“La lutte contre la violence, le terrorisme, n’a pas de sens.” La Déclaration de Fribourg veut inciter les États à  respecter la diversité culturelle

La violence naît de l’humiliation, qu’elle soit pratiquée de façon intrafamiliale, dans le cas de viols ou de diverses formes d’oppression, ou dans un but politique, par exemple lors de la construction de murs destinés à  séparer des communautés, à  Bagdad ou en Palestine par exemple, ou bien l’humiliation qu’entraîne la non reconnaissance des minorités.Par définition, les droits culturels sont les droits d’une personne, seule ou en commun, de choisir et d’exprimer librement son identité culturelle, d’accéder aux ressources qui sont nécessaires à  son processus d’identification. Selon les initiateurs de la Déclaration de Fribourg présentée ce mardi devant l’Assemblée de l’ONU à  Genève, un des aspects primordiaux du respect des droits culturels des communautés est d’engendrer la sécurité par la compréhension, premier pas vers la tolérance. Notant que la plupart des situations de violence dans le monde ont pour origine des problèmes culturels, la Déclaration de Fribourg veut inciter les États à  prendre en compte la diversité culturelle
Le professeur Patrice Meyer-Bisch, de l’institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme à  l’Université de Fribourg estime que “nous vivons dans un monde extrêmement dangereux et la situation s’aggrave soir par méconnaissance des droits culturels, soit par volonté de méconnaître ces droits”. Les initiateurs de la Déclaration de Fribourg remarquent que la communauté internationale a, depuis quinze ans, fait de grands progrès pour arriver à  considérer l’existence de catégories sociales différentes ayant chacune leurs besoins spécifiques. Ces besoins font peur aux états quand surgit la crainte de la fin de l’Etat nation, ou que germent les vélléités d’autodétermination.

Photo: Taïeb Baccouche, Président de l’Instinct arabe des droits de l’homme, Tunis; Rodolfo Stavenhagen, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des peuples autochtones, Mexique; Christian Courtis, Expert de la Commission Internationale des Juristes (CY), Argentine; Patrice Meyer-Bisch
Coordonnateur de l’Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de Moitinie, et de la Chaire UNESCO pour les droits de l’homme et de la démocratie, Université
de Fribourg, et initiateur de l’Observatoire.

Pour le professeur Patrice Meyer-Bisch, le domaine culturel devrait être considéré avant tous les autres secteurs tant il est porteur de cohésion sociale, malheureusement ce n’est que le dernier volet considéré : “La diversité culturelle était comprise comme un obstacle et un frein à  l’universalité et au progrès. Depuis l’adoption de la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle en 2001, et de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, en 2005, la diversité est comprise au contraire comme une ressource à  préserver. C’est le vivier de l’universalité.
L’Enjeu en philosophie politique : Restaurer la centralité de la culture en politique : Les individus veulent être libres de prendre part à  la société sans avoir à  se détacher des biens culturels qu’ils ont choisis. C’est une idée simple, mais considérée profondément perturbatrice par le PNUD.
Pourquoi le Rapport du PNUD déclare-t-il que cette idée est perturbatrice ? Elle prend de face l’affaiblissement progressif de l’État qui, non seulement se trouve soumis aux pressions conjuguées de la mondialisation et de l’autonomisation des acteurs privés, mais doit reconnaître aussi que sa prétention à  la neutralité culturelle – ou au monoculturalisme national, ce qui revient au même – est battue en brèche. La conception démocratique de l’Etat doit aujourd’hui se départir de l’illusion selon laquelle la construction démocratique, comme la science, serait au-delà  des cultures, dans un univers pur qui serait celui de la raison. Nous devons prendre aujourd’hui la pleine mesure des critiques qui ont été faites à  l’égard de cette conception neutre de l’« Etat libéral », le « ré-enculturer » retrouver et développer les sources et les ressources de sa culture démocratique, réhabiliter leur diversité.”

Le groupe de travail international est appelé « groupe de Fribourg », car il est organisé à  partir de l’Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme de l’Université de Fribourg, en Suisse. Issu d’un large débat avec des acteurs d’origines et de statuts très variés, cette Déclaration est confiée aux personnes, aux communautés, aux institutions et organisations qui entendent participer au développement des droits, libertés et responsabilités qu’elle énonce.
La Déclaration de Fribourg sur les droits culturels est le fruit d’un travail de 20 ans d’un groupe international d’experts, connu sous le nom “groupe de Fribourg”, pour sa série unique et ininterrompue de publications, depuis un premier colloque en 1991: “Les droits culturels, une catégorie sous-développée de droits de l’homme”. Un projet de déclaration avait été co-édité, avec son commentaire article par article, en 1998 avec l’UNESCO. La version actuelle se présente comme un texte issu de “la société civile”, amélioré grâce au travail de nombreux observateurs de divers continents, réunis dans l’Observatoire de la diversité et des droits culturels, lié à  l’Organisation Internationale de la Francophonie et à  l’UNESCO. Soutenue déjà  par une plate forme d’ ONG, un certain nombre de chaires UNESCO de par le monde et beaucoup d’ Institutions partenaires, la déclaration catalyse un important mouvement pour promouvoir – analyser et faire connaître – la protection de la diversité et des droits culturels au sein du système des droits de l’homme.

Lire le texte de la Déclaration de Fribourg.

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