Quand «automobile» rimera avec «qui se meut automatiquement»

Blade Runner

Blade Runner de Ridley Scott 1982

Par Alexandre Hurzeler.

La définition classique de l’automobile – véhicule se propulsant lui-même – pourrait dans un avenir proche être modifiée comme suit: véhicule se déplaçant de manière autonome. Si les voitures volantes et autres fictions n’ont toujours -ou encore- pas vu le jour, le contexte actuel (la pénurie des énergies fossiles, la densification urbaine, notre société de loisir et l’évolution technologique exponentielle) favorise l’arrivée d’un nouveau type de véhicule : léger, sécurisé, propre… et à  conduite autonome.

La course à  l’autonomie


Cela fait plus de trente ans aujourd’hui que des ingénieurs et militaires japonais, européens et américains développent leurs recherches dans le but d’obtenir un véhicule pouvant se déplacer sans conducteur. Le 3 novembre 2007, la DARPA , (Defense Advanced Research Projects Agency) l’agence américaine du développement à  la défense concluait un concours qu’elle avait lancé trois ans auparavant (Le concours, aujourd’hui terminé, avait pour but de stimuler la recherche dans le domaine, en ouvrant la réflexion aux industries privées et aux universités. C’est l’équipe de Carnegie Mellon University qui remporta la dernière édition). L’objectif donné aux candidats était de mettre au point un prototype de véhicule pouvant se déplacer sans aucun contrôle extérieur sur une certaine distance dans une durée impartie. Si la première édition du concours, doté d’un prix d’un million de dollars, s’est conclue par un fiasco (aucun concurrent n’ayant atteint la ligne d’arrivée), les éditions suivantes se sont révélées être des succès et des occasions d’innovations dans différents domaines (système de navigation GPS, modeleur 3D topographique en temps réel, logiciel de prise de décision).

Darpa Urban Challenge
Darpa Urban Challenge 2007

Sans les mains !


Au-delà  du développement de drones militaires, les avantages d’un véhicule autonome pour le grand public sont potentiellement nombreux. En Suisse, selon l’OFS on dénombre aujourd’hui en moyenne 400 personnes tuées dans un accident de la route par année – le chiffre dépasse le million dans le monde – source OMS). L’automatisation de l’ensemble du trafic routier permettrait à  long terme la disparition des causes principales d’accident. En effet, si les véhicules pouvaient communiquer entre eux, la fluidité du traffic s’en verrait améliorée en entraînant avec elle la disparition progressive des conducteurs à  risque. Mais la sécurité n’est pas le seul avantage, l’augmentation du temps libre d’un itinéraire à  l’autre ou durant la recherche d’un lieu de parcage en est un autre. D’un point de vue énergétique également (Ce nouveau type de véhicules apparaîtrait en parallèle au développement des voitures à  énergie non-fossile), on remarquerait une économie des temps de parcours par leur optimisation.

Darpa Urban Challenge 2007

Car on a stick» 2008, de Ross Lovegrove, prototype de voiture autonome/lampadaire urbain.

Vers un nouveau paysage


Suite à  une période inévitable de cohabitation avec des véhicules autonomes et manuels, l’automatisation des transports par les avantages précités deviendrait progressivement la norme. On assisterait alors à  une modification profonde du paysage routier: disparition des feux de signalisation et autres signes extérieurs visibles de circulation, construction de parking-tours totalement automatisés… De plus la notion de réseau privé/public, individuel/collectif s’en verrait inévitablement modifiée. Le transport collectif individualisé se muerait en réseau de voitures-taxis que chacun pourrait user à  sa guise; une sorte de co-voiturage à  grande l’échelle.
Avant d’en arriver là , de nombreuses améliorations technologiques et des modifications de comportements (entre autres le « lâcher-prise » du volant) seront encore nécessaires. Toutefois il n’est pas totalement illusoire de voir ce nouveau genre de transport parcourir nos routes dans la prochaine décennie.
Alexandre Hurzeler, architecte EPFL et membre fondateur d’ e-brid.org

Publié dans architecture et urbanisme, société