D’Île en Île avec Paul Hutzli

Paul Hutzli, Candy Island. Photo : courtoisie Halle nord.

Sur l’île Rousseau, vestige de fortifications lacustres, Paul Hutzli, sous la statue du Philosophe de la nature, sculpté par Pradier, observe et dessine les oiseaux. À Halle Nord, autre île artificielle, il expose ce travail sous forme d’un vitrail et d’oiseaux en sucre.

Hutzli, familier du papier mâché affectionne les matériaux de peu qui font illusion. Le sucre coulé ou modelé pourrait être un clin d’œil aux bricolages enfantins si sa mise en œuvre n’était pas finalement si délicate. Il renvoie aux prouesses du pastillage, aujourd’hui démodé, sans en chercher la virtuosité. Hutzli n’est pas confiseur. Il travaille le sucre coloré en peintre et en sculpteur. Il manie cet ersatz de verre et en revendique le factice. Le ceci n’est pas du verre est redoublé par un savant dessin qui mime l’enfantin. Un soleil rond et jaune et des tiges de fleurs trop épaisses contrastent avec les détails et le réalisme illusionniste des oiseaux comme sculptés sur le vif.

Hutzli en coloriste associe aplats, camaïeux et nuances révélés par la lumière. Les bulles, les brillances de la matière en font la richesse toute picturale. Ces compositions translucides à l’acidulé de bonbons sont enchâssées, comme de grosses pièces de puzzle dans une épaisse résille en bois peint. Ce cloisonnement, tout comme le jeu entre grande peinture et art décoratif sont des souvenirs des Nabis et de Gauguin. Véritable sculpteur animalier, ses pigeons et moineaux en volume sont saisissants de vie.

Candy Island, est une construction. C’est un espace, volume simple peint en blanc, rappel des structures minimales dans lequel il faut entrer. Dedans, c’est un enveloppant panorama rétroéclairé comme les photos Cibachrome, une réjouissante illusion technicolor de paysage idyllique tout aussi vrai et tout aussi faux que les iles du centre-ville.

Le sucre, la couleur, la simplification de certains motifs, les inclusions de vrais pétales dans les fleurs, jusqu’aux canards et aux moineaux à qui l’on donne du pain sec les dimanches et dont certains sont là montés en sucette, tout concours à un rêve d’enfance, une nostalgie des choses simples et familières.

Claude-Hubert Tatot

Paul Hutzli, Candy Island. Halle Nord, jusqu’au 15 mai 2021.

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