Le racisme, une pathologie qui affecte 24% de la population

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Le rapport sur les tendances racistes et discriminatoires en Suisse a permis de recenser les opinions racistes et discriminatoires de la population.

Sous l’égide du Service de lutte contre le racisme (SLR), l’institut de recherches gfs.bern a mis au point, entre 2010 et 2014, un instrument de monitorage de la cohabitation en Suisse. Appliqué dans le cadre de trois enquêtes représentatives, il a permis de recenser les opinions racistes et discriminatoires de la population.

Les trois enquêtes ont eu lieu en 2010, 2012 et 2014 sous la forme d’entretiens en face à face d’environ une heure réalisés avec 1000 Suisses et 700 étrangers à chaque édition. Elles visent à étudier la situation et l’évolution d’opinions racistes, xénophobes et hostiles à l’égard des musulmans et des juifs. Les affirmations correspondantes ont été regroupées en indices, ce qui permet de définir les opinions non pas sur la base d’une seule réponse, mais d’un groupe de réponses. Ainsi, une opinion n’est qualifiée de raciste ou d’antisémite que lorsque les affirmations correspondantes de la personne concernée sont systématiques et répétées.

Opinions racistes

Deux indices sont consacrés aux opinions racistes. L’un se rapporte au sentiment des personnes interrogées d’être gênées par des personnes en raison de leur couleur de peau, de leur langue, de leur religion ou de leur nationalité. Il s’élève à 5 % (2012), voire 6 % (2014) de la population. Le deuxième indice concerne le rejet de certains groupes de population en tant que voisins potentiels. Ce taux a diminué de 17 % (2010) à 8 % en 2012, avant de remonter à 13 % (2014).

Opinions antisémites

Les opinions antisémites ont pour leur part reculé de 15 % (2010, 2012) à 11 % (2014). Ce taux est resté stable même après la recrudescence des affirmations antisémites sur Internet à l’été 2014, comme l’a montré une enquête téléphonique supplémentaire destinée à tester la méthode utilisée.

Opinions hostiles à l’égard des musulmans

Les opinions hostiles à l’égard des musulmans ont notablement diminué au cours de la période sous revue, passant de 45 % en 2010
à 19 % en 2014. La défiance à l’égard de l’islam a enregistré quant à elle une baisse de 45 % à 33 %. Cette évolution pourrait s’expliquer par les discussions relatives à l’initiative contre la construction de minarets de novembre 2009.

En 2014, 24 % des personnes interrogées avaient une attitude systématiquement xénophobe. Elles étaient 30 % en 2010. L’importance
que revêt la nationalité de collègues de travail potentiels a connu pour sa part une augmentation de 18 % (2010) à 27 % (2014). L’enquête a montré que le rejet ainsi exprimé concerne plutôt les personnes issues de pays tiers (hors Union européenne).

Perception du racisme en tant que problème social

La majeure partie des personnes interrogées considèrent le racisme comme un problème de société « plutôt », voire « très sérieux ». A noter que le taux correspondant a reculé de 71 % en 2010 à 56 % en 2014. Dans le même temps, la perception positive de l’ampleur des mesures de politique sociale prises par les communes, les cantons et la Confédération pour lutter contre le racisme et la discrimination a augmenté de 50 % à 63 %.

Capacité d’intermédiation de la Suisse

Actuellement, 46 % des personnes interrogées (52 % en 2010) sont d’avis que l’on en fait trop peu pour expliquer aux étrangers les préoccupations des Suisses alors que 29 % trouvent qu’on en fait trop peu pour expliquer aux Suisses celles des étrangers.
Les personnes interrogées trouvent dans leur majorité que la Suisse fait « juste ce qu’il faut » pour intégrer les étrangers et seule une minorité d’entre elles trouvent qu’elle en fait trop (19 %), ou pas assez (22 %). Ces chiffres sont restés stables au cours de la période sous revue.

L’instrument de monitorage

Mis au point ces six dernières années dans le cadre d’un projet pilote de l’institut de recherches gfs.bern, l’instrument de monitorage repose sur un mandat du Conseil fédéral adressé en 2007 au Service de lutte contre le racisme (SLR). Un groupe de travail composé de représentants de cinq départements a encadré le projet. Les commissions extraparlementaires pour les questions de migration (CFM) et contre le racisme (CFR) ont également été associées.

Le Conseil fédéral a décidé, le 11 février 2015, d’introduire un monitorage sur le « vivre ensemble » en Suisse. Celui-ci sera réalisé tous les deux ans, à partir de 2016, par l’Office fédéral de la statistique (OFS) dans le cadre du recensement de la population.

Voir le rapport sur le site du DFI.

En France, Christiane Taubira, ministre française de la Justice, a dénoncé  les attaques racistes récurrentes dont elle est victime et qui constituent, selon elle, un danger pour la “cohésion sociale” de son pays. “Il faut rappeler que le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit”, martèle la garde des Sceaux. La ministre s”inquiète encore du peu de réactions suscitées par les propos racistes dans la classe politique, alors que la “société” est, selon elle, “ébranlée sur ces fondations. (…) J’ai reçu des soutiens* mais (…) les réactions n’ont pas été à la mesure”, regrette-t-elle. “Ce qui m’étonne le plus, c’est qu’il n’y a pas eu de belle et haute voix qui se soit levée pour alerter sur la dérive de la société française. […] C’est la cohésion sociale qui est mise à bas, l’histoire d’une nation qui est mise en cause. [Il] s’agit très clairement d’inhibitions qui disparaissent, de digues qui tombent.” Lire l’article sur Jeuneafrique.

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