Il est obligatoire de se défendre quand la religion empiète sur les questions sociales et politiques


Art_Spiegelman
Art Spiegelman. © Wikipedia.

L’artiste états-unien Art Spiegelman a critiqué les médias de son pays qui n’ont pas publié de dessins de Charlie Hebdo. « J’estime que c’est trop hypocrite de hisser le drapeau de la liberté d’expression et de se censurer au point que les lecteurs ne peuvent comprendre ce qui est en jeu. La caricature de Mahomet, qui date de 2006, ne se moquait pas du prophète, elle condamnait les croyants qui voulaient assassiner. » Aux Etats-Unis des médias tels le New York Times, CNN, NBC, Associated Press ont choisi de ne pas publier de dessins du magazine.

Le critique du New Yorker, Adam Gopnik, rappelle que les caricaturistes de Charlie Hebdo « oeuvrent dans la ligne d’une tradition française qui s’est développée au XIXe siècle lors d’une longue guérilla entre les partisans de la République, ceux de l’Eglise et ceux de la monarchie. »

Art Spiegelman, cité par The Hyperallergic, estime que les journaux qui ont justifié leur choix de ne pas publier les dessins en arguant de principes éditoriaux souffrent d’un « zèle mega-fanatique » de politiquement correct. « Quand la religion empiète sur les questions sociales et politiques, il est obligatoire de se défendre. »

 

« La religion doit faire l’objet de satire », affirme Salman Rushdie

rushdie1
Salman Rushdie. Photo Wikipedia.

En réaction à l’attentat dirigé contre la rédaction du magazine satirique Charlie Hebdo, à Paris, le 7 janvier, l’écrivain Salman Rushdie a publié sur Twitter la réaction suivante :
« La religion, cette forme médiévale de déraison, lorsqu’elle est combinée avec l’armement moderne, devient une véritable menace à nos libertés. Ce totalitarisme religieux a causé une mutation meurtrière dans le cœur de l’islam et nous en voyons les tragiques conséquences à Paris aujourd’hui. J’appuie Charlie Hebdo comme nous devons tous le faire, pour défendre l’art de la satire qui a toujours été une force pour la liberté contre la tyrannie, la malhonnêteté et la stupidité. « Le respect pour la religion » est devenu une phrase code signifiant « la peur de la religion ». La religion, comme toutes les autres idées, doit faire l’objet de critique, de satire et, oui, mérite que nous lui manquions de respect sans avoir peur. »

Salman Rushdie avait fait l’objet d’une fatwa lancée par l’ayatollah Khomeini, le 14 février 1989, suite à la parution de son roman Les versets sataniques. Celle-ci a été levée dix ans plus tard.

Lire: Rassemblement silencieux à Genève en signe de solidarité avec Charlie Hebdo. 8 janvier 2015.

Tagués avec : , ,
Publié dans société