Pollock-Krasner : le dialogue entre deux êtres qui s’aiment est un fertilisant réciproque

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L’amour oblige souvent à  des concessions et, dans le cas des couples d’artistes connus, l’un des membres du couple doit accepter ou choisir de passer au second plan.

Dans “Le Cas Wagner”, Friedrich Nietzsche  estime que « Le danger pour l’artiste, pour l’homme de génie, réside dans la femme : les femmes aimantes sont leur perte ».  Cependant, le dialogue entre deux êtres qui s’aiment peut aussi se révéler un fertilisant réciproque. Il y a quelques années, Sandor Kuthy conservateur au Musée des beaux-arts de Berne s’est penché sur les couples de créateurs célèbres avec l’ambition de mettre en valeur les «résonances» de leur dialogue au fil d’une démarche en priorité artistique, mais également psychologique et sociologique. Il a banni le terme influence pour lui préférer celui d’enrichissement. «S’il n’est pas bon que l’homme soit seul, il n’est pas non plus facile, simple ou même dépourvu d’être engagé dans une relation à deux, relation privilégiée entre toutes. D’où la richesse qu’elle recèle. Aux partenaires d’en extraire de l’or – ou de s’en servir pour s’asservir ».

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Jackson Pollock (1912 – 1956). Photo: Michael A. Vaccaro, New York

Comment deux créateurs peuvent-ils s’enrichir mutuellement ? comment la résonance de leur dialogue artistique nous enrichit-elle, nous ?»

Tous les artistes ne se sont pas appropriés l’oeuvre de leur partenaire comme Rodin avec Camille Claudel. Dans le cas Pollock-Krasner, le dialogue artistique « permit à  Pollock de «grandir», puis, à  elle, de se trouver», et l’on constate qu’à  l’instar d’autres couples célèbres, c’est toujours la femme qui choisit de rester en retrait. «Fondamental pour les deux oeuvres, leur dialogue est exemplaire par son action de fertilisant réciproque, ceci dans le cadre d’une vie de couple marquée par la lutte constante, et finalement vaine, contre l’alcoolisme, signe évident de la détresse psychique de Pollock».

L’exemple Lee Krasner-Jackson Pollock montre que la situation dominante ne revient pas naturellement à  la plus forte personnalité, en l’occurrence Lee Krasner, mais à  la reconnaissance intuitive par l’un du génie de l’autre. Au moment de leur rencontre, l’oeuvre de Krasner était plus connu que celui de Pollock; elle ne se consacra pas moins au développement de la carrière de son époux, pour ne reprendre vraiment la peinture qu’après sa mort. La «naissance» du peintre qui occupe une place essentielle dans la peinture américaine, et fut l’un des créateurs de l’expressionnisme abstrait, est le résultat de leur union mouvementée. En tant qu’artiste, il ne l’estimait pas son égal, mais l’homme torturé «avait absolument besoin de cette reconnaissance qu’elle lui accordait inconditionnellement»

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