Bizarre : un nouveau café genevois menacé de fermeture

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Une affiche qui interpelle depuis la vitrine du Café Bizarre. Photo GenèveActive.

Depuis 2009, le Théâtre de Saint-Gervais désire assurer la gestion du Café Bizarre qui s’y oppose. L’affaire qui dure depuis cinq ans a occupé de longues et coûteuses séances de médiation qui n’ont pas entamé la volonté de la Fondation de Saint-Gervais de s’approprier le lieu après en avoir expulsé le Centre pour l’image contemporaine (CIC).

 

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Plus de 4000 sympathisants ont signé la pétition en faveur du maintien de l’établissement de la rue du Temple.

Dans un premier temps le vent juridique a soufflé en faveur du café avant de virer vers la résiliation du bail pour le 31 mars 2014. Les amis du café se sont mobilisés en masse et c’est une pétition riche de plus de 4000 signatures que Stéphane Pouëzat, gérant du Café Bizarre depuis dix ans, a remis à Esther Alder, conseillère administrative en charge du Département de la cohésion sociale et de la solidarité de la Ville de Genève.

Stéphane Pouëzat est d’autant plus amer qu’il affirme avoir réussi à reconstruire l’image d’un lieu qui s’était détériorée à l’époque du Café Oblomov, tout en respectant scrupuleusement la convention édictée par la Fondation Saint-Gervais. « Nous avons réussi à faire de l’établissement et de sa terrasse un lieu maintenant bien vu autant par la clientèle que le voisinage et la police. C’est un lieu qui ouvre le lieu de spectacle sur l’extérieur et ce serait une erreur d’en faire un espace réservé exclusivement à la clientèle du théâtre. Je regrette qu’il n’y ait jamais eu de volonté de dialogue, c’est précisément trois jours après la votation communale du 27 septembre 2009 (acceptation – à 57.8% – de la réduction de la subvention à la Fondation de Saint-Gervais) que nous avons reçu la notification de la résiliation du bail, ceci sans aucun contact préalable. Huit à neuf emplois sont ainsi menacés, dont trois et demi en contrat fixe et quatre à cinq personnes intermittentes. »

Après avoir transmis la pétition à Esther Alder ainsi qu’une demande d’explication au magistrat en charge de la culture, Sami Kanaan, le Café Bizarre attend les réponses des magistrats tout en se préparant à faire recours de son éviction programmée auprès du Tribunal fédéral avant le 2 février 2014.

La Ville de Genève assure régulièrement sa volonté de garantir les établissements qu’elle estime indispensable tels les cafés, restaurants, théâtres, cinémas, musées et autres. En octobre 2013, la Ville avait eu l’occasion de manifester son soutien au Café Livresse également menacé, d’autres lieux comme le populaire Cristallina de la rue du Rhône n’ont pas eu cette chance. Des acteurs culturels qui notent que le Café Bizarre est habituellement bondé jusqu’à 2h du matin, remettent en question la pertinence d’une transformation d’un lieu convivial ouvert à tous en cantine de théâtre et si l’inévitable déficit de fréquentation sera comblé par des subventions normalement destinées aux artistes?

Note : Nous n’avons pas encore obtenu de réponse du théâtre au sujet de l’utilisation envisagée du café ce vendredi 17 janvier.

 

Voir également : Tribune de Genève. Bisbille : Le Théâtre Saint-Gervais récupère le Café Bizarre.

Publié dans politique culturelle, société