« Le fantasme de l’échec », Sur la scène de St-Gervais : Fred Bremeersch et Véronique Bettencourt.
Dans l’esprit du documentaire mais sous la forme d’une comédie musicale et fantaisiste, un divertissement prosopographique selon sa définition, Véronique Bettencourt aborde la question de la force qui mène l’artiste à créer quelque soit la réception dont bénéficie, ou souffre, son oeuvre.
Le spectacle d’une rare intensité, présenté au Théâtre St-Gervais, questionne la notion d’échec et de réussite au sein du milieu artistique. D’où vient cette idée qu’une vie est représentée comme une ligne droite dont la valeur ne peut être appréciée qu’en terme de réussite ou d’échec ?
Véronique Bettencourt a projeté son double, Solange Dulac, dans une aventure qui voit des artistes « qui marchent plus ou moins mais continuent de créer ». Si la metteure en scène pose surtout des questions, elle a retiré de ses rencontres l’impression que la volonté de création « est un souffle sans lequel ils ne respirent plus. »
Solange incarne un certain acharnement, sorte de Don Quichotte et de son improbable quête, au résultat fragile comme de toute vérité. Elle pense qu’en allant voir les autres elle en saura un peu plus sur cette question qui l’accable depuis qu’elle a décidé de faire partie de la course elle aussi.
Entretien avec Véronique Bettencourt
« J’ai choisi d’aller voir des artistes écrivains, gens de théâtre, peintres, musiciens, cinéastes, vivant différemment : les uns de subventions, d’autres de travaux alimentaires, certains de leurs rentes, d’autres (parfois) de leur art! Je veux vérifier cette intuition : que la réussite, le succès n’est peut être pas le seul, l’unique moteur. Je veux me rassurer peut être aussi.
Je mobilise le documentaire, la fiction, la sociologie et la chanson pour mettre en scène cette recherche ; mélange des genres dans lequel je me retrouve formidablement et qui me permet une certaine distance et d’aborder de façon joueuse des sujets assez graves si l’on veut bien. »
« Le fantasme de l’échec », Sur la scène de St-Gervais : Véronique Bettencourt et Jean-Christophe Vermot-Gauchy.
Dans la vie, il y a ceux qui ont du succès. Et puis les autres.
Personne n’échapperait à l’impitoyable dualisme ? Pourtant, si on en croit le nombre de peintres, d’écrivains, de musiciens ou de gens de théâtre qui n’obtiennent jamais la reconnaissance souhaitée mais continuent tout de même de créer, c’est qu’il doit y avoir autre chose…
Jean-Luc Godard dit ceci « Je m’étonne que mon nom soit connu alors que mes films sont peu vus ou peu connus ( … ) mon drame c’est que je suis connu mais que je ne suis pas reconnu … »
Qu’en est-il au juste de ce drame, qui peut prendre aussi parfois des allures comiques, et de son étendue ?
– La réussite, l’échec quand on a fait le choix de l’art.
– La reconnaissance, devenir riche et célèbre ?
– Laisser quelque chose derrière soi après sa mort ?
– Comment vivre de son art ?
– Comment continuer à en vivre?
– Pourquoi coninuer sinon?
– Vivre ici plutôt qu’ailleurs ?
– La réussite, le succès ?
Le fantasme de l’échec
Véronique Bettencourt / Cie Fenil Hirsute
Théâtre St-Gervais. Genève.
10 au 21 mars 2015
Appel à participation
A l’occasion de cet événement, Philippe Macasdar et Jacques Magnol proposent aux artistes, gens de théâtre, peintres, écrivains, cinéastes, musiciens, etc., plus ou moins bien placés sur l’échelle convenue de la réussite, de partager leurs réflexions voir les détails en une à dix lignes ou plus à :
forums (at) geneveactive.ch
Lire les premières réponses et écouter le dialogue entre Caroline Gasser et Mathieu Bertholet.