La réponse du berger … ne s’est pas faite attendre !
Après la déclaration du Conseil administratif au sujet de l’affiche de l’UDC qui a choqué tant de Genvevois et de touristes, le Bureau de l’intégration des étrangers rappelle les dangers qu’engendre un tel appel la discrimination.
Le 23 août, le Conseil administratif a condamné avec force la démarche de l’UDC, « qui se veut une fois de plus provocatrice, en traitant un grave problème de société – la sécurité – de manière caricaturale et réductrice. Le Conseil administratif désapprouve fermement cette argumentation simpliste qui consiste à véhiculer systématiquement une image génératrice d’intolérance et d’exclusion. Il comprend les nombreuses et légitimes réactions de la population qui s’insurge contre cette nouvelle dérive de l’UDC. »
Vivement préoccupé par cette situation, le Conseil administratif a tenu à « réaffirmer son attachement indéfectible aux valeurs liées au respect des minorités et de la diversité culturelle. » » A en croire les graffitis qui les « enrichissent » chaque jour un peu plus, à entendre ou lire les retombées médiatiques qu’elles engendrent, les affiches, imposantes et provocantes, d’un parti politique proposant aux habitants de notre pays « plus de sécurité », avec pour finalité d’inviter les citoyens suisses à signer l’initiative fédérale « Pour le renvoi des étrangers criminels », agite l’esprit des Genevois.
Si le Bureau de l’intégration des étrangers (BIE) n’a pas à se substituer à la justice quant au caractère présumé discriminatoire, xénophobe, voire raciste avancé par certains au sujet de l’affiche incriminée, ni à empêcher un débat politique autour de la délinquance d’une partie de la population, fusse-t-elle étrangère, il lui appartient en revanche de rendre attentif tout un chacun des effets négatifs de ces affiches sur l’intégration des personnes migrantes dans notre canton.
En effet, l’image choisie, violente et simple, accompagnée du texte laconique « Pour plus de sécurité », incite à penser que les étrangers (plus particulièrement les étrangers reconnaissables à la couleur de leur peau), sans faire allusion au fait qu’ils soient criminels ou non, sont indésirables en Suisse et par conséquent doivent en être expulsés.
Le BIE craint beaucoup des conséquences, immédiates ou à long terme, de ce message simpliste, donc dangereux, et notamment :
1. l’instauration d’un climat de méfiance, de suspicion et de peur entre catégories de populations (jeunes, aînés, nationalités, religions, etc.), entre communauté d’accueil et personnes migrantes ;
2. l’incitation à la haine, à l’affrontement violent, à la confrontation (certains messages subséquents inscrits sur les affiches en donnent un avant-goût effrayant…) ;
3. l’amplification du malaise, certes réel, d’une petite partie des ressortissants étrangers qui, ne trouvant pas leur place dans la société, sont amenés à commettre des délits ; ce phénomène relève plus de leur situation sociale souvent précaire que de leur origine et doit être traité comme tel ;
4. la dégradation de l’image d’une Suisse que chacun veut accueillante, humaine et humanitaire, sans pour autant être une Suisse permissive : l’appareil légal prévoit des sanctions pour les criminels, suisses ou étrangers, et même l’expulsion pour ceux-ci (art.68 L Etr annexé) ;
5. la justification et le renforcement de groupes d’extrême droite ou fascistes, avec toutes les conséquences possibles : montée de l’identitarisme, du communautarisme, des affrontement entre « bandes », etc. ; à ce propos précisément, le BIE est particulièrement préoccupé de l’influence du message très explicite de l’affiche sur les jeunes ;
6. la mise à mal des efforts de toutes celles et de tous ceux qui, de la communauté d’accueil, tout au long de l’année, souvent bénévolement, oeuvrent à l’intégration par l’éducation, la formation, la culture, le sport, en résumé oeuvrent au « mieux vivre ensemble » à Genève et en Suisse, et cela dans les quartiers, les communes, les associations, les clubs de sports, les familles, etc.
7. et enfin, la mise à mal des efforts des étrangers qui ont la volonté de s’intégrer malgré les difficultés et les obstacles se trouvant sur leur route.
Annexe : extrait Loi fédérale sur les étrangers (L Etr) »