« Creusez les Alpes, qu’on voie la mer ! »

Ouvriers dans la galerie

Ouvriers dans la galerie, photographe anonyme, collection privée.

En ces temps d’inaugurations officielles du métro M2 de Lausanne et deux ans après en avoir fêté le centenaire, le tunnel du Simplon s’expose au musée historique de Lausanne.
Pour des raisons commerciales, puis touristiques, le col du Simplon a eu, de tous temps, une grande importance pour la Suisse occidentale. Au 19e siècle, Napoléon Bonaparte, pour qui un lien vers la péninsule était indispensable, fit réaliser la route du Simplon qui ouvrit en 1806 après 4 années de travaux.
Afin de désenclaver la Suisse occidentale, l’idée d’une voie internationale entre la Suisse et l’Italie voit le jour au milieu du 19e siècle. Plusieurs questions se posent alors : Comment la réaliser ? Faut-il gravir la montagne ou passer en dessous ? Dans les années 1870, les évolutions techniques permettent d’imaginer le percement d’un long tunnel. Après plusieurs études de tracés du Simplon et des négociations internationales, entre la Suisse, la France et l’Italie et la conférence italo-Suisse en automne 1895, un traité est signé le 25 novembre 1895. Dès lors, des ingénieurs et des géologues  font des travaux de recherches pour la construction du tunnel. Une trentaine de projets sont présentés jusqu’à  l’adoption du projet définitif. Les travaux sont devisés à  75 millions de francs et Lausanne y investit 1 million de francs.
La construction du tunnel ferroviaire du Simplon, de 1898 à  1906. Le plus grand tunnel du monde lors de son inauguration, près de vingt kilomètres de long, requiert durant huit années, un millier d’ouvriers en permanence dans le tunnel travaillent dur pour un salaire de misère. Après l’expérience désastreuse du tunnel du Gothard qui avait coûté la vie à  près de huit cents ouvriers à  cause de la chaleur et de la propagation d’épidémies une vingtaine d’années plus tôt, l’entreprise du Simplon installe un système de ventilation dans le tunnel. Elle crée aussi une caisse maladie et deux petits hôpitaux à  Brigue et à  Iselle. Malgré les efforts pour améliorer les conditions médicales et sanitaires , les risques de chutes de pierres, la chaleur et les poches d’eau chaude font que le travail dans le tunnel est pénible et dangereux pour les milliers d’ouvriers majoritairement italiens. Un caisson reproduisant la chaleur qui régnait dans le tunnel au moment des travaux a d’ailleurs été installé pour l’exposition. Les conditions de vie sont difficiles (logements, insalubrité etc…). Plusieurs mouvements sociaux et grèves sont réprimés par la police et l’armée.
Environ 40 personnes  meurent durant les travaux. En 1er lieu à  cause de la circulation dans le tunnel ou par écrasement dû aux chutes de pierres.
Après être passé sous une galerie rocheuse qui représente le tunnel du Simplon (où trône une statue de Sainte Barbe, patronne des ouvriers ) la partie consacrée aux fêtes de l’inauguration du Tunnel du Simplon. L’inauguration officielle a lieu à  Brigue le 19 mai 1906. Puis suivent plusieurs fêtes situées tout le long de la ligne du tunnel, entre Genève et Gêne. A Lausanne, qui grâce au nouveau tunnel est placée sur une ligne internationale, des banquets sont organisés dans toute la ville et la Confédération offre un repas officiel pour huit cents invités dans le tout nouveau musée zoologique, au Palais de Rumine.
L’exposition se termine sur le thème « le Simplon et le tourisme » pour ilustrer les répercussions touristiques directes du tunnel sur l’Arc lémanique.  Aujourd’hui, 2 millions de passagers transitent annuellement par le tunnel.
Audrey Fries
Musée historique de Lausanne, Place de la Cathedrale 4. Du 12 septembre 2008 au 25 janvier 2009.

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