Le musée d’art contemporain face à la nécessité de sa réinvention

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Performance de Lady Gaga (piano de Damien Hirst) avec Francesco Vezzoli au gala du MOCA en 2009.

Se réinventer pour continuer d’exister. Tel est le défi auquel sont actuellement confrontés le Musée d’art contemporain de Los Angeles (MOCA) et… tous ses semblables.

Comment envisager l’avenir depuis que « l’utopie avant-gardiste s’est muée en mascarade mondaine et en divertissement touristique, estime Jean-Claude Moineau. Dans le meilleur des cas, l’art contemporain reste une offre culturelle parmi les autres, cherchant à préserver son originalité dans les zones protégées des musées et événements internationaux ».
Le mode d’existence des œuvres d’art, les nouveaux moyens et techniques de production, les conditions de production et de réception, tout concourt à transformer la physionomie de notre culture et donc à remettre en question le modèle des lieux dédiés à sa mise en valeur.

Culture savante contre pop culture

Le 23 juillet 2013, Jeffrey Deitch, 63 ans, directeur du MOCA, musée dont la collection d’œuvres de l’après seconde guerre mondiale compte parmi les plus importantes du monde, a annoncé sa démission.  L’ancien marchand avait été nommé trois ans plus tôt pour sauver un musée au bord de la faillite suite à sept années plombées par des achats extravagants d’œuvres contemporaines et de méga-expositions dispendieuses. Qualifié d’incompétent par le conseil d’administration, ce management n’en avait pas moins été avalisé par le même conseil, une situation étrange si l’on relève que les membres de ce conseil sont principalement des hommes d’affaires milliardaires. La chute globale du marché de l’art en 2008-2009 aurait porté l’estocade finale si un apport de 30 millions de dollars par le principal donateur, Eli Broad, un magnat de l’immobilier âgé de 80 ans, n’avait remis l’institution à flot.

La reconnaissance dont bénéficiaient les expositions du musée californien dans le monde de la culture académique ne s’étendait pas à celle du public. Mené par Eli Broad, le comité imagina son salut solution radical avec une direction plus ouverte à la pop culture. C’est alors que Jeffrey Deitch, le marchand célèbre  qui avait fait ses preuves dans le domaine en associant dans sa galerie de New York les présentations d’art contemporain, les concerts de musique pop et autres modes d’expression, fut nommé pour « rechercher, expérimenter des relations intéressantes entre les arts visuels et la pop culture », mais son idée que la haute culture et la pop culture ont fusionné au point de n’en faire qu’une, a alarmé les factions conservatrices du métier très attachées à la séparation rigoureuse entre cultures savante et populaire.

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