Expositions à Genève en octobre

Pat Andrea, Kunst-Theorie – Galerie Sonia Zannettacci

Coup de projecteur sur les expos à voir à Genève cet automne :

Le Prix de la Société des Arts de Genève 2025 distingue l’artiste Shirana Shahbazi

Shirana Shahbazi, Disruptions-01, 2025, lithographie 4 couleurs, 120 x 160 cm. Photo J.M.

L’œuvre de la photographe Shirana Shahbazi se caractérise par une approche conceptuelle exigeante qui interroge les fondements mêmes de la photographie. Sa pratique explore les dualités inhérentes au médium : sa précision documentaire, capable de représenter fidèlement le réel, et sa capacité à saisir l’éphémère ou à engendrer des constructions entièrement imaginées. Lire la suite de l’article…

Du 19 septembre au 18 octobre.
Société des Arts de Genève
Palais de l’Athénée. Rue de l’Athénée 2. Genève.

Pat Andrea – La visite surprise

Pat Andrea, Les Courtisanes, 2020. Caséine et huile/toile, 150 x 200-cm. Photo © Steve Lauper & Yves Géant

Pat Andrea développe une œuvre singulière où érotisme, violence et fragilité s’entrelacent. Ses peintures et dessins montrent des personnages nus enfermés dans des huis clos géométriques – chambres, escaliers – où se jouent des drames intimes. Les figures féminines dominent, tour à tour séductrices, cruelles, terrifiées ou enfantines, tandis que les figures masculines apparaissent plus vulnérables, hésitantes, souvent spectatrices ou dominées. Cette tension des rapports de force nourrit un univers contrasté, entre désir et effroi, tendresse et brutalité. Derrière les couleurs vives et l’ironie latente se révèlent des métamorphoses étranges, des gestes suspendus, une violence sourde. La présence récurrente du chien accentue l’étrangeté. Pat Andrea propose ainsi une vision figurative alternative, poétique et déroutante, qui révèle l’envers du quotidien. (J.M.)

Pat Andrea – La visite surprise
17 septembre au 1er novembre 2025
Sonia Zanettacci
4, rue Henri Fazy / 16, rue des Granges. Genève

 

Les choses que l’on garde

Jean-Baptiste Bonjour, « Italienne en costume », huile, vers 1950. David Hominal, « Détail », 2015. Photo : J.M.

À la Villa Bernasconi, Jérémie Gindre travaille les mots et les choses. Ni didactique, ni autoritaire, ni spectaculaire, il a l’élégance de laisser assez d’espace aux visiteurs et visiteuses pour se raconter leurs histoires et choisir ce qu’ils garderont de ces choses vues. Anaïs Wenger, à trois reprises, déplacera en sac à dos des peintures de paysages rangées dans le vestiaire des choses que l’on promène sur les lieux qu’ils représentent travaillant ainsi avec les visiteurs et visiteuses sur le motif. Lire la suite de l’article de Claude-Hubert Tatot…

Choses que l’on garde
8 0ctobre au 7 décembre 2025
Villa Bernasconi
Route du Grand-Lancy 8
Grand-Lancy

 

Anjesa Dellova – Finding Words, Fighting Words

Anjesa Dellova, Individu II, 2025. Huile/toile. 90 x 110 cm. Photo: Tristan Savoy

Anjesa Dellova puise dans l’héritage photographique des Marubi, dynastie albanaise ayant documenté avec intensité la société et ses bouleversements. De cette tension entre objectivité anthropologique et mise en scène, l’artiste extrait une réflexion sur l’identité, fragmentée, recomposée, toujours en translation. Sa série Finding Words, Fighting Words interroge la dissolution de l’individu au sein de récits collectifs, tout en inscrivant la complexité culturelle albanaise dans le corps de la peinture. Dans ses compositions, trois niveaux se distinguent : visages et regards, vecteurs d’émotions ; vêtements et textures, espaces d’expérimentation picturale ; zones blanches, silence de la toile. (J.M.)

Anjesa Dellova – Finding Words, Fighting Words
11 Septembre – 8 Novembre 2025
Galerie Fabienne Levy. Rue des Vieux-Grenadiers 2, Genève

 

Ulrik Abé – Les mots des maux

« Les Mots des Maux » d’Ulrik Abé est une exposition intime où chaque toile devient le miroir des états psychologiques traversés par l’artiste. Les portraits texturés au café reflètent émotions, étapes de vie et expériences personnelles, tandis que les auréoles inspirées des symboles Adinkra apportent une dimension philosophique et mémorielle, évoquant sagesse et valeurs ancestrales. L’exposition établit un dialogue sensible avec la musique : chaque œuvre est accompagnée de compositions créées par ses amis musiciens, donnant naissance à un album éponyme. Cette rencontre entre arts visuels et sonores invite le spectateur à une expérience immersive et sensorielle, où la santé mentale, la mémoire, l’identité et l’héritage culturel se répondent, révélant la profondeur et la résilience de l’humain à travers l’art. (J.M.)

Les mots des mots
25 septembre au 8 novembre
Filariques Gallery
Bd Georges-Fazy 18
Genève

 

Axelle Snakkers – À Corps

Axelle Snakkers, Photo Raphaelle_Mueller.

Axelle Snakkers construit une œuvre où peinture, métal et lumière se rencontrent dans une recherche sensible sur le temps et la mémoire. Le monde végétal, en particulier les frondaisons, nourrit son imaginaire : cercles récurrents et couleurs franches – rouge, jaune, vert – évoquent désir, vitalité organique et émergence des formes. Le processus pictural est physique et exigeant : couches d’huile déposées, grattées, poncées, parfois vernies, laissant toujours affleurer l’aluminium nu. Ce support réfléchissant capte la lumière du jour et ses infimes variations crépusculaires, transformant l’œuvre en paysage changeant, à la fois concret et onirique. Plus qu’une simple surface, la peinture devient un espace en tension entre opacité et transparence, profondeur et reflet. Cette pratique abstraite, marquée par la radicalité, engage le spectateur dans une expérience active : marcher autour des œuvres, les voir se métamorphoser selon l’angle et l’éclairage, c’est participer à une déambulation à la fois physique et spirituelle. (J.M.)

Axelle Snakkers – À Corps
17 septembre 18 octobre 2025
andata.ritorno, 37 rue du Stand. Genève

 

Pablo Reinoso

Xippas Genève. Pablo Reinoso. Photo : Galerie Xippas.

Avec Desenmarcado, Pablo Reinoso interroge le cadre, non plus comme contour, mais comme point de départ. Deux rectangles évidés, reliés par des lignes de bois sculpté, se déploient dans l’espace : le cadre n’enferme plus, il respire. Dans ce geste, on retrouve une mémoire baroque — l’élan des sculptures du Bernin — mais transposée dans une logique contemporaine : non plus explosion mais infiltration, croissance silencieuse. Reinoso invente le verbe « dé-cadrer » : retirer la limite, transformer le signe en espace.
Comme Fontana lacérant la toile pour ouvrir l’espace, il fait du cadre une expérience perceptive. Ce déplacement s’inscrit dans une démarche plus large où bancs, chaises ou arbres se libèrent de leur fonction pour devenir lignes sculpturales. Dans les Trees, branches de bronze et courbes de laiton recomposent une nature imaginaire. Au-delà des références, l’enjeu est phénoménologique : l’œuvre engage le corps, le regard en mouvement, la mémoire sensorielle. Chez Reinoso, l’accessoire devient sujet, l’usage s’efface devant la forme, et l’espace lui-même devient matière. (J.M.)

Pablo Reinoso
18 septembre au 1er novembre
Galerie Xippas, rue des Sablons 6, Genève.

 

Hans Kupelwieser – Rudolf Polanszky

Hans Kupelwieser, Ohne Titel, 2024. Aluminium, anodised, 105 x 197 x 25 cm. Photo J.M.

Hans Kupelwieser s’est imposé comme une figure majeure de la sculpture autrichienne contemporaine en développant une approche originale du matériau et de la forme. Entre deux et trois dimensions, il expérimente avec l’aluminium, le plastique, la céramique ou le papier, interrogeant leurs propriétés physiques autant que symboliques. Ses reliefs et sculptures, souvent réalisés avec une économie de moyens, déploient une rigueur formelle où se glissent hasard contrôlé, jeu de surfaces et répétitions rythmiques. Polies, mates, tranchantes ou réfléchissantes, ces matières révèlent une poétique inattendue, déstabilisant la perception du familier. Kupelwieser construit ainsi un langage sculptural singulier, à la fois précis et ouvert, entre recherche expérimentale et poésie visuelle. Ses œuvres, présentes dans de nombreuses collections publiques et privées, témoignent d’une contribution décisive à l’évolution de la sculpture post-moderne, affirmant une position indépendante dans le paysage artistique autrichien et international. (J.M.)

Hans Kupelwieser – Rudolf Polanszky
18 septembre au 8 novembre 2025
Galerie Mezzanin, Karin Handlbauer
63, rue des Maraîchers, Genève

 

Benoît Mazzer – Épouser la matière

Benoit Mazzer, Rassembler, 2023. Acrylique et peinture à l’huile/toile, 200 x 255 cm.

Benoît Mazzer développe une peinture née d’une expérience de crête, équilibre précaire entre vide et matière, où lignes, ruptures et éclats de couleurs révèlent des figures à la fois tangibles et inquiétantes. Marqué par une enfance tourmentée et sans ancrage, l’artiste inscrit dans ses toiles les échos de voyages intérieurs et de paysages mémoriels.
Sa pratique, urgente et intuitive, multiplie les dimensions sur une même surface, tissant un univers pictural proche du multivers, où l’inconscient et le hasard guident la composition. Fasciné par Rubens, d’abord jugé excessif puis source d’inspiration majeure, Mazzer intègre des silhouettes et tensions baroques, mêlant immobilité et vitalité. Ses œuvres, traversées de créatures spectrales ou telluriques, convoquent une nature ambivalente, destructrice autant que créatrice. Porté par la méditation et la philosophie védantique, il transforme la rage initiale en quête spirituelle. Épouser la Matière invite ainsi à une immersion dans cette tension entre menace, beauté et absolu. (J.M.)

Benoît Mazzer: Épouser la matière
17 septembre au 7 novembre
Olivier Varenne. 37-39 rue des Bains, Genève

Hermine Weerdmeester – Something is wrong with her dog

Hermine Weerdmeester, Something is wrong with her dog, 2024. Huile/toile, 35 x 27 cm. Photo J.M.

Dans Something is wrong with her dog, Hermine Weerdmeester puise dans ses souvenirs d’enfance avec le Dogue Allemand familial pour interroger le rôle ambivalent du chien : protecteur, mais aussi messager des peurs et fantômes intérieurs. L’animal devient totem, guide vers des territoires inconscients et irrationnels, matérialisés dans une peinture intuitive qui accueille l’invisible comme partenaire de création. Ses œuvres, fragments de rêves et d’états de conscience altérée, convoquent une esthétique proche de la transe et des pratiques divinatoires. Ainsi Random Congress transforme un croquis spontané en farandole spectrale, tandis que Georgian ways révèle les traces noires des cierges comme silhouettes d’histoires latentes. Avec Panse, couches et formes ovoïdales suggèrent gestation et fermentation, écho aux traditions viticoles géorgiennes. Enfin, les Pocket bastards, talismans portatifs et polysémiques, rappellent les pratiques pèlerines. Dans cet univers, le chien demeure le gardien des seuils, entre tangible et invisible. (J.M.)

5 au 30 septembre
Laurence and Friends
Espace Olizane
Rue des Vieux-Grenadiers 11
1205 Genève

 

Oliver Coran

Oliver Coran, Untitled, 2025. Acrylic and oil on plastic, 200 × 278 cm. Photo : Lovay Fine Arts.

L’exposition présente les œuvres récentes d’Oliver Coran (1992, Philadelphia) réalisées sur papier, plastique, toile ou des combinaisons de ces supports.
Coran peint sur du plastique depuis dix ans, une technique dont les références sont multiples — allant des écrans numériques à la peinture japonaise sur verre inversé du XIXe siècle. Il a développé une méthode consistant à peindre des deux côtés de la surface transparente, produisant ainsi plusieurs plans superposés d’avant-plan et d’arrière-plan. La surface translucide n’est pas seulement un support, elle fait partie intégrante de l’image. Elle capte la lumière, reflète, et introduit un décalage — quelque chose à travers quoi il faut regarder. Peindre sur du plastique suspend l’image dans des effets mouvants et désorientants, qui reflètent son exploration de la perception, de la reconnaissance, et des glissements entre les deux. (Lovay Fine Arts)

Oliver Coran
18 septembre au 2 novembre 2025
Lovay Fine Arts
Rue des Sablons 4
1205 Genève

Henrik Eiben – Gap in the Clouds

lange + pult, exposition Henrik Eiben. Photo Julien Gremaud.

Henrik Eiben, révéle des sculptures où matériaux et formes s’imbriquent avec une précision millimétrée tout en laissant place à l’imprévu. Verre, métal, bois et textile dialoguent dans une tension subtile entre rigueur et légèreté, exactitude et décalage. Héritier du minimalisme mais affranchi de sa neutralité, Eiben introduit rythme, nuance et fragilité : une courbe humaine, une inclinaison instable, une transparence imprévue. Ses œuvres, en constante mutation selon la lumière et l’angle du regard, brouillent les frontières entre peinture, sculpture et dessin. Une ligne devient volume, une surface textile, aplat pictural ; certaines pièces semblent flotter, d’autres figent un mouvement. Ce travail hybride, qui convoque humour, imperfection et expérimentation, invite le spectateur à quitter sa zone de confort pour explorer un champ perceptif changeant. Plus qu’objets finis, ses œuvres sont des espaces de transition, où l’équilibre demeure provisoire, ouvert sur l’inattendu. (J.M.)

Henrik Eiben – Gap in the Clouds
18 septembre au 1er novembre
galerie lange + pult
Rue des Bains 22, 1205 Genève

 

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