Projet lauréat de LAB, Marcel Lok + Berry Beuving Architects. Amsterdam
Décidemment les hollandais savent construire au bord de l’eau … Les lauréats, Marcel Lok et Berry Beuving, avec leur projet « natural transitions », en ont donné la preuve avec le rendu du concours Europan 9 pour le site de la pointe de la Jonction.
La proclamation des résultats de la 9ème session Europan marque la fin d’un processus. La richesse et la variété des idées présentes dans les 61 rendus concours monter l’étendue de ce qu’il est possible de faire. C’est aussi une base de discussion pour l’avenir.
Le projet Natural Transitions de Marcel Lok et Breey Beuving :
Points forts :
-
Une réponse cohérente et pertinente à la densification de la pointe de la Jonction qui en sauvegarde les qualités naturelles et paysagères.
-
Une parfaite compréhension de ce lieu énigmatique et poétique dévolu à la collectivité.
-
Une interpénétration progressive du bâti, côté ville vers des espaces verts arborisés, côté fleuve avec des aménagements publics exceptionnels.
-
Un grand potentiel d’accueil pour une mixité de fonctions, des logements aux équipements publics.
Commentaires du jury:
Ce projet s’est imposé au jury comme celui qui apporte la réponse la plus cohérente et pertinente à la question de savoir comment densifier la pointe de la Jonction tout en sauvegardant et renforçant ses qualités naturelles et paysagères indéniables.
Les auteurs du projet ont parfaitement compris les spécificités de ce lieu. Situé à l’opposé de la rade de Genève, entouré de falaises à la convergence de deux fleuves, cette parcelle du territoire genevois doit à la fois renforcer son rôle public, dévolu à la collectivité et
préserver un certain mystère et une espèce de « poésie rude » que lui confère la proximité immédiate des deux fleuves mêlant leurs eaux en un ballet sans cesse renouvelé.
La dissolution progressive du bâti vers le point de jonction des fleuves permet d’affirmer un nouvel espace public majeur tout en sauvegardant de grandes parcelles arborisées.
L’unité est assurée par une trame orthogonale qui prolonge le tissu urbain et qui met en à“uvre un enchaînement d’espaces publics, semi-publics et privatifs.
Cette continuité avec l’existant est aussi respectée dans le choix des « bâtiments à cour », dont les différentes tailles et les emplacements offrent un grand potentiel de fonctions, des logements aux équipements publics.
L’axe de liaison avec le Rond-Point de la Jonction aboutit sur une place centrale que ponctuent les bâtiments historiques – les ateliers Kugler et le bâtiment des TPG – et un nouveau bâtiment public exceptionnel. L’implantation de ces programmes représentatifs et le
dialogue entamé avec les bâtiments existants conservés sont à même de dynamiser la dimension urbaine du lieu tout en assurant une diversité d’appropriations et d’usages.
Très intéressant projet pour un très intéressant concours auquel j’ai également participé pour le site de Sion.
Je viens de lire ton article que j’ai bien apprécié, j’y retrouve des valeurs que j’aime bien.
J’ère ces temps ci dans ces zones de réflexions, et je retombe de manière récurrente sur un principe qui me semble fondateur: l’idée d’une mission de la collectivité de protéger ses tissus fragiles. En effet, le logement social ou le principe de lieux de production « alternatifs » pose en arrière plan la question de la place, non pas qu’on leur laisse (dans une logique de résidualité) mais qu’on leur réserve dans une logique de programmation.
En posant la question dans ces termes, on s’oblige à évaluer le coût, la valeur de ces lieux du « pas cher », ou du fragile. Quand on avait encore de la place, des résidus d’espace, un foncier plus ou moins incertain et fluctuant, des terrains vagues, des bâtiments plus ou moins décrépis, on pouvait encore faire l’économie de cette réflexion. Dans un foncier tendu, le marché prime et chasse logiquement ces fonctions vers un ailleurs très indéfini, comme il chasse les bistrots des rues basses. * La logique de la collectivité doit être celle d’un principe de régulation autre que la loi du plus fort. On a là un vrai défi, qui fait notamment partie des grands enjeux de planification comme le PAV, en mettant en place au plus tôt les mécanismes qui permettront de financer la place de ces fonctions fragiles par la plus value globale de l’opération….
* Sans faire de gauchisme bon marché, on peut même pousser l’idée plus loin, en se posant la question de la place laissée aux fragiles cyclistes dans le flot de circulation du pont du Mont Blanc ( je cherche encore à m’y imposer matin et soir , en street fighter casqué ganté et armuré ;-)) ou de la place que les cyclistes chassés du trafic laissent à leur tour aux piétons sur les trottoirs.