Comédie : La Fondation d’art dramatique se défend d’un quelconque copinage

projet nouvelle comédie

Projet lauréat pour une Nouvelle Comédie. Image LUXIGON.

Visiblement affecté par plusieurs déclarations du conseiller d’Etat Charles Beer, ainsi que par les doutes relayés par les médias à  propos du processus de désignation de la nouvelle direction de la Comédie, c’est entouré de son Conseil de fondation que Bernard Paillard a tenu a rappeler que la FAD qu’il préside fait son travail en toute indépendance et de manière irréprochable, ceci bien que l’Etat se soit désolidarisé du processus.

Le 3 mai 2010, cinq candidats restaient en lice, de nouvelles auditions auront lieu en mai et le nom du lauréat (au masculin car il n’y a plus que des candidats) sera annoncé à  la mi-juin. Pour Bernard Paillard, “la diversité de la composition du Conseil assure l’impossibilité du copinage dont elle est entre autres mensongèrement accusée”:

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Ecouter la suite du plaidoyer de Bernard Paillard :

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Patrice Mugny, le conseiller administratif en charge de de la Culture voit dans les critiques adressées à  la FAD une tentative de déstabilisation d’une structure qui a été approuvée par le peuple :

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Peu avant la fin du mois de mars 2010, Charles Beer, le conseiller d’Etat en charge du département de l’instruction publique (DIP), exprimait au micro d’une radio locale son inquiétude face au processus de sélection des candidats à  la direction de la Comédie en 2011. La sortie du magistrat ne suscita pas de réaction de la part de la Ville et pas plus de la (FAD) qui gère les théâtres de la Comédie et du Poche. C’est finalement une interview du patron du DIP dans Genève Hebdo (financé en partie par la Ville!) un hebdomadaire local “genre Voici” ” le qualificatif vient du député Pierre Losio ” qui a suscité le courroux de la FAD et sa convocation des journalistes pour une mise au point.

Du côté des journalistes, rares étaient ceux qui avaient eu vent de l’article tandis que les autres n’avaient jamais eu le magazine en question entre les mains. Au moins avons nous appris quel genre de support choisissent certains responsables politiques pour s’exprimer ou pour s’informer. Ces responsables politiques et les acteurs culturels ont une parfaite connaissance de leur microcosme et de son champ de rivalités, d’ambitions, d’où partent les coups bas qu’il leur appartient de gérer. La direction du projet et de l’institution attisent les convoitises et suscitent des tentatives d’instrumentalisation, soit la routine.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les journalistes tentent de percer les secrets d’un processus de sélection ou de connaître avant l’heure le nom d’un lauréat, pensons au fameux exemple d’Alain Ayache, journaliste qui s’était caché en 1958 – à l’âge de  22 ans – dans un placard de la salle à  manger du restaurant Drouant pour espionner les délibérations du Prix Goncourt !

Le point qui émerge de cette polémique, et qui semble le plus intéressant, est que selon le journal Le Temps c’est à  Lausanne que “se trouve une des principales scènes suisses.” Le rayonnement de Genève n’est pas proportionnel à  l’effort financier fait en faveur de la scène culturelle.
Mais il ne se construit qu’une Comédie par siècle et le lauréat aura la tâche ardue de défendre le projet et le mener à  bien, ceci tout en assumant la direction artistique de l’institution. Comme nous l’écrivions à  propos de la précédente mise au point de la FAD, c’est sur la capacité à  proposer une culture contemporaine pertinente que se fait aujourd’hui la différence entre les capitales européennes en termes d’image et d’attractivité. C’est dans cet esprit que les critères de choix, le processus de sélection, la vision politique et la vision de la FAD nous intéressent, mais sur ces sujets, pas de débat, pas de fuites, c’est bien ce qui inquiète.
Lors de la présentation de la prochaine saison de la Comédie, il fut officiellement déclaré que “la présence de la danse dans un théâtre est une question car un théâtre est pour développer l’art dramatique”. Une telle déclaration, en 2010, est proprement dramatique et elle soulèverait une autre inquiétude si elle était partagée par la FAD.
Les avis de Matthias Langhoff “la situation théâtrale s’améliorera lorsque des comédiens hors-pair viendront travailler à  Genève’ et d’un candidat malheureux à  la Comédie “Il faut créer un souffle qui emporte la vie intellectuelle d’une ville” sont plus que jamais d’actualité.

Jacques Magnol

Publié dans théâtre