Ingrid Mocquard montre pour la première fois un important travail photographique qui témoigne de sa passion pour l’observation de la nature dans son intimité, en suivre les variations de luminosité ou saisir au bon moment les mouvements des animaux, mais surtout la plénitude de sens qui l’habite.
D’un abord agréable, spontané et efficace, Ingrid se considère autant comme une photographe de la nature que l’observatrice de ses signes qui se laissent deviner en creux dans les interstices des formes, dans la subtilité de couleurs au service des sentiments qu’elle veut transposer sans tricher car « une bonne photo, précise-t-elle, c’est d’abord une image qui n’a pas été vue auparavant, qui respecte la nature et n’a pas été trafiquée au moyen d’un quelconque logiciel. » Elle n’éprouve pas non plus le besoin de justifier ses images. De toute évidence, ses photographies doivent parler d’elles-mêmes et le commentaire est inutile si ce n’est pour donner quelques indications, préciser le lieu ou l’atmosphère qui ont déclenché le désir d’en fixer l’empreinte pour la partager : « Pour moi, le désir de partage est l’élément déclencheur ».
La solitude, l’intensité, le silence
Ingrid Mocquard s’émerveille quand elle parle de la région genevoise « 0ù je profite de l’extrême diversité qu’offre la situation géographique. Le lac, la montagne, la campagne et surtout le passage des saisons qui les transforme. cette diversité lance un véritable appel à arpenter les vignes en automne, à s’équiper d’une solide combinaison pour passer des heures dans les paysages glacés sur le Salève et les bords du lacs. J’aime les saisons. » Et les thèmes choisis suivent leur rythme.
Si Ingrid ne fait pas de distinction thématique dans sa démarche photographique, certains sont privilégiés comme ceux des oiseaux, l’eau, la glace et les fleurs. Cependant, à chaque fois les sujets choisis signifieraient peu de choses si leur traitement ne constituait pas la tentative de restitution d’un certain regard à un moment précis. L’opération consiste en l’exploitation visuelle de phénomènes naturels, puis à focaliser son attention sur un détail, souvent anodin dans son apparence, pour le présenter dans son mystère aux yeux de ceux qui vont le regarder. Prenons l’image de cette barque remarquée au bord du fleuve, voilà qui constitue un bon exemple de ce qui se produit quand l’artiste se concentre sur un détail. Il en découle plusieurs propriétés de la photographie : la solitude, l’intensité, le silence.
Regardons, cette fois, l’architecture éphémère fruit du travail conjugué de l’eau et du vent qui a soufflé sur le Léman lors d’un récent hiver particulièrement rigoureux. Ingrid fixa alors des impressions originales que l’on pourrait longuement regarder sans parvenir à s’en libérer, et ceci pour la simple raison que la pureté et la puissance mystérieuse qui en émanent les rendent profondément mystérieuses. Nous pouvons aussi les comparer avec d’autres formes déjà vues et enfouies dans notre mémoire, mais c’est bien leur charge mystérieuse qui les fait « durer » dans notre esprit et incite à les contempler sans fin et « rêver ».
Jacques Magnol
C’est encore enfant qu’Ingrid Mocquard a découvert la photo lorsqu’elle reçut un appareil en cadeau. Aujourd’hui, à l’aube de la trentaine, elle s’y consacre totalement avec une prédilection pour l’exploration de la nature et l’observation quasi sportive de la faune. L’exposition à Vésenaz est une de ses premières révélations publiques.
Ingrid Mocquard – Photographies
Vernissage : Jeudi 18 mai 2017, dès 18h.
Exposition du 18 au 28 mai 2017 : AIA – Architectes SA
47, route de Thonon. 1222 Vésenaz
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