La mort, le calme et le secret

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Dans les photographies de Steeve Iuncker, le tragique de l’événement a cédé la place au silence dense et nous ne saurons rien des circonstances dans lesquelles ces individus ont perdu la vie.  Le photographe est arrivé après, pour graver l’instant, et ces images ne sont ni des informations, ni des illustrations, encore moins du théâtre. Le mort a emporté son secret laissant à l’artiste le soin de réactiver le jeu de la présence et de l’absence, stimulant chez le visiteur des visions susceptibles de surprises.

 

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“Pour Steeve Iuncker, “Nul besoin de partir dans un pays en guerre ou dans une région pauvre du globe pour assister à la mort dans sa plus cruelle réalité.  Les morts violentes, tristes, incongrues, solitaires, attendues ou oubliées, font également partie de la réalité quotidienne genevoise.

Nulle intention surplombante ou morbide, mon regard se veut frontal et obstiné : il montre la mort et la respecte dans sa façon d’occuper l’espace, sans rien toucher à sa mise en scène, sans modifier la lumière qu’elle s’est choisie. Mon travail vise à redonner une couleur et une odeur à la mort, à une époque où l’illusion de l’immortalité fausse notre perception de la condition humaine. Je pense qu’il est, dans ce sens, un acte d’humanité. Je me réjouis de cette rencontre.

Cette confrontation récurrente à la mort, à la solitude du mort, à l’absolue déréliction du cadavre ne saurait se surmonter — manière de supporter cette vision — par la seule mécanique des gestes du photographe. J’ai résolu d’en faire l’objet d’un travail méthodique et continu.
Les diptyques qui composent cette exposition sont réalisés en deux temps. Une première prise de vue est opérée au moment même de l’arrivée sur les lieux, selon un cadrage semi-spontané, très proche du premier « coup d’oeil ».
C’est après le retrait du corps qu’est prise la deuxième photo. À peu près du même point de vue, selon un cadrage assez voisin. Dans la présentation en diptyque, l’image seconde semble photographier l’absence du corps, comme traquant sa persistance subliminale, son écho auratique. Dissociée, elle perdrait tout ou beaucoup de sa dimension tragique.Mon travail vise à redonner une couleur et une odeur à la mort, à une époque où l’illusion de l’immortalité fausse notre perception de la condition humaine. Je pense qu’il est, dans ce sens, un acte d’humanité. Je me réjouis de cette rencontre.”

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Exposition
L’instant de ma mort
Steeve Iuncker
Exposition produite par le MAMCO
Du 14 février au 9 mars 2014
Vernissage le 13 fév. à 18h
PHOTOBASTEI / Bärgenstrasse 29 ZURICH

 

Auparavant : Exposé au MAMCO dans Cycle L’Éternel Détour.
Séquence automne-hiver 2012-2013

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