A Gstaad, des artistes se confrontent à la puissance et à l’inattendu des avalanches

Michaël Borremans, “Rosa”, 2017. Sauf autre mention, toutes les images sur cette page : © 2017, Fondation LUMA – Photos Stefan Altenburger.

La puissance, la dynamique et l’imprévu sont les points de départ du projet de commissariat de l’exposition Elevation 1049 : Avalanche – soit un programme international de sculpture, de performance, de vidéo et d’installations sonores conçu par le curateur indépendant Neville Wakefield et l’artiste Olympia Scarry pour l’édition 2017 d’un événement qui a lieu tous les deux ans.

Ainsi, un certain nombre d’interventions sculpturales et spécifiques au site créées par des artistes émergents et établis à l’échelle internationale contrebalancent le caractère éphémère et transitoire de ces performances. Le titre de la manifestation reprend celui du magazine des années 1970, Avalanche, étroitement lié aux artistes conceptuels post-minimalistes et post-studio aux Etats-Unis et en Europe. L’itération de cette année qui repose sur différentes interprétations du land art vise à établir une communication directe avec les artistes à travers leur travail et leur pensée. Le co-commissaire Neville Wake précise : «L’impulsion curatoriale du spectacle de cet hiver est née de l’inattendu et de l’interaction entre la forme et l’absence de forme – il n’y a pas de meilleur endroit que Gstaad pour montrer ces manœuvres dramatiques» et la co-commissaire Olympia Scarry d’ajouter «La nature sublime et instable de l’environnement du projet reflète et réfracte simultanément les éléments sonores et performatifs de l’itération de cette année».
L’aspect anti-monumental du spectacle – associé à l’instabilité et aux effets temporairement transformateurs de la neige – consistera en une série de spectacles d’artistes et d’installations sonores déroulée au cours d’un long week-end. Chaque spectacle implique une transformation intense mais temporaire d’un type d’espace familier à Gstaad: ainsi de l’espace illimité de l’extérieur du glacier, du lac ou de la forêt ou les espaces intérieurs contenus qui vont d’une grange à l’Hôtel Palace aux bunkers secrets de l’armée.

Douglas Gordon & Morgan Tschiember, “As close as you can for as long as it lasts”, 2017.

Pièce particulièrement remarquée, As close as you can… est le fruit de questions-réponses entre les deux artistes Douglas Gordon et Morgan Tschiember qui utilisent le feu, la fumée et des sons sources de nos peurs les plus primaires, telle la crainte du hurlement de loups dans la nuit. C’est en référence à Jack London que Morgane Tschiember a préparé ce feu – synonyme de survie dans cet environnement surnaturel– auquel Douglas Gordon a répondu par la diffusion de cris d’animaux. “Personne ne veut voyager seul, personne ne veut être seul– mais être seul avec quelqu’un apporte son lot de peurs – seul, mais ensemble, dans l’obscurité au sommet d’une montagne.”

Thomas Schütte, Thomas Schütte, Kristall II (Modell 1:1), 2014

Kristall II (Modell 1:1) est une version modifiée d’une sculpture créée en 2014 avec du cuivre et du bois. En faisant allusion à la forme cristalline de la meige et de la glace, la structure se présente de sorte qu’y entrer est aussi se trouver encadré en même temps que la sculpture elle-même fournit un cadre pour le paysage extérieur.

Tatiana Trouvé & Grace Hall, “You Are Here”, 2017.

L’expérience proposée dans la piscine publique vise à explorer l’inconnu dans une situation mystérieuse et dépaysante. Sous la surface de l’eau de la piscine publique les intonations des voix sont interrompues par la respiration des baigneurs, ceci dans le but de créer une poésie fragmentée par l’inspiration et l’expiration. Sous l’eau, nous sommes en transit dans un monde secret. Cependant, c’est un monde que l’on ne peut habiter que durant l’espace d’une respiration.

Michaël Borremans, “Rosa”, 2017.

La première sculpture monumentale de Michaël Borremans prend la forme d’une forme humaine fichée dans l’environnement vierge qui surplombe le mont Videmanette. La forme dérivée de la série de peintures Black Mould, à la fois sinistre et comique  semble tombée du ciel. “Chargée d’un contenu psychologique invisible, cette forme silencieuse reflète un paysage intérieur où se s’entremêlent et se heurtent foi, moralité et politique”.

Cecilia Bengolea, “Same same joy”, 2017.

Cecilia Bengolea utilise des techniques et des formes dérivées de son immersion récente dans l’art et la culture de la boxe thaï. Sa performance se déroule dans un environnement lumineux et d’images en mouvement projetées sur la neige. Ses chorégraphies intenses suggèrent une danse qui évoque le conflit entre le corps et la nature, entre l’invention et la tradition.

Superflex, “The Return of Pablo”, 2017. Capture d’image, collage, vidéo. © Superflex.

Le trio de d’artistes danois qui constitue Superflex s’intérese au au sort du gypaète barbu – l’espèce proche de la disparition dont des éléments se sont reétablis sur des pics des Diablerets. Ce fut le point de départ d’une sculpture tant orientée vers l’avenir que vers le passé. Pablo, l’oiseau identifié pour ce travail, est un dscendant direct du vautour qui a lancé une tortue sur la tête du poète grec Eschyle, engendrant ainsi l’idée de la tragédie. Créée par des artisans locaux, la sculpture revêt la forme d’une sorte de totem mêlant histoire, mythologie, ornithologie tout en représentant une ligne continue de la tragédie depuis la Grèce jusqu’aux Diablerets, d’Eschyle à Pablo lui-même.

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Publié dans art contemporain