Pourquoi les jeunes sont-ils si peu nombreux à faire de la politique ?

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La Première Conférence mondiale des jeunes parlementaires se tiendra à Genève les 10 et 11 octobre 2014.

Tous les pays doivent mobiliser les jeunes dans la vie politique, pour le bien de la démocratie. Tel est le constat de l’Union interparlementaire (UIP).

L’UIP qui célèbre la Journée internationale de la démocratie le 15 septembre appelle à des mesures audacieuses et souhaite voir évoluer les mentalités pour que les jeunes du monde entier qui ne se sentent pas impliqués, voire qui ont le sentiment d’être tenus à l’écart puissent prendre part aux décisions politiques.

“C’est un cliché que de faire systématiquement le lien entre jeunesse et avenir. En fait, les jeunes ont le pouvoir de façonner non seulement l’avenir, mais aussi le présent”, déclare le Président de l’UIP, Abdelwahad Radi. “Pour autant, ils sont très peu représentés dans les sphères de décision politique, et cela doit changer.”

Les jeunes de 15 à 25 ans représentent 20 pour cent de la population mondiale, mais des recherches récentes de l’UIP ont montré que moins de deux pour cent des parlementaires avaient moins de 30 ans. Si l’on considère la tranche des 20-40 ans, ce chiffre atteint tout juste les 12 pour cent.

Dans la plupart des pays, il y a une différence entre l’âge requis pour voter et celui auquel on peut se présenter au suffrage des électeurs, ce qui a une incidence directe sur la représentativité du Parlement dans un pays où la population est jeune. Ainsi, dans la majorité des pays, le droit de vote s’acquiert à 18 ans, tandis qu’il faut avoir 22 ans pour pouvoir se porter candidat à des élections, et dans un tiers des pays, seuls les citoyens de 25 ans et plus sont éligibles.

Le taux de participation des jeunes aux élections donne lui aussi à réfléchir dans toutes les régions du monde. Quelle que soit la région, la participation des jeunes est soit en forte baisse depuis un certain nombre d’années, soit simplement faible, hormis dans quelques pays. En Afrique, 65 pour cent de la population a moins de 35 ans et l’âge moyen des parlementaires est plus bas qu’ailleurs. La situation est pourtant très préoccupante au vu du faible taux de participation des jeunes aux élections et aux mouvements réclamant un changement.

Si l’on impute en grande partie la baisse de participation aux élections à laquelle on assiste dans le monde entier depuis 1990, récemment, les jeunes ont pourtant été aux avant-postes de plusieurs grands mouvements visant à promouvoir la démocratie et à défendre les droits socio-économiques, notamment des manifestations qui ont été à l’origine du Printemps arabe. En outre, l’emploi qu’ils font des médias sociaux pour faire entendre leurs voix est un moteur de changement essentiel et de plus en plus puissant.

Pourtant, ils restent à la périphérie de la vie politique. Il est donc plus urgent que jamais d’engager une action concertée pour les faire entrer sur la scène politique.

L’UIP recommande une série de mesures pour favoriser la participation des jeunes à la politique. Elle préconise notamment un alignement de l’âge du droit de vote et de l’âge d’éligibilité, l’introduction de quotas de sièges parlementaires pour les jeunes et le renforcement de l’éducation civique et politique à l’école. De même, l’UIP considère que les partis politiques ont eux aussi un rôle essentiel à jouer. Ils peuvent en effet aller à la rencontre des jeunes, établir des quotas de jeunes sur leurs listes et prendre des mesures pour les associer à leurs décisions, ce qui contribuerait largement à faire progresser la participation des jeunes et rétablir la confiance des jeunes en la politique.  ;

Le Président Radi estime qu'”une démocratie digne de ce nom et porteuse de changement doit savoir mettre à profit le dynamisme des jeunes et tenir compte de leur vision du monde et de leurs convictions”. Pour lui, “la démocratie n’est rien si elle n’est pas l’expression de toutes les voix de la société”, ce à quoi il ajoute : “Nous devons faire le nécessaire pour qu’il y ait davantage de jeunes dans les partis politiques, dans les parlements et dans les gouvernements. Maintenant.”
L’augmentation du nombre de jeunes élus ou nommés récemment dans les gouvernements de pays tels que la France et l’Italie est un exemple positif.

L’UIP qui compte 164 Parlements membres a créé en 2013 un Forum des jeunes parlementaires, de façon à pouvoir bénéficier de la contribution des jeunes dans la prise de décision aux plans tant institutionnel que politique. Elle organise en outre la Première Conférence mondiale des jeunes parlementaires, qui se tiendra à Genève les 10 et 11 octobre 2014, avec le concours du Worldwide Support for Development, et qui permettra, elle l’espère, de trouver des moyens concrets de favoriser l’engagement des jeunes et leur participation à la vie politique. Ces deux initiatives c! onstituen t les premières étapes d’une action plus large de l’UIP à l’égard des jeunes et de la politique.

La Conférence se propose de recenser les moyens de stimuler l’engagement des jeunes et d’aider à définir l’agenda des jeunes en politique. Les thèmes suivants seront notamment abordés :

  • Pourquoi les jeunes parlementaires sont-ils si peu nombreux ?
  • Quels sont les obstacles rencontrés par les jeunes qui aspirent à faire de la politique et comment les surmonter ?
  • Les jeunes femmes subissent-elles une double discrimination en raison de leur âge et de leur sexe ?
  • Combien y a-t-il de jeunes parlementaires à l’heure actuelle ?
  • Comment faire pour ouvrir la politique et le Parlement aux jeunes ?
  • Comment faire pour que les mouvements de la jeunesse évoluent vers des programmes parlementaires et se transforment en partis politiques ?

Première Conférence mondiale des jeunes parlementaires

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Publié dans politique culturelle