La planification urbaine a eu sa part raisonnable de projets visant à encadrer les comportements humains dans la structure urbaine. Il suffit cependant d’un algorithme simple pour aborder la ville de façon imprévisible et générer des chemins sujets à des bifurcations étranges, par exemple celui de Wilfried Hou Je Bek : depuis l’endroit où vous vous trouvez, prenez la 2e à gauche, puis la 1ère à droite, et la 2ème à droite, et recommencez. Vous aborderez ainsi la promenade psycho-géographique qui est une approche systématique dirigée contre les images préconçues et les non remises en question des paysages, urbain ou rural. Elles créent activement les dispositions favorisant le hasard heureux : idées, vues merveilleuses, situations étranges, transvaluation sauvages, la psychologie humaine servie comme un vaudeville permanent, notes d’une musique à la mode s’échappant par les fenêtres ouvertes d’une voiture, idées soudaines dans le réseau mathématique des rues, inventions et invitations.
Les villes sont généreuses dans ce qu’elles offrent, mais la dimension de leur générosité est hors de notre portée, leur carte ne peut pas exprimer leur richesse, chaque portion de la ville a autant d’importance qu’une autre, et autant une grande partie de la totalité qu’une autre portion plus petite. Mais vous ne pouvez trouver cela en le cherchant. Certaines personnes sont incompatibles avec la psycho-géographie car il leur manque la capacité d’évoluer dans des situations ouvertes (non programmées) ; si vous ne vous êtes pas automatiquement demandé ce qui arrriverait en exécutant l’algorithme cité auparavant, vous faites partie de ces personnes. Chaque nouvelle tentative montre que chaque rue que l’on croyait connaître comme sa poche peut recéler d’intéressants goblins que nous n’avions pas remarqués.
La psycho-géographie utilise la marche non seulement parce que la lenteur du pas permet une étude approfondie de l’endroit où vous marchez, mais parce que le la marche est indispensable à la réflexion. Ceci était particulièrement connu de philosophes comme Aristote, et Henry Miller, un grand marcheur, le découvrit par hasard. C’est par de nombreuses rencontres aléatoires avec les gens qu’on lui avait appris à mépriser que Miller surmonta les préjugés raciaux qui lui avaient été inculqués.
La psycho-géographie est l’art de l’intervention, un mode de fiction urbaine dans le territoire des autres : l’architecture divinatoire, dans un langage formel qui se rapporte à la vitesse de l’imagination psycho-géographique. Il est question de provoquer quelque chose, pas un événement, mais quelque chose plus hors du temps, moins réduit par la gravité. Quelque chose que l’on dépeint après comme fantomatique pour le faire comprendre : atmosphères, associations, similitudes : d’abord en circuit fermé dans l’existence, ensuite laissé libre de se dérouler selon la logique du moment, adaptée à ses propres circonstances spatiales. D’après un texte de Wilfried Hou Je Bek. voir le texte complet.
Une tactique surréaliste pour découvrir la ville
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La question est: faut-il se munir d’une machine à coudre pour effectuer cet itinéraire? Et si oui, à quelle heure?