Vademecum à l’usage des habitués des théâtres

“En Angleterre les acteurs ont toujours joui d’une grande considération, tandis qu’en France ils étaient repoussés de la société.

Cette contradiction n’est que la suite d’une longue tradition: En Grèce, les acteurs étaient admis aux plus hautes fonctions et très considérés; à Rome, au contraire, celui qui montait sur un théâtre perdait ses droits de citoyen et était en quelque sorte entaché d’infamie.”

 

Dans sa dernière livraison, la bibliothèque numérique Gallica passe de l’autre côté du rideau rouge à la découverte des coulisses du théâtre, de ses personnages, ses codes et son lexique. Les ouvrages sélectionnés expliquent des expressions comme “Recevoir son morceau de sucre” (recevoir une salve d’applaudissements modérée à son entrée ou à sa sortie de scène) ou “Manger des côtelettes” (recevoir un tonnerre d’applaudissements.”  Ces définitions sont d’Alfred Bouchard qui publia en 1878:  “La langue théâtrale : vocabulaire historique, descriptif et anecdotique des termes et des choses du théâtre, suivi d’un appendice contenant la législation théâtrale en vigueur.”

Ces journaux littéraires qu’on ne lit jamais

Le “Dictionnaire des coulisses ou vademecum à l’usage des habitués des théâtres contenant une foule d’anecdotes et de révélations piquantes sur les acteurs, les actrices, les auteurs, les directeurs, les régisseurs et en général sur tout le personnel composant le monde dramatique” note, au rayon de l’absurde que  “les droits d’ancienneté au théâtre donnent gain de cause à une novice de cinquante hivers contre la fraîcheur et la gentillesse de dix-huit printemps”, à celui des abus l’on relevait “l’envahissement du parterre par deux cents claqueurs (note: aujourd’hui des invités facebook)”, mais l’achat des pièces par des bobos du XXIe siècle “qui veulent se faire passer pour auteurs afin de sembler hommes d’esprits dans un certain monde” ne choque plus.
La rubrique “analyses” reste, comme en 1832,  “la partie importante des journaux littéraires qu’on ne lit jamais”, tout comme “l’ancienneté est le seul mérite d’un grand nombre d’artistes”! Est-ce mieux du côté des conseils divers de fondations ou de lecture? “Rosambeau, entrant un jour dans le cabinet du directeur de l’Opéra-Comique, aperçut une rangée de bûches accolées à la muraille. “Pardon, dit-il en se retirant, je ne veux point déranger le comité de lecture”. Beaucoup de membres de comités de lectures sont tout-à-fait illettrés.” Les journalistes n’avaient pas meilleure presse qu’aujourd’hui puisque l’on peut lire à l’entrée “conscience”: “les journalistes en ont peu. Les hommes d’état n’en ont pas”.

Pour tout savoir sur les us et coutumes des coulisses théâtrales au 19e siècle, Nathalie Hersent, directrice des Collections du département Littérature et Art, à la Bibliothèque nationale de France, a recensé nombre d’ouvrages tels le Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s’y rattachent, La langue théâtrale : vocabulaire historique, descriptif et anecdotique des termes et des choses du théâtre et quelques ouvrages plus anecdotiques ou ironiques, tels L’IndiscretSouvenirs des coulisses, le Dictionnaire des coulisses ou vademecum à l’usage des habitués des théâtres et le Manuel des coulisses. Nous y trouvons une galerie de portraits des familiers de la salle et du foyer des artistes (habitués et journalistes) ainsi qu’une plongée dans le monde des coulisses, des cintres jusqu’au trou du souffleur. On y croise l’auteur, le correcteur, l’administrateur, le régisseur, le souffleur, l’habilleuse, le caissier, les médecins, sans oublier le garçon d’accessoires ni l’employé aux pelures d’orange …

A lire sur le blog de Gallica.

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