Le Centre pour l’image contemporaine pourra-t-il conserver son indépendance ?

Bac Genève

Dans un dernier sursaut pour résister à  la fusion programmée, un comité de soutien au Centre pour l’image contemporaine s’est contitué à  Lausanne afin de tenter de préserver l’indépendance du centre genevois dédié à  l’art vidéo, une lettre de contestation a été envoyée à  M. Patrice Mugny, responsable du DAC, et à  Mme Renate Cornu, présidente de la Fondation Saint Gervais, structure qui chapeaute le Centre pour l’image contemporaine et le Théâtre Saint-Gervais.

Pour Renate Cornu, l’agitation autour de cette question relève de l’opposition traditionnelle à  une idée novatrice et la nouvelle configuration n’offrirait que des avantages en termes de fédération des énergies et d’identité. Sur ce dernier point la configuration actuelle lui donne raison : pénétrez dans le bâtiment par la rue des Bains et, passant d’une pièce à  l’autre, vous naviguerez de l’espace d’une association à  celui d’une autre sans vous en apercevoir.

Première partie

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Suite

[MEDIA=43]Lors de l’entretien qu’elle nous a accordé, Madame Cornu a également abordé la question de la gratuité de l’accès aux institutions culturelles, une question qui est actuellement discutée par plusieurs responsables de ces lieux.

 

Quad

Le grand jeu du BAC serait-il de tourner en rond jusqu’à  ce qu’il n’en reste plus qu’un? Ill. : Quad, (vidéo) Beckett, une des deux plus belles pièces (avec l’installation La Peau de Thierry Kuntzel) de l’exposition Culture Hors-Sol du Centre pour l’image contemporaine. A voir jusqu’au 16 décembre.

Dans moins d’un an, suite au changement de cap politique, le Centre pour l’image contemporaine de Genève devrait donc être partagé entre le CAC et le Mamco. Après dix ans de débats, le Bâtiment d’art contemporain (BAC) de la rue des Bains se présentera alors dans une configuration réduite à  deux occupants au lieu des cinq prévus.
Dans le contexte artistique actuel où nombre d’artistes utilisent plusieurs techniques d’expression, il peut sembler incongru de tenter de délimiter la vocation d’un lieu en fonction de contraintes techniques, c’est donc plutôt sa vision différente, sa substance que le le CIC pourrait mettre en avant face à  l’appétit des deux grandes institutions du BAC qui oeuvrent chacune comme un centre d’art contemporain. Avec la Biennale de l’Image en mouvement, et la biennale informatique Version, le CIC a créé deux événements médiatiques à  résonance internationale, l’actuel responsable du DAC aimerait ne voir qu’une tête par secteur, qu’il soit artistique ou autre, la vitalité de la scène a surtout besoin d’une multitude de lieux avec des visions différentes.
La nouvelle volonté politique ouvre la voie au partage des atouts du Centre pour l’image et du Centre pour la photographie (après le retrait du Centre d’édition contemporaine) entre le CAC et le Mamco. Morceau de choix : la médiathèque du Centre pour l’image contemporaine est une des principales collections européenne dans le champ des nouveaux médias. Constituée grâce aux artistes qui y ont déposé leurs oeuvres elle contient aujourd’hui plus de 1’500 titres (vidéos et cd-roms) et elle est accessible gratuitement sur simple rendez-vous.
Après le déménagement du Centre à  la rue des Bains, c’est le bâtiment de Saint-Gervais qui fera à  son tour l’objet d’une restructuration; pas de changement annoncé pour le théâtre, mais plusieurs associations en faveur de l’écrit manifestent leur intérêt.

Les autres lieux culturels ne sont pas en reste, le Musée d’art et d’histoire vient de lancer sa campagne de recherche de fonds pour faire aboutir le projet d’extension concocté par Jean Nouvel, le 12 décembre le directeur du Musée d’ethnographie, Jacques Hainard, lancera le concours d’architecture pour l’extension de son musée qui prévoit le triplement de la surface actuelle (de 800 à  2500 m2). Le dynamisme et la configuration du MEG en feront certainement à  court terme le centre culturel névralgique du quartier des Bains.
Bientôt, la nécessité d’un bâtiment culturel phare, pour la nouvelle cité financière prévue dans le quartier Praille-Acacias s’imposera, sera-t-il alors question d’une vraie plateforme pluriculturelle, un super BAC ou Beaubourg genevois abritant danse-théâtre et musées ? Le BAC s’insérera ensuite dans le processus de gentrification du centre-ville lors d’une reconversion en lofts pour bobos. Dans l’immédiat, c’est autour de la nouvelle direction de la Bâtie que l’agitation va se poursuivre, y verra-t-on le responsable d’une structure dédiée à  la danse dont le milieu murmurait le nom voici plusieurs semaines, avant même son audition, ou un véritable ousider ?

 

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