La Confédération se mobilise au chevet des abeilles

L’acarien Varroa destructor principal responsable

Dans la recherche des causes des pertes hivernales de ces dernières années, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte et parmi lesquels les maladies apicoles jouent un rôle central. Comme plusieurs études internationales viennent de le démontrer, le parasite Varroa destructor joue un rôle prépondérant dans ces pertes hivernales. En Suisse également, cet acarien est la cause principale des pertes importantes de colonies durant l’hiver. L’action de cet acarien sur la colonie d’abeilles est triple : il prélève le sang de l’abeille, il affaiblit le système immunitaire de l’abeille qui est ainsi plus sensible aux autres maladies, il agit comme vecteur d’autres agents pathogènes, les virus notamment. Le parasitage des larves et des pupes par Varroa raccourcit la durée de vie des abeilles d’hiver de 5 – 6 mois à 2 – 3 mois, ce qui a pour conséquence que la colonie ne survit pas à l’hiver. L’intensité de ce phénomène dépend du nombre d’acariens dans la colonie.

La précocité et la douceur du printemps 2011 ont incité les colonies à un élevage intensif de couvain très tôt dans la saison, ce qui a permis au Varroa de se multiplier rapidement. Ceci a eu pour conséquence que des seuils critiques de parasites ont été atteints avant que des traitements puissent être réalisés. Le nombre important de parasites éliminés suite aux traitements confirme cette hypothèse. De nombreuses colonies ont dépéri en automne déjà suite à un trop fort parasitage.

L’automne 2011 particulièrement clément a aussi favorisé le transfert de Varroa d’une colonie à une autre par la dérive d’abeilles ou par le pillage entre colonies. Des ruchers correctement traités ont ainsi à nouveau été infestés. Ce phénomène de réinfestation se passe souvent sans que l’apiculteur ne le remarque et représente, avec la maîtrise de traitements efficaces, un des problèmes majeurs de la lutte contre l’acarien Varroa.

Recherche sur les varroas: où en sommes-nous?

L’acarien Varroa destructor est de toute évidence la cause principale de la mortalité des abeilles sur pratiquement l’ensemble de la planète. La lutte contre cet acarien revêt donc une extrême importance. L’efficacité de nombreux produits a diminué en raison de la formation de résistance. Les acides organiques utilisés aujourd’hui n’agissent pas toujours suffisamment, car ils dépendent des températures extérieures et des erreurs dans leur application sont souvent commises. A cela s’ajoute qu’un grand nombre d’acariens provenant de colonies fortement infestées sont transportés, tard dans l’année, dans des colonies déjà traitées. Vu la situation dramatique sur le terrain, nous allons tester dans un essai en champs de grande envergure, en collaboration avec une société d’apiculture régionale, l’efficacité d’un traitement coordonné dans l’ensemble de la région participante sur le taux d’infestation et sur l’hivernage des colonies d’abeilles. Si cet essai porte ses fruits dans la région en question (Seeland bernois), nous disposerons d’une première mesure d’urgence pour empêcher de nouvelles pertes.

A long terme cependant, notre recherche vise une solution durable pour remédier au problème du varroa. A cet effet, nous utilisons dans une première approche des antagonistes naturels pour développer une lutte biologique contre l’acarien au moyen de champignons entomopathogènes. Dans une deuxième approche, nous étudions les mécanismes qui pilotent la reproduction de l’acarien dans le but de bloquer celle-ci. A la suite des très bons résultats obtenus lors de la dernière saison de recherche, nous avons bon espoir de trouver d’ici à quelques années, par l’une ou par les deux voies de recherche, une solution efficace destinée à la pratique.

Les pesticides ne sont pas inoffensifs mais pas la cause des pertes de colonies

De part son importance comme pollinisateur, le risque des pesticides pour l’abeille mellifère est évalué dans le cadre de la procédure d’homologation. Les tests réalisés suivent un protocole standard par étape, reconnu internationalement. Les procédures d’évaluation sont constamment adaptées pour répondre aux demandes pour des matières actives avec un nouveau mode d’action ou un nouveau procédé d’application. Les homologations en vigueur peuvent aussi être révisées en fonction des observations du terrain et des nouvelles connaissances. En Suisse, l’homologation des pesticides agricoles est du ressort de l’Office fédéral de l’agriculture.

Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes sont sujets à discussion ces dernières années concernant le risque létal et sublétal pour les abeilles. Certaines de ces matières actives présentent une haute toxicité pour les abeilles et des dispositions d’utilisation sont appliquées pour éviter une exposition de celles-ci. Les cas sporadiques d’intoxications d’abeilles enregistrés avec ces produits découlent en général du non-respect de ces dispositions. Les effets sublétaux observés dans les essais de laboratoire ou sur des abeilles individuelles ne peuvent jusqu’à ce jour pas être reproduits dans les essais en champ sur des colonies entières.

Une différenciation claire doit être faite entre les mortalités d’abeilles durant la saison apicole et les mortalités hivernales de colonies. Dans la recherche des causes des pertes hivernales, les pesticides à usage agricole sont également un des facteurs abiotiques étudiés. A l’heure actuelle cependant, les études scientifiques à disposition ne démontrent aucun lien entre les pertes hivernales et les pesticides agricoles.

La Confédération se mobilise

Un groupe de travail, composé de représentants de l’Office vétérinaire fédéral, de l’Office fédéral de l’agriculture, des cantons et d’acteurs de la filière, a élaboré un concept ces dernières années permettant d’améliorer de façon durable la santé des abeilles. Le Conseil fédéral va prochainement prendre position en la matière.”

En savoir plus: Agroscope

Mise à jour 25.05.2012. Le Conseil fédéral approuve la mise en place d’un Service sanitaire apicole national
Berne, 23.05.2012 – Le Conseil fédéral, les organisations d’apiculteurs et les cantons entendent promouvoir la santé des abeilles et réduire les cas d’épizooties. En adoptant l’ordonnance sur l’aide au Service sanitaire apicole, le Conseil fédéral a créé la base légale d’un Service sanitaire apicole national et défini ses tâches. Il a aussi fixé son financement : le secteur apicole, les cantons et la Confédération se partagent les coûts.

Les maladies des abeilles constituent un grave problème pour l’apiculture moderne. L’acarien Varroa, introduit en Suisse il y a 25 ans environ, et les virus qu’il véhicule sont les principales causes de la mort des abeilles. La loque européenne, maladie bactérienne de l’abeille, cause, elle aussi, chaque année des pertes importantes aux apiculteurs. Pour prévenir durablement ces maladies ou les combattre efficacement, il faut des connaissances scientifiques étendues et des programmes sanitaires.

Le Service sanitaire apicole national (SSA) a pour but de contribuer à la promotion durable de la santé des abeilles et à la réduction, à moyen terme, du nombre de cas d’épizooties des abeilles, principalement en renforçant la prévention et en développant la formation des personnes du secteur apicole.

Le SSA devra aussi renforcer l’interface – importante pour la promotion de la santé des abeilles – entre la recherche scientifique, les autorités chargées de la lutte contre les épizooties des abeilles et les apiculteurs. Au nombre des tâches du SSA figurent le conseil aux sociétés d’apiculture et aux apiculteurs, leur formation et leur formation continue, le soutien aux autorités d’exécution cantonales, l’élaboration d’un programme sanitaire et la surveillance de la santé des abeilles. En expliquant aux apicultrices et apiculteurs comment utiliser les médicaments vétérinaires et les autres produits de traitement, le SSA favorisera aussi indirectement la production d’un miel suisse de qualité irréprochable.

Le nouveau service sanitaire apicole est une organisation d’entraide du secteur apicole dotée d’une personnalité juridique propre et placée sous la surveillance de l’Office vétérinaire fédéral (OVF). Ses membres sont les sociétés d’apiculture et les apiculteurs. Il est financé par les cotisations de ses membres, par les indemnités pour les prestations spéciales qu’il fournira, par l‘aide financière de la Confédération, par la contribution équivalente des cantons, ainsi que par d’autres fonds publics et privés. Le secteur apicole prend à sa charge au moins 20 pour cent de ces coûts. La part de la Confédération et celle des cantons s’élèvent chacune à 40 pour cent au maximum des coûts du SSA. L’ordonnance entrera en vigueur le 1er janvier 2013 pour une durée de huit ans. Il sera déterminé après cette période si et dans quel mesure le SSA sera reconduit.

L’idée de créer un service sanitaire apicole a été formulée pour la première fois dans un rapport du Conseil fédéral en réponse à la motion Gadient (04.3733). Le groupe de travail institué dans ce contexte a élaboré un programme de promotion de la santé des abeilles en Suisse et proposé la création d’un service sanitaire apicole.

Il existe déjà des services sanitaires pour animaux, entre autres le Service sanitaire pour les petits ruminants (SSPR) et le Service sanitaire pour les porcs (SSP). Ces services reçoivent également une aide financière de la Confédération et des cantons. “

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Publié dans écologie