son travail. Cela donne aussi des opportunités à certains qui arrivent à se faire soutenir pour un projet. Cela favorise aussi les échanges et stimule l’imagination.
Propos recueillis le 19 février 2013 par Jacques Magnol
CourToujours. Les courts-métrages d’ici et d’ailleurs. 9e édition.
Aux cinémas du Grütli, Genève, du mercredi 20 au samedi 23 février 2013. 14 frs/10 frs. Voir le programme.
Tous les films ont été produits au cours des deux années précédant le festival. Au total, 5 séries de films sont prévues. Chacune se compose de 5 films, et dure en moyenne une heure et demie (soit l’équivalent d’un long métrage)