Les marionnettes de Neville Tranter, pour adultes seulement

Cuniculus

Neville Tranter dans “Cuniculus”

Pour démarrer la saison, le directeur des Marionnettes de Genève n’a pas craint la concurrence de l’art contemporain qui, le même soir, réunissait tous les branchés entre la Place Neuve et le quartier des Bains le 17 septembre 2009. Guy Jutard a même fait le plein avec la pièce de Neville Tranter, Cuniculus, où l’on voit des petits lapins volontiers lubriques tenter de survivre sous la surface d’un monde dévasté. Une pièce qui alterne tendresse, humour et férocité.  Cette saison, l’art des marionnettes s’adresse donc aussi aux adultes avec des histoires féroces comme Cuniculus ou Les enchaînés qui mettra prochainement en scène du Guignol de la contre-info pour raconter l’histoire du pot de terre du théâtre de marionnettes contre le pot de fer des médias de masse…

Entretien avec Guy Jutard, par Jacques Magnol

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Cuniculus, de Neville Tranter, comédien et marionnettiste australien installé aux Pays-Bas. Du 18 au 22 septembre 2009. Théâtre des Marionnettes de Genève. L’histoire Les lapins ne sont pas nécessairement des animaux mignons et gentils. Qu’en est-il de l’homme ? Imaginez un terrier, un abri. Dehors le monde a bien changé ! Dans un avenir non précisé, la terre est sauvage, déserte et toxique. Au cà“ur de cet univers de ténèbres, champ de batailles pour adultes qui s’affrontent, vivent ou plutôt survivent les lapins, avec leurs petit. Là  dans le ventre d’une terre malmenée et balafrée, ils respirent un air de souffre, là , ils mangent, rongent, ronflent et s’allongent ensemble pour mélanger leurs odeurs. Dans ce monde, vit un homme qui pense obstinément, viscéralement, être un lapin.

Neville Tranter : “Veinée d’une noire ironie, la pièce est aussi une forme de théâtre de la catastrophe proche d’Edward Bond ou de Samuel Beckett. « Cuniculus » mêle un homo sapiens qui se croit lapinou et que j’interprète à  une tribu de lapins soumise à  une menace imaginaire et réel tout à  la fois. Sans temporalité précise, voici donc un huis clos dans un univers troglodyte. Des personnages de lapins sortis d’un autre âge organisés en petite communauté, avec ses rites, son culte des ancêtres, dont la figure paternelle ayant résisté huit secondes à  l’avancée d’une colonne de blindés, ses légendes, terreurs et questionnements liés à  la disette. Mais également au monde de la surface, au fantastique et à  l’affrontement d’autres créatures évoluant, elles sur la croûte terrestre : les humains. Le lapin a également l’avantage, à  mes yeux, de permettre une création de marionnettes éminemment expressives, jouant notamment sur les regards brillant de mille feux tels des diamants et donnant une profondeur et un relief proprement sidérants à  leurs présence et expression.”

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