Vue de l’atelier de Tito Honegger à Genève.
Tito Honegger et Jacques Jouet se sont rencontrés en 2003 à la faveur d’un livre. L’idée consistait à mettre en lien un artiste avec un spécialiste d’un autre domaine afin qu’il éclaire ce travail plastique de son point de vue et avec ses outils. Jacques Jouet, écrivain et poète, s’est prêté à ce jeu de miroirs en mettant des textes en regard des objets de Tito Honegger. Dans l’ouvrage « Optitoh » (2004), qui rime avec Oulipo, des vues d’atelier et des photographies d’objets et de sculptures mises en page par l’artiste documentent douze ans de son travail de volumes et entrent en résonnance avec les poèmes et dialogues de Jacques Jouet.
La collaboration s’est poursuivie avec d’autres ouvrages : un second, « Un énorme exercice » (2008) puis un troisième, « Montagneaux » (2012) mettent en lien les monotypes de Tito Honegger et les textes de Jacques Jouet. Là encore il ne s’agit ni d’illustration ni de légende ou de commentaire mais d’un partage des impressions et des tâches, de mots donnés et mis en œuvre qui viennent s’inscrire dans la page.
Ces mots repris et travaillés font aussi l’objet de sculptures et se déploient dans l’espace. Déjà en 2008 à la Villa Bernasconi Tito Honegger et Jacques Jouet exposaient le fruit de leurs collaborations, monotypes et mots sculptés, poèmes et jeux de mots mis en volumes.
Travaillant avec des procédés similaires, Tito Honegger expose d’autres mots à la BNF à Paris dans l’exposition « Oulipo, la littérature en jeu(x) ». D’ « Oulipo » au gros P rouge posé sur une petite étagère, au « Potentiel implore, explore » tricoté en passant par « Rêve » planté au mur et au palindrome qui court au sommet, le mur de la cage de l’escalier est rythmé par ces mots-objets et ces sculptures de mots. Renouant avec une tradition de grands décors, Tito Honegger habite cet endroit ingrat, qui a la vertu de l’entre-deux, ni totalement dehors ni totalement dedans. De même ses objets-sculptures sont le fruit d’un processus collaboratif : les mots sont ceux de Jacques Jouet, elle leur donne du volume et du corps par l’entremise de fil de fer qu’elle tord en lettres, qu’elle plante au mur ou qu’elle assemble entre elles à plat façon cote de maille. Présents depuis longtemps dans son travail, les tricotages et les grillages hérissés prennent cette fois naissance dans le texte.
Le déroulement du long palindrome en haut de l’escalier, du texte plus dense au départ, le travail sur le jeu d’ombres projetées font de cet assemblage une installation in situ jouant sur les mots et qui a du sens et du caractère.
Réunion de l’Oulipo du mardi 23 septembre 1975 dans le jardin de François Le Lionnais Assis de g à d : Italo Calvino, Harry Mathews, François Le Lionnais, Raymond Queneau, Jean Queval, Claude Berge ; debout, de gauche à droite : Paul Fournel, Michèle Métail, Luc Etienne, Georges Perec, Marcel Bénabou, Paul Braffort, Jean Lescure, Jacques Duchateau. BnF, Arsenal.
Exposition
Oulipo, la littérature en jeu(x)
18 novembre 2014 au 15 février 2015
Bibliothèque de l’Arsenal 1, rue de Sully – Paris 4e
Du mardi au dimanche 12h > 19h – Fermé lundi et jours fériés – Entrée libre.
Montagneaux, poèmes de Jacques Jouet, monotypes de Tito Honegger, Edition art&fiction, Lausanne 2012.
un énorme exercice poèmes de Jacques Jouet, monotypes de Tito Honegger, Edition Art et Fiction, Lausanne, 2008.
OPTITOH, Objets : 1991-2003, textes de : Jacques Jouet, Françoise Ninghetto. Editions Quiquandquoi, Genève 2004.