“Habemus Papam”, de Nanni Moretti. 2011.
Après l’attaque d’un groupe catholique intégriste français contre une oeuvre de l’artiste Andres Serrano, c’est au tour de tout un pan conservateur de l’Eglise italienne de se soulever contre le réalisateur Nanni Moretti, l’auteur du film Habemus Papam.
Tour à tour qualifié d'”instrument de Satan”, “malade mental” ou “personnage méprisable” par plusieurs évêques de la péninsule, le cinéaste est surtout accusé d’avoir “analysé le pape à la lumière de visions psychanalytiques”. Il n’en fallait pas plus pour que Gerardo Pierro, archevêque de Salerne – ville ou fut fondée la première université non religieuse à la fin du XIe siècle – remarque (cité par L’Espresso le 18 avril) que si ce genre de film était sorti dans un pays musulman “les islamistes auraient certainement incendié le cinéma ou tenté de tuer le cinéaste pour cause de blasphème. Je crois que beaucoup tentent de profiter de la traditionnelle bienveillance des catholiques qui est souvent prise pour de la faiblesse”. L’appel à la violence est on ne peut plus clair, mais pourquoi stigmatiser les musulmans? Les intégristes catholiques ont ouvert la voie bien avant les caricatures danoises de Mahomet. A Nantes, en février 1985, des intégristes ont manifesté devant le cinéma qui diffusait le film de Godard « Je vous salue Marie » (doc Ina), puis en octobre 1988, ce fut l’attentat perpétré par un groupe intégriste catholique, rattaché à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, qui incendia le cinéma St-Michel pour protester contre la projection du film La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese. Cet attentat fit treize blessés dont quatre graves. (doc Ina).
Jacques Magnol
Lire la suite: Moretti et Serrano irritent les droites.
[…] Lire dans GenèveActive: L’appel au crime de l’archevêque de Salerne […]