Christian Robert-Tissot, SUN, sous le soleil exactement

Christian Robert Tissot Sun 2022. Photo Claude-Hubert Tatot.

Par cette sculpture Christian Robert-Tissot dit l’essentiel en trois lettres accrochées sur une grille découpées en cercle : SUN.

Face à l’entrée, entre la scène en plein air et la buvette, elle est là et bien là, dans tous les sens du terme. Présente, visible mais sans écraser, posée sur un pied en métal thermolaqué fiché dans un monticule de terre avec comme arrière fond une palissade aux allures de chantier. Elle ne pourrait pas être mieux ailleurs qu’entre ces installations faites pour les beaux jours, parmi les palmiers en pot. Tout cet espace disparate et convivial pour le théâtre et la détente est estival. Par cette sculpture Christian Robert-Tissot dit l’essentiel en trois lettres accrochées sur une grille découpées en cercle : SUN.

En effet que seraient ces structures éphémères sans soleil ?
La force de cette œuvre tient dans sa sobriété et sa rigueur qui décuple son pouvoir d’évocation. Si les lettres disent le soleil, le rayonnement et la chaleur, son lever et son coucher, motif au combien romantique, la forme, elle, renvoie plutôt à l’art américain conceptuel par le mot, minimal par la grille. C’est une sculpture sans affect, usinée au matériau brut, aux soudures visibles.
De cette neutralité froide émergent d’autres images. A l’Orangerie tout s’articule autour du théâtre, programmation d’été, temps de festival et de relâche des autres théâtres de la ville. Christian Robert-Tissot évoque un élément de décor qui serait comme entreposé là en attente de la reprise de « La victoire sur le soleil » pièce opératique futuriste crée en 1913 au Luna Park de Saint Pétersbourg. Les décors étaient de Malevitch et c’est là qu’apparait pour la première fois le carré noir.

Mais des lettres dans le paysage c’est aussi Hollywood, l’enseigne des motels, des campings et des bars de plage, les néons des manèges. A ceci prés et c’est tout sauf un détail que SUN est sans couleur ni lumière et n’offre que la brillance de l’aluminium qui justement brille au soleil. Sans soleil, Sun est aussi fantomatique qu’une sculpture de Flavin éteinte.
SUN est inévitablement lié au triptyque allitératif de la bande son des désirs de l’été : Sea, Sex and Sun et par un jeu palindromique bilingue c’est aussi NUS et Bardot qui fredonne au soleil. Et mes fesses tu les aimes mes fesses ?
Sun contient les rêves de l’été, c’est une promesse. C’est là qu’il faut être, sous le soleil exactement. Elle porte aussi, puisque l’installation de l’œuvre est saisonnière, la nostalgie des beaux jours qui s’en vont.

Claude-Hubert Tatot

Exposition:
Théâtre de L’Orangerie,
du mardi au dimanche de 10h à 22h
du 22 juin au 4 septembre.

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