Le Centre pour l’image contemporaine échappe à  ses ennemis et organisera Version 2008

Arthur de Pins

Arthur de Pins. La révolution des crabes. Version animée, CIC, 2006.

Le Conseil de fondation St Gervais vient de décider de confier au CIC l’organisation de Version 2008. C’est une décision positive qui permettra à  l’équipe de préparer l’édition dans un calme relatif et de manière indépendante. Pour André Iten cette édition sera « peut-être un peu limitée » mais elle aura lieu au grand dam de ceux qui voulaient dépecer le CIC.

Rappelons que « Version » est la manifestation biennale des nouveaux médias du Centre pour l’image contemporaine (CIC). Elle suit de près l’évolution des nouvelles technologies de la représentation de l’image et présente une thématique différente à  chaque fois.
Pour sa 7ème édition en 2006, « Version animée » avait exploré le domaine de l’animation dans l’art contemporain et réuni une trentaine d’artistes internationaux, en installation ou en projection.

Le groupe de travail du Conseil de fondation a programmé de nombreuses auditions individuelles afin d’examiner les questions que pose le déménagement prévu au Bâtiment d’art contemporain de la rue des Bains, son rapport est attendu pour le mois de mai. Le groupe de travail du conseil est constitué d’Isabelle Naef Galuba (Ville), Christiane Leuenberger (PS), Raffi Garibian (Radical), Nicolas Wenger (AgT), un groupe qui malheureusement ne comprend aucun professionnel de l’art et dont seules les appartenances politiques sont mentionnées dans le communiqué publié par le comité de soutien. Le groupe de travail aurait pour tâche d’examiner les garanties pour le personnel du CIC dans le transfert envisagé au BAC du point de vue de la qualité du travail, du statut et des salaires, des coûts de l’opération. Toujours selon le comité de soutien, le statut du personnel de St Gervais est particulièrement visé par les Radicaux et les Libéraux. Puis, ultime coup bas, il semble que le CAC (BAC) refuse d’accueillir une partie de cette biennale comme ce fut le cas il y a 2 ans.

Le CIC va donc poursuivre son activité en esquivant les attaques des prédateurs du BAC qui veulent sa peau et ceux qui convoitent son espace à  St-Gervais, bon courage! Pour l’espace, c’est le parti radical qui s’en est mêlé le 31 janvier en annonçant :

« Pour les Radicaux, toute forme de culture est respectable et à  respecter pour autant qu’elle en fasse de même avec la loi via par exemple le non-mélange de la problématique des squats et de la culture. Ce constat fait, il est nécessaire de passer des paroles aux actes et de maintenant avancer. Si lors du débat sur Artamis, les Radicaux avançaient que la problématique du logement primait sur celle de la culture, ils reconnaissent néanmoins un malaise. C’est dans cet ordre d’idées que la paix des cultures pourrait naître sur le modèle de la paix du logement. Et débloquer un dossier culturel d’importance comme le BAC+3 mais aussi de trouver une solution aux problèmes de la création artistique locale en montrant au passage que celle-ci n’a pas besoin des squats pour s’épanouir et vivre.
Ainsi, dans le cadre du projet BAC+3, la fondation Saint-Gervais Genève devrait voir le départ du Centre pour l’Image Contemporaine (CIC) pour les bâtiments du MAMCO. Ceci laisserait l’actuel théâtre de Saint-Gervais dans des locaux devenus trop grands pour lui avec comme choix la fusion avec une institution culturelle existante comme la Comédie ou son maintien dans ses locaux via une formule à  déterminer. Or, si le CIC quittait rapidement ses locaux dans l’actuelle fondation et qu’une solution se dessinait pour le théâtre, un immeuble à  vocation culturelle ayant toutes les qualités pour accueillir un espace autogéré se libérerait au centre-ville.
La gauche qui hurle son désaccord avec la politique culturelle d’un magistrat issu de ses rangs se caractérise par une absence totale de propositions pour répondre aux constats qu’elle pose. »

Les partis utilisent la culture pour régler leurs comptes, sans respect pour le champ concerné et ses acteurs, sans vision non plus. Il y a encore quelques jours il était question d’installer une Maison de la littérature dans le bâtiment de St-Gervais, ce n’est plus à  l’ordre du jour. Un peu plus loin, bataille du BAC continue de faire rage, le Centre d’art et le MAMCO se sont récemment découverts chacun une passion pour l’art vidéo, car dans les structures genevoises la distinction obsolète entre chaque forme d’expression perdure. Plusieurs personnalités du monde de l’art contemporain demandent déjà  une fusion entre le MAMCO et le Centre d’art, deux institutions qui selon eux font doublon en effectuant le même travail. Des galeries privées montrent aussi du doigt les subventions accordées à  des galeries-centres artistiques, type nouveau de galeries étatiques coupables de concurrence déloyale. La situation n’est pas plus brillante dans le théâtre où un groupe de comédiens ultra-conservateurs s’est donné pour mission de rayer le théâtre expérimental de la carte. Bonjour l’ambiance!

La scène alternative s’échauffe à  Artamis depuis que le conseiller d’Etat Mark Muller leur a précisé lundi dernier qu’aucune mesure de relogement ou d’attribution d’espace en leur faveur n’était prévue par son service.

Le mois de février sera donc chaud avec les remises en question tant de la politique culturelle que du mode de gouvernance programmées par plusieurs associations. Après la manifestation du samedi 2 février aux Grottes, de nouveaux rendez-vous sont prévus le 7 février à  Artamis, puis le lancement par le RAAC ( Regroupement des Artistes et Acteurs Culturels) de la première session du Forum « Art, culture et création » qui aura lieu vendredi 22 et samedi 23 février 2008 à  la Maison des arts du Grütli. En bref, le Forum visera à  faire un état des lieux du statut de la culture à  Genève pour entrer en discussion avec les autorités.

 

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