Le site La Chaux-de-Fonds/Le Locle est inscrit au Patrimoine mondial

vue du Locle

Le Locle, rue du Crêt-Vaillant © Villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle, A. Henchoz)

«La Chaux-de-Fonds/Le Locle, urbanisme horloger» inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO: c’est la mise en valeur exceptionnelle d’un patrimoine industriel.Une grande fête populaire a marqué samedi à  La Chaux-de-Fonds et au Locle l’inscription de l’urbanisme horloger de ces deux villes au Patrimoine mondial de l’UNESCO. La décision du Comité du Patrimoine mondial reconnaît ces deux villes comme un exemple exceptionnel d’un urbanisme industriel entièrement dédié à  l’horlogerie. « Longtemps méconnue, la valeur urbaine de ces villes construites par et pour des horlogers éclate au grand jour ! » se sont réjouis les responsables du dossier et les autorités des deux villes et du canton. La Suisse, pour sa part, s’associe à  cette liesse, heureuse aussi de constater que l’UNESCO a ainsi universellement reconnu le dixième site helvétique digne de figurer au Patrimoine mondial.

Sites de valeur
Pour la première fois, l’UNESCO reconnaît un site qui traduit l’histoire industrielle des XIXe et XXe siècle », souligne le directeur de l’Office fédéral de la culture Jean-Frédéric Jauslin. « La Chaux-de-Fonds/Le Locle, urbanisme horloger » est le septième site suisse inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2000, après les trois châteaux et les murailles de Bellinzone, la région Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn, le Monte San Giorgio, le vignoble de Lavaux, les Chemins de fer rhétiques dans les paysages de l’Albula et de la Bernina, et le haut-lieu tectonique Sardona. Quant à  la vieille ville de Berne, au monastère de Saint-Jean-des-soeurs à  Müstair et au couvent de Saint-Gall, ils ont célébré l’année passée les 25 ans de leur inscription à  l’UNESCO.

vue de la Chaux de Fonds

Vue aérienne de La Chaux-de-Fonds (© Villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle, A. Henchoz)

Dans les montagnes du Jura suisse, sur des terrains peu propices à  l’agriculture, ces deux villes voisines illustrent un développement urbain original qui reflète les besoins d’organisation rationnelle de la production horlogère. Planifiées au début du XIXème siècle, après trois grands incendies,  les villes sont entièrement destinées à  cette production.

Villes-manufactures
La Chaux-de-Fonds et Le Locle ont été construites par et pour des horlogers depuis la fin du XVIIIe siècle. La planification raisonnée, pragmatique et ouverte de l’espace urbain a favorisé durablement le développement de l’horlogerie, faisant fonctionner ces villes comme des manufactures. Les immeubles d’habitation, conçus pour le travail à  domicile, voisinent avec les maisons patronales, les ateliers et les usines plus récentes. La lumière, si nécessaire au travail horloger, a régi toute l’architecture (larges ou nombreuses fenêtres, hauteur et profondeur limitée des bâtiments). L’organisation des immeubles et les espaces qui les séparent, sur les versants des vallées, répondent aux mêmes critères de luminosité et de salubrité. Et d’un bout à  l’autre des villes se lit sur la trame urbaine l’évolution de l’horlogerie, d’abord artisanale, puis industrielle. Ce n’est pas l’aspect pittoresque des bâtiments qui est exceptionnel, mais leur identification à  l’horlogerie.

Un site protégé et géré
« Les réglementations communales, cantonales et fédérales garantissent déjà  la conservation des deux ensembles urbains, sans toutefois limiter leur développement et leur adaptation aux exigences de l’économie moderne » a souligné le chef de la candidature, l’architecte du patrimoine de La Chaux-de-Fonds Jean-Daniel Jeanneret. « Mais l’administration de proximité est apte à  donner rapidement les informations réglementaires ou techniques nécessaires pour poursuivre, en concertation avec les milieux de l’immobilier et de l’industrie, la gestion et la mise en valeur de ce patrimoine exceptionnel. »

Le site constitue un remarquable exemple de villes ordonnées par une activité mono-industrielle, bien conservées et toujours en activité. La planification urbaine des deux villes s’est adaptée au passage d’une production artisanale avec travail à  domicile à  une production manufacturière plus intégrée, avec les usines de la fin du XIXème et du XXème siècle.atelier

Atelier Zénith, vers 1910 (collection privée)

Reconnaissance d’une région
A travers le label UNESCO décerné à  ces deux villes, c’est toute la région de l’Arc jurassien, marquée aujourd’hui encore par l’horlogerie, qui est placée sous les projecteurs. Les autorités des deux villes et du canton l’ont d’ailleurs relevé dans leur propos saluant l’inscription. « Cette reconnaissance démontre que nos deux villes ont été créatives dans leur capacité à  générer des emplois pour leur population et celle de la région », a souligné le président de la Ville du Locle Denis de la Reussille. « Nos deux villes reçoivent ainsi un formidable encouragement à  jouer leur rôle fédérateur dans la région, pour continuer de valoriser des savoir-faire qui imprègnent tout l’Arc jurassien », a déclaré pour sa part le président de la Ville de La Chaux-de-Fonds Didier Berberat. Quant au président du Conseil d’Etat neuchâtelois Jean Studer, il a félicité et remercié les deux villes des Montagnes neuchâteloises pour cet honneur qui rejaillit sur l’ensemble du canton. « Le Conseil d’Etat est ainsi encore plus déterminé », a-t-il ajouté, « à  resserrer les liens de toutes les régions neuchâteloises pour que ce canton renforce ses capacités et offre à  sa population le bien-être que celle-ci mérite par son travail et sa créativité. »

Label catalyseur de projets
La reconnaissance de l’UNESCO pour l’urbanisme horloger de La Chaux-de-Fonds et du Locle constituera à  n’en pas douter un véritable catalyseur de projets privés et publics, d’initiatives et de progrès. Elle servira à  poursuivre la mise en valeur du patrimoine construit et de l’histoire économique et sociale qu’il traduit. Dans un premier temps, le label attirera l’attention d’un large public sur ces villes, et leurs visiteurs seront accompagnés dans la découverte du site. A La Chaux-de-Fonds, un espace tout spécialement dédié au patrimoine horloger présentera, à  la Halle aux enchères, la relation entre l’industrie horlogère et le développement de la ville. Au Locle, les visiteurs pourront également prendre connaissance de cette relation dans une présentation spécifique sise au Musée des beaux-arts. D’autres dynamiques seront encouragées, notamment pour renforcer l’intérêt des deux villes pour les marques horlogères, et pour favoriser des développements immobiliers intéressants et une hôtellerie plus attractive pour les touristes. Mais par dessus tout, c’est à  la population locale qu’il reviendra de s’approprier encore davantage les valeurs historiques et culturelles que manifeste cette inscription au Patrimoine mondial.

Une manifestation officielle pour la réception du label sera organisée dans ces villes le 6 novembre prochain, veille de la 3e Journée du patrimoine horloger.

Quand il analyse la division du travail dans Le Capital, Karl Marx prend comme exemple l’industrie horlogère du Jura suisse et invente à  propos de La Chaux-de-Fonds le terme de «ville-manufacture ».

Source: Office fédéral de la culture et UNESCO.

Plus d’informations

A part le site La Chaux-de-Fonds/Le Locle, 10 nouveaux sites culturels et 2 naturels ont été aussi été ajoutés à  la Liste du patrimoine mondial, 1 site a été retiré.
Sites naturels:
La mer des Wadden (Allemagne / Pays-Bas). Le site comprend l’Aire de conservation de la mer des Wadden néerlandaise et les Parcs nationaux allemands de la mer des Wadden de Basse-Saxe et Schleswig-Holstein. Cet écosystème tempéré de zones humides côtières est le fruit d’interactions particulièrement complexes entre des facteurs physiques et biologiques.
Les Dolomites (Italie). Cette chaîne de montagnes, située dans le nord des Alpes italiennes, compte 18 sommets de plus de 3000 mètres. Le site couvre 141 903 ha et constitue un des plus beaux paysages de montagne du monde, caractérisé par des murailles verticales, des falaises abruptes et une forte densité de vallées très étroites, longues et profondes.
Sites culturels inscrits :
Palais Stoclet
(Belgique). Le Palais a été conçu en 1905 à  la demande du banquier et collectionneur Adolphe Stoclet par l’un des chefs de file du mouvement artistique de la Sécession viennoise, l’architecte Josef Hoffman.
Ruines de Loropéni (Burkina Faso). Ce premier site burkinabé est bardé de hauts murs et s’étend sur 11 130 m2. C’est la mieux préservée des dix forteresses que compte la région du Lobi. Il s’inscrit aussi dans un ensemble plus large d’une centaine d’enceintes en pierre, reflétant la puissance du commerce transsaharien de l’or.
Cidade Velha, Centre historique de Ribeira Grande (Cap-Vert) La ville de Ribeira Grande, rebaptisée Cidade Velha à  la fin du XVIIIème siècle, a été la première ville coloniale construite par les Européens sous les tropiques.
Mont Wutai (Chine). Le Mont Wutai avec ses cinq plateaux est l’une des montagnes sacrées du bouddhisme. Ce paysage culturel compte 53 monastères, dont la grande salle orientale du temple de Foguang, le plus haut placé des édifices en bois de la dynastie Tang qui ait survécu, avec ses sculptures d’argile grandeur nature, et le temple de Shuxiang de la dynastie Ming. Les temples ont été construits depuis le 1er siècle apr. J.C et jusqu’au début du XXème siècle.
Tour d’Hercule (Espagne). Le Farum Brigantium, dénommé à  l’époque moderne la Tour d’Hercule, a été construit par les Romains à  la fin du 1er siècle après J.C. Situé à  l’entrée du port de la Corogne, ce phare monumental (55 m) est construit sur un rocher représentant déjà  une altitude de 57 m.
Système hydraulique historique de Shushtar (Iran). Ce chef d’oeuvre du génie créateur humain aurait été entrepris dès Darius le Grand, au Vème siècle av. J.-C. Il s’agit de deux grands canaux de dérivation des eaux de la rivière Kârun.
Montagne sacrée de Sulamain-Too (Kirghizstan). Le site domine le paysage de la vallée du Fergana et forme l’arrière-plan de la ville d’Osh, au croisement d’importantes routes de la soie d’Asie centrale. Pendant plus d’un millénaire et demi, Sulaiman-Too a été un phare pour les voyageurs, une montagne sacrée révérée par tous.
Ville sacrée de Caral-Supe (Pérou). Ce site archéologique qui s’étend sur 626 ha est situé sur un plateau désertique aride en surplomb de la verdoyante vallée de Supe. Il date de la période archaïque tardive des Andes centrales, il y a 5’000 ans, et il s’agit de la plus vieille cité de ce type aux Amériques.
Tombes royales de la dynastie Joseon (République de Corée). Cet ensemble de 40 tombes est réparti sur 18 sites différents. Les tombes royales ont été construites sur plus de 5 siècles, de 1408 à  1966.
Pont-canal et le canal de Pontcysyllte (Royaume-Uni). Situés au nord-est du pays de Galles, les 18 km du canal de Pontcysyllte représentent un exploit du génie civil de la Révolution industrielle. Achevé au début du XIXème siècle, le canal surmonte d’importantes difficultés géographiques».

Site désinscrit
Pour la deuxième fois dans l’histoire de la Convention du patrimoine mondial, adoptée en 1972 par l’UNESCO, un site a été retiré de la Liste du patrimoine mondial quand le Comité a décidé que la vallée de l’Elbe à  Dresde (Allemagne) n’a pas su conserver la valeur universelle exceptionnelle qui lui avait valu son inscription sur la Liste, suite à  la construction d’un pont à  quatre voies au cà“ur de ce paysage culturel.

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La décision sur la candidature L’oeuvre architecturale et urbaine de Le Corbusier au Patrimoine mondial de l’UNESCO est repoussée à  2010
Comme pour La Chaux-de-Fonds/Le Locle, urbanisme horloger, le Comité du patrimoine mondial a délibéré sur l’inscription de l’oeuvre de Le Corbusier sur la Liste du patrimoine mondial lors de sa 33e séance à  Séville. Il a décidé de repousser sa décision à  2010.

L’oeuvre de Le Corbusier est une candidature sérielle transnationale qui comprend 21 objets construits par Le Corbusier en France, en Suisse, en Argentine, en Belgique et en Allemagne et dont la réalisation a été dirigée par la France. Les contributions suisses à  cette série qui devrait représenter l’importance de Le Corbusier pour l’architecture moderne sont la Maison Blanche et la Villa Schwob à  La Chaux-de-Fonds, la Petite Maison à  Corseaux et l’Immeuble Clarté à  Genève.

L’ICOMOS (International Council on Monuments and Sites), l’organisation consultative de l’UNESCO, avait au préalable recommandé de rejeter le dossier sous sa forme actuelle au motif que l’oeuvre d’un architecte ne pouvait en principe pas être inscrite sur la Liste du patrimoine mondial en tant qu’objet de valeur universelle exceptionnelle.

Le Comité du patrimoine mondial n’a pas suivi cette recommandation. Selon lui, il ne manque au dossier que quelques éléments techniques qui une fois ajoutés permettront de représenter la candidature l’année prochaine. L’Office fédéral de la culture (OFC), en charge du dossier pour la Suisse, procédera aux ajouts nécessaires en collaboration avec les autres Etats. Berne, 27.06.2009.

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Publié dans patrimoine
Un commentaire pour “Le site La Chaux-de-Fonds/Le Locle est inscrit au Patrimoine mondial
  1. tarchini charles dit :

    Bonjour,

    Je trouve dommage que dans le changement de fenêtres sur les
    immeubles anciens, onts ne respecte pas le style des fenêtres
    anciennes avec les petits bois.Cela gache toute l’harmonie de
    l’immeubles et casse l’équilibre architectural.Heureusement
    sur certains de ces immeubles on respecte l’ancien style.

    Mais dans la majorités ce n’est hélas pas le cas et celoa détruit
    tout un patrimoine.

    Avec mes cordiale salutations.

    C.Tarchini