Kernel, la dernière création de Cindy Van Acker propose un étonnant voyage dans la Black Box du Grütli.


Kernel, conception et chorégraphie Cindy Van Acker. Photo : I. Meister.

Le décor n’existe pas dans Kernel, le décor est la situation, cet espace où les danseuses se mélangent dans la scène, flottent parmi les spectateurs dans une sorte de confrontation douce qu’atténue un subtil effet de distanciation. C’est plus à  vivre et à  ressentir qu’à  voir dans la Black Box du Théâtre du Grütli. à€ ne pas manquer.

Entretien avec Cindy Van Acker:

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du 4 au 16 juin 2007, à  20h, sauf jeudi à  19h, relâche le dimanche 10 juin 2007.
Inteprétation Tamara Bacci, Perrine Valli et Cindy Van Acker.
lumières Luc Gendroz; composition sonore Mika Vainio (Pan Sonic) en live sur scène.
production Cie Greffe et le Théâtre du Grütli.

Kernel, conception et chorégraphie Cindy Van Acker. Photo : I. Meister.

Notes de la chorégraphe à  propos de Kernel :

Kernel n’a pas sa place dans un lieu où le rapport au public est frontal. Ce n’est pas tant pour condamner celui-ci, mais en réponse au projet lui-même. L’espace de recherche étant un espace mental sans limite, il en découle qu’on invite le public à  partager ce même espace avec les repères qui nous auront accompagnés tout au long du travail. L’explosion de l’espace concret émane de mon besoin d’un lieu crucial, d’un environnement de création qui n’a pas de solutions au préalable (prescrite), où l’on peut faire des choix et inventer en amont. (…)
L’étendue du ciel dans l’espace du noyau, Kernel.
Reconnaître presque à  l’aveugle la partition de l’autre. Un chà“ur de trois femmes. Comment ces trois corps distincts peuvent-ils se lier, s’écouter, être un, au point de pouvoir se partager une phrase de mouvement ou même un seul mouvement, comme si ces trois corps n’était qu’un. Comment l’une attaque le mouvement, l’autre le poursuit et la troisième le finit tandis que l’autre amorce déjà  ailleurs, poursuit la phrase et se fait relayer par les deux autres avant de danser toutes ensemble la prochaine… Une partition globale sur laquelle s’inscrit une partition propre à  chaque danseuse qui fragmente la première.

Un travail d’écoute extrême et de connaissance de l’autre.

Naviguer entre le concret de la loi de la gravitation, avec laquelle on instaure un jeu coquet de résistance et de lâcher prise et l’espace mental dans lequel on découvre des sensations inconnues pour aller vers un nouveau langage. Que se passe t-il lorsqu’on lâche la volonté d’être debout ? Et depuis le sol, comment on trouve la verticalité ? Comment se meut-on dans un espace (imaginaire) qui n’a pas de fin ? Quelle qualité de mouvements émerge ? Une partie de la recherche du langage se fera ensemble avec les danseuses, pour que chacune puisse retrouver une part d’elle-même dans la partition et que chacune puisse faire le travail d’appropriation du langage de l’autre. (…) Cindy Van Acker
Cindy Van Acker
De formation classique, Cindy Van Acker a d’abord dansé en Belgique dans le Ballet Royal de Flandres. C’est en rejoignant plus tard celui du Grand Théâtre de Genève qu’elle fait de la Suisse sa nouvelle résidence. Très tôt intéressée par les champs d’expérimentations qu’offre la danse contemporaine, elle devient l’interprète reconnue de chorégraphes comme Philippe Saire, Laura Tanner, Noemi Lapzeson, Estelle Héritier et Myriam Gourfink.

Elle crée ses propres pièces dès 1994 mais démarre véritablement une carrière internationale avec Corps 00:00, en 2002. Ce solo, qui se concevait comme une exploration systématique des jeux d’influences entre le mental et le physique, greffait au corps organique des mouvements provoqués par les impulsions électriques d’une machine. C’est ce procédé et ce thème de recherche qu’elle a développés dans son deuxième solo Balk 00:49, en 2003. En prélude à  “Balk”, elle présente la même année Fractie, solo conçu comme cinq variations d’une étude sur les rapports entre l’espace, le mouvement et le son qui s’imposent comme une pièce à  part entière. La genevoise Tamara Bacci en est désormais l’interprète privilégiée. En 2005, avec Pneuma 02:05, qu’elle dédicace à  Myriam Gourfink, Cindy Van Acker présente sa première pièce de groupe, conçue pour 8 performers; une oeuvre lunaire composée d’images hypnotiques, créée au festival Lignes de Corps à  Valenciennes. Toujours en 2005, elle est choisie pour représenter la Suisse à  la Biennale de Venise où elle présente Corps 00:00. Elle offre à  cette occasion la reprise du rôle à  Perrine Valli, qui en est aujourd’hui la principale interprète. En juin 2006 est créée au Théâtre du Galpon “Puits”, poésie sonore chorégraphiée, mêlant sons anatomiques et questionnement sur l’origine de la parole, fruit de sa collaboration avec Vincent Barras et Jacques Demierre. Puits est interprété par Perrine Valli, que l’on retrouvera également aux côtés de Tamara Bacci et Cindy Van Acker dans le trio Kernel.

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