Échange chorégraphique

Affiche
“The Making of Spectacles”
témoigne d’une veine tout à  la fois explicative, réflexive, autoparodique, évolutive et participative qui fait palpiter les créations de Foofwa d’Imobilité. « Trois propositions chorégraphiques de huit minutes chacune sont d’abord présentées au public, précise le chorégraphe et danseur. Ainsi The Making of Visions met au jour l’univers de la fabrication culturelle d’une oeuvre pour le plateau, The Making of Artifices aborde l’usage et la déconstruction des illusions théâtrales et The Making of Love se focalise sur la collaboration entre interprètes et spectateurs. Relativement à  la pulsion du souffle, il me paraissait juste de recourir d’entrée de jeu à  une partition convoquant la voix comme moteur rythmique, où se mêlent humour, poésie et drame, en même temps que le mouvement. Il est également intéressant de réaliser des trajets différents, contrastés grâce au même matériel de base. Proposer ainsi des variations sur le même patron, de trouver l’expression, l’expressivité de diverses façons. Partant du même terreau de mouvements, nous dévoilons trois variantes. Le public élit ensuite à  la majorité sa partie préférée. Enfin, nous construisons et travaillons la proposition élue. »

Entretien avec Foofwa d’Immobilité

Nouveau langage chorégraphique et interactif

Pour les interprètes, le défi est d’être là , chacun avec ce qu’il est, avec une manière d’être entre les choses, entre la danse et la voix, entre le langage parlé et le chant, entre danser et ne pas danser. Voyez Isabelle Rigat qui semble répondre à  ce que danser avec l’invisible signifierait. Le déploiement de son corps, comme une araignée d’eau à  la surface de l’onde, donne à  sa danse une qualité liquide, fluide. Cette animalité qui se rencontre chez les quatre interprètes, peut prendre les formes les plus variées, migrant de l’onirisme au récréatif, avec une dose infime mais nécessaire de psychédélisme et d’esprit pop. Au menu aussi d’une novlangue marquée par une un phrasé singulier, des éclats de pièces dues à  Shakespeare (“Richard III”) et Ibsen (“Hedda Gabler”), dont il n’est retenu dans la profération que les voyelles ou les consonnes.

Bertrand Tappolet

The Making of Spectacles, Salle des Eaux-Vives, Genève. Jusqu’au 7 juin. Rés. : 022 320 06 06.

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