Avec « L’effroyable imposture 2 « , Thierry Meyssan dénonce les manoeuvres de manipulation et de désinformation sur la situation au Moyen Orient.

« La politique internationale est un art subtil où chaque acteur doit être d’autant plus prudent qu’il a beaucoup à  perdre. C’est pourquoi chaque Etat entretient plusieurs fers au feu le plus longtemps possible et n’abat ses cartes que lorsqu’il y est forcé. Le triple jeu est donc la règle, non par hypocrisie, mais par nécessité stratégique. Aussi, des informations authentiques, si elles sont incomplètes, peuvent donner une idée fausse des intentions d’un Etat. » (Thierry Meyssan, L’effroyable imposture 2, Editions Alphée, Jean-Paul Bertrand, 2007, p. 8).
Ainsi l’explique Thierry Meyssan journaliste français et président fondateur du Réseau Voltaire, réseau de presse non-alignée, dans son avant-propos, une étude de ce « triple jeu » qui va le mener d’une analyse de la désinformation moderne, à  celle des raisons profondes de l’invasion du Liban, en passant par la remise en cause d’une responsabilité syrienne dans l’assassinat du Premier ministre libanais Rafik Hariri.

Réalisé au cours de l’été 2006 pendant la guerre éclair menée par Israà«l contre le Liban et qui devait voir trente-quatre jours plus tard la défaite du premier, L’effroyable imposture 2 est donc un livre très dense, dont la structure est parfaitement assumée par Thierry Meyssan qui désire ainsi dresser une « architecture » du problème.

Sous-titrée « manipulations et désinformation », L’effroyable imposture 2 revient sur un problème affectant toujours plus les médias dans un contexte de concurrence acharnée entre agences de presse où la diffusion en exclusivité des informations devient un enjeu capital. Thierry Meyssan y dénonce le fait que cette rapidité de la diffusion de l’information altère, voire rende caduque, la prise de recul qu’il considère comme nécessaire par rapport aux sources de l’information et à  leur crédibilité. Parlant alors d’une « intoxication médiatique », il regrette que cette dernière conduise à  une tentative de vérification de la théorie du choc des civilisations, tout en lui donnant corps, que ce soit au travers des exemples de la déformation des paroles du pape Benoit XVI au sujet de l’Islam, ou de celles du Président iranien Ahmadinejad sur la légitimité de l’existence d’Israà«l.

Au-delà  d’une enquête sur les dessous du conflit opposant Israà«l à  ses voisins, le livre de Thierry Meyssan induit donc une réflexion qui peut peut être élargie au niveau plus global de la sacralisation de l’information relayée par les médias, une information souvent difficile à  remettre en cause par l’uniformisation des éclairages sur les faits qu’elle tend à  transmettre, toute voix dissidente étant a priori soupçonnée de paranoïa complotiste, voire de complicité avec « l’ennemi », dernier point peut-être le plus inquiétant en ce qu’il pourrait préfigurer d’un nouveau totalitarisme exercé sur la pensée par l’opinion médiatique prépondérante.

Audrey Schmid.

Extrait de la présentation par Thierry Meyssan, 4 juillet 2007, Genève, enregistré par Audrey Schmid.

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Thierry Meyssan, journaliste français, est président-fondateur du Réseau Voltaire, une association internationale qui fédère des agences de presse et des médias non-alignés en Europe, en Amérique latine et dans le monde arabe. Il édite un site Internet d’information en huit langues. Il préside également la conférence anti-impérialiste Axis for Peace. Ses ouvrages sur les attentats du 11 septembre 2001, traduits en 26 langues, ont inspiré la politique de nombreux États et ont bouleversé les relations internationales.

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