when the sun goes down and the moon comes up

Ugo Rondinone. Recréation imaginaire de l’appartement de Hodler. Toutes les photos : © Jacques Magnol.

L’artiste Ugo Rondinone a réalisé le troisième volet du cycle carte-blanche mis en oeuvre par le Musée d’art et d’histoire de Genève. C’est à voir jusqu’au 18 juin 2023.
Texte de Claude-Hubert Tatot –  English below

Ugo Rondinone au MAH. Photos @ Jacques Magnol.

Passé le grand cercle solaire qui ouvre l’exposition les hommes sont à droite, les femmes à gauche. Guerriers en armes peints plus grands que nature par Hodler, femmes nues, souvent allongées, de Vallotton. Rondinone pose les tableaux au sol sur des terrasses, adossés à d’étroites cimaises au dos desquelles sont accrochés leurs dessins préparatoires. Deux évocations d’intérieurs délicieusement chargés et éclectiques, vert pour Hodler, rouge pour Vallotton présentent objets et mobiliers des collections encyclopédiques. Ces mises en scènes facétieuses orchestrées par l’architecte Frédéric Jardin et Rondinone rejouent l’atelier d’un peintre pompier autant qu’un intérieur de Cocotte. Il s’agit d’une pure fiction, d’une mise en récit. D’un côté comme de l’autre ces faux appartements s’ouvrent sur les vraies toilettes du musée.

  • Ugo Rondinone. "the sun " (2017). Salle Espace rythmique. Ouverture.
  • Salle Espace rythmique. Dix piliers.
  • Salle Espace rythmique. Dix piliers.
  • Salle Espace rythmique. Cheminement. Recréation imaginaire de l'appartement de Hodler.
  • Salle Espace rythmique. Ciel ouvert.
  • Salle Espace rythmique. Ciel ouvert.
  • les dessins de Valentine, couchée mourante que Hodler a dessiné au quotidien.
  • Adam et Eve eux aussi gravés sur bois par Dürer ou sculptés par Rodo partagent la même salle que des horloges.
  • Ugo Rondinone. Une des "landscape sculptures) (2023). Salle Espace rythmique. Trois marches.
  • "the moon" (2022) sculpture argentée qui fait pendant à "the sun".
  • Espace rythmique. La cascade. Felix Vallotton.
  • Espace rythmique. Les cyprès. Recréation imaginaire de l'appartement de Vallotton.
  • Espace rythmique. Les cyprès. Recréation imaginaire de l'appartement de Vallotton.
  • Ugo Rondinone. Clown.

Rondinone fait également dialoguer ses propres œuvres avec celles de ces deux géants de la peinture Suisse. Des sculptures animalières en verre, petits chevaux bleus à moitié plein d’eaux de différentes mers en regard des paysages lacustres de Hodler partagent couleurs et partitions horizontales. Dans la salle des armures dont les vitrines et les drapeaux sont voilés de tulles noires c’est un clown, figure grotesque de mélancolie qui est étendu à même le sol, entouré de paysages et de bouquets de Vallotton.

Aux horizons succèdent les dessins de Valentine, couchée mourante que Hodler a dessiné au quotidien. Côté Vallotton c’est un grand cercle pareil au soleil de l’entrée mais argenté, un cercle de lune qui accompagne ses gravures sur bois, Les Intimités, estampes acérées sur la vie du couple bourgeois. Adam et Eve eux aussi gravés sur bois par Dürer ou sculptés par Rodo partagent la même salle que des horloges, soclées comme des sculptures. Ce simple rapprochement dit en raccourci le paradis perdu, nos vies soumises à la mort et le temps qui nous est compté. Les trois salles qui suivent sont chacune remplies d’une seule sculpture abstraite, monumentale, assemblage de formes géométriques issu du vocabulaire minimal mais floquées de terre.

Ugo Rondinone. Clown.

Sous couvert de contrastes forts et de choses simples, l’eau, la terre, la lumière, le soleil et la lune, les hommes et les femmes, la peinture et la sculpture Rondinone fait de cette exposition une véritable installation et propose de regarder autrement les choses. Les peintures sont au milieu des salles comme des sculptures avec au revers les dessins qui permettent d’en comprendre l’élaboration. Les horloges ont quitté les cheminées ou les commodes et sont elle aussi présentées comme des sculptures. Des objets sont comme cachés derrière des vitrines voilées et deux salles l’une lumineuse et colorée, l’autre sombre ne se découvrent qu’en passant devant une porte qui s’ouvre d’elle-même. Vrai bric-à-brac qui demande de l’attention pour aller au-delà d’une vue d’ensemble et entrer dans le détail, photo-montage d’une fausse intimité entre hommes et vraies mises en scènes se répondent. L’ensemble, véritable piège du regard laisse toute sa place au regardeur, l’engage joyeusement à tisser des liens et goûter au plaisir de voir.

Claude-Hubert Tatot

when the sun goes down and the moon comes up
Musée d’art et d’histoire. Genève.
Jusqu’au 18 juin 2023.

 

Ugo Rondinone has created the third installment of the carte-blanche series

Salle Espace rythmique. Cheminement. Recréation imaginaire de l’appartement de Hodler.

After passing through the large sun circle that opens the exhibition, men are to the right and women to the left. Warriors in armor, painted larger than life by Hodler, naked women, often reclining, by Vallotton. Rondinone places the paintings on the floor on terraces, leaning against narrow backboards on which their preparatory drawings are hung. Two evocations of delightfully eclectic and cluttered interiors, green for Hodler, red for Vallotton, present objects and furniture from encyclopedic collections. These playful stagings orchestrated by architect Frédéric Jardin and Rondinone replay the workshop of a pompier painter as much as a Cocotte interior. It is pure fiction, a narrative construction. On either side, these fake apartments open onto the museum’s real toilets.

  • Ugo Rondinone. "the sun " (2017). Salle Espace rythmique. Ouverture.
  • Salle Espace rythmique. Dix piliers.
  • Salle Espace rythmique. Dix piliers.
  • Salle Espace rythmique. Cheminement. Recréation imaginaire de l'appartement de Hodler.
  • Salle Espace rythmique. Ciel ouvert.
  • Salle Espace rythmique. Ciel ouvert.
  • les dessins de Valentine, couchée mourante que Hodler a dessiné au quotidien.
  • Adam et Eve eux aussi gravés sur bois par Dürer ou sculptés par Rodo partagent la même salle que des horloges.
  • Ugo Rondinone. Une des "landscape sculptures) (2023). Salle Espace rythmique. Trois marches.
  • "the moon" (2022) sculpture argentée qui fait pendant à "the sun".
  • Espace rythmique. La cascade. Felix Vallotton.
  • Espace rythmique. Les cyprès. Recréation imaginaire de l'appartement de Vallotton.
  • Espace rythmique. Les cyprès. Recréation imaginaire de l'appartement de Vallotton.
  • Ugo Rondinone. Clown.

Rondinone also makes his own works converse with those of these two giants of Swiss painting. Animal sculptures in glass, small blue horses half-filled with waters from different seas in front of Hodler’s lake landscapes share colors and horizontal partitions. In the armor room, whose display cases and flags are veiled in black tulle, a clown, a grotesque figure of melancholy, is lying on the ground, surrounded by Vallotton’s landscapes and bouquets.

Valentine’s dying drawings, which Hodler drew daily, succeed the horizons. On Vallotton’s side, there is a large circle, like the sun at the entrance but silver, a moon circle that accompanies his wood engravings, Intimacies, sharp prints on bourgeois couple’s lives. Adam and Eve, also wood-engraved by Dürer or sculpted by Rodo, share the same room as clocks, pedestal-like sculptures. This simple juxtaposition succinctly expresses the lost paradise, our lives subject to death and the time allotted to us. The next three rooms are each filled with a single abstract, monumental sculpture, an assemblage of geometric forms from minimal vocabulary but flocked with earth.

Under the guise of strong contrasts and simple things – water, earth, light, sun and moon, men and women, painting and sculpture – Rondinone turns this exhibition into a true installation and proposes a different way of looking at things. The paintings are in the middle of the rooms like sculptures, with the drawings on the back explaining their development. The clocks have left the chimneys or dressers and are also presented as sculptures. Objects are hidden behind veiled display cases and two rooms, one bright and colorful, the other dark, are only revealed by passing through a door that opens by itself. A real hodgepodge that requires attention to go beyond an overview and enter into detail, a photomontage of false intimacy between men and real stagings respond to each other. The whole thing, a real trap for the eye, leaves ample room for the viewer, joyfully engaging them to make connections and enjoy the pleasure of seeing.

Claude-Hubert Tatot.

when the sun goes down and the moon comes up
Musée d’art et d’histoire. Genève.
January, 26 – June, 18.

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