Le prix artistique le mieux doté d’Europe est attribué à Pierre Huyghe

24 janvier. Pour la première fois, le prix artistique le mieux doté d’Europe, le Prix Roswitha Haftmann, est attribué à un Français. Le conseil de la Fondation Roswitha Haftmann a décidé d’attribuer ce prix, doté de 150 000 CHF, à Pierre Huyghe (*1962).
Dans ses installations et ses films, Pierre Huyghe joue sur différents niveaux de réalité: ce qui se présente de prime abord comme un arrangement aléatoire est en réalité une construction savamment réfléchie, qui fait beaucoup d’effet sur le spectateur malgré la simplicité de certains des moyens utilisés. En mettant en scène différents modèles d’interaction entre le public et son oeuvre, il crée, en un geste qui n’est pas sans rappeler celui d’un metteur en scène, des espaces et des mondes intermédiaires dans lesquels l’art et la vie ne font plus qu’un.
Jusqu’à présent, l’artiste a apporté une contribution essentielle à l’art contemporain, et ces derniers temps, son oeuvre prend une nouvelle envergure. Le conseil de la Fondation Roswitha Haftmann a donc décidé à l’unanimité de décerner le Prix Roswitha Haftmann 2013 à Pierre Huyghe.

Le lauréat et son oeuvre
Pierre Huyghe est né en 1962 à Paris. De 1982 à 1985, il a étudié à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Dès le milieu des années 1990, ses oeuvres étaient très demandées dans des expositions de groupe du monde entier. Après la France, l’Italie et la Suisse, les pays du nord de l’Europe et certains instituts des États-Unis ont commencé à s’intéresser à ce jeune artiste, et à lui consacrer des expositions personnelles. Aujourd’hui, les activités de Pierre Huyghe se déploient aux quatre coins du monde.
Au début de ses oeuvres, il y a souvent une intensification du potentiel dans un corps, une institution, une situation ou une entité biologique, dans un système ou un objet. Ses situations ‘live’, arrangées, n’en sont pas moins aléatoires et spéculatives. Il crée les conditions nécessaires pour que quelque chose apparaisse, sur le plan réel ou imaginaire, et ouvre la possibilité d’un processus de transformation qui affecte autant l’oeuvre que le spectateur. Il interroge l’essence de l’image, et considère l’exposition comme un medium en soi. Le jeu et la conversation constituent le coeur de son travail et de ses coopérations. En 2012, il a été invité à participer à la documenta 13, à Cassel. Plusieurs mois durant, il a mis au point une installation dans laquelle des plantes, des animaux, un être humain et des objets inanimés étaient abandonnés à eux-mêmes pour les 100 jours de l’exposition. Cette oeuvre, qui a soulevé d’intenses débats, a fait la une des journaux, et pas uniquement dans le monde de l’art.
En 2013, ses travaux seront présentés lors d’une grande exposition au Centre Pompidou (Paris), qui gagnera ensuite le Musée Ludwig (Cologne) puis le Los Angeles County Museum of Art.

Le Prix Roswitha Haftmann est le fruit d’une initiative de Roswitha Haftmann (1924-1998). Créé en 2001, il est décerné à des artistes vivants ayant produit une oeuvre de toute première importance. Les lauréats sont désignés par le conseil de la fondation, que préside Christophe Becker, directeur du Kunsthaus Zürich et membre du jury. Celui-ci est par ailleurs composé des directeurs du Kunstmuseum de Berne, du Kunstmuseum de Bâle et du Musée Ludwig de Cologne. En 2012, le conseil de fondation a nommé de nouveaux membres au jury: Karola Kraus (directrice du Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig de Vienne) et Bernhart Schwenk commissaire pour l’art contemporain à la Pinakothek der Moderne de Munich).

La remise aura lieu le 16 mai 2013 au Kunsthaus Zürich.

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