King Robbo ne portera plus l’art où il n’est pas supposé se trouver

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Graffiti de King Robbo sur un train londonien. Photo: site King Robbo Team.

La vie est entrée dans l’art de King Robbo, et inversement son art s’est fondu dans la vie. Si l’art est considéré comme une utopie, le Street art est une tentative de résoudre cette question de la séparation entre l’art et la vie.

En portant l’art là où il n’est pas supposé se trouver, King Robbo a, selon son équipe, « changé le monde de l’art pour toujours ». L’artiste britannique est décédé le 31 juillet, à l’âge de 45 ans, après trois ans de coma suite à une chute. Depuis 1984, le graffeur n’a cessé de décorer les rues de ses larges lettres dont il couvrait les murs, et en 1985 il s’est répandu sur les trains londoniens marquant ainsi une étape dans l’histoire du graffiti. Sa notoriété n’aura pas permis de sauver la majeure partie de ces œuvres ornant illégalement les trains et les murs, elles ont été progressivement effacées par les autorités. Seule la pièce qui a fait l’objet d’un conflit entre Robbo et Bansky, un mur près de Regent’s Canal et accessible seulement par barque, est aujourd’hui conservée.

King Robbo a jusqu’au bout caché son identité pour ne pas avoir à faire avec les autorités,  mais si cette obligation ne lui a pas permis d’exploiter commercialement son succès il n’en a pas moins apprécié de voir son travail reconnu, au fond, lui ne s’intéressait « pas à l’argent, mais à la liberté, à la créativité et au plaisir ».

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En images, l’évolution du graffiti de Regent’s Canal au fil du conflit entre King Robbo et Banksy; ce dernier a peint l’ouvrier occupé à recouvrir l’oeuvre originale, puis Robbo est intervenu, etc.

 Robbo vs Banksy- Graffiti Wars

Le graffiti n’a cessé d’être combattu depuis les débuts dans les rues de New York à la fin des années 1960 où les autorités n’ont de cesse de les effacer et de tenter d’en arrêter les auteurs. Au début, les tags consistaient en une signature suivie d’un code postal ou d’un numéro de rue, puis les graffitis sont devenus de véritables fresques témoignages de la perception de la ville par leurs auteurs. Cet art est apparu en Suisse à la fin des années 1970 et il a atteint la notoriété avec Harald Naegeli surnommé le « sprayeur de Zurich », ce qui ne lui épargna pas une condamnation à neuf mois de prison pour déprédation de la propriété privée.

Le succès de cet art majeur conduit le marché à en tenter la récupération, ainsi, en 2009, la Fondation Cartier pour l’art contemporain a commandé des pièces à plusieurs artistes pour une exposition thématique. Des ventes aux enchères dispersent également des œuvres de Banksy ou Robbo tandis que des musées, tel le Victoria & Albert Museum de Londres, Street Museum of Art New York, ont initié des collections inscrivant ainsi le mouvement du Street art dans l’histoire de l’art. La société Google mène actuellement un projet de référencement des oeuvres créées dans différentes villes.

Lire l’interview de King Robbo à propos de son conflit avec Banksy (en anglais).

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