Danse et musique minimaliste dialoguent au Grand-Théâtre

Ioannis Mandafounis, “Fearful Symmetries”, 2019. Grand-Théâtre de Genève. © GTG Gregory Batardon.

Le Grand Théâtre de Genève présente Minimal Maximal, par Sidi Larbi Cherkaoui, Andonis Foniadakis et Ioannis Mandafounis, trois chorégraphies créées sur autant d’œuvres de musiciens très différents, John Adams, Arvo Pärt et Philip Glass, mais classés minimalistes,. Ce dernier est à nouveau à l’honneur après le succès public et critique d’Einstein on the Beach. L’accueil enthousiaste remarqué lors de la représentation s’est vite confirmé les jours suivants par le bouche-à-oreille.

Ioannis Mandafounis, “Fearful Symmetries”, 2019. Interprètes : Armando Gonzalez Besa et Lysandra Van Heesewijk. © GTG Gregory Batardon

Avec son large sourire, sa simplicité vraie et un accent de sincérité, Ionannis Mandafounis projette, lors de notre rencontre au foyer du Grand-Théâtre, l’air joyeux affiché sur scène par les danseuses et danseurs de l’institution genevoise au rythme de Fearful Symmetries, la musique de John Adams dont il a également repris le titre.

Adepte de l’improvisation dont il s’est fait une spécialité, Ioannis Mandafounis a voulu créer une pièce de groupe destinée à mettre en valeur la présence et le regard des interprètes. Quand l’art du poète consiste à produire des rencontres heureuses, sans pouvoir ni chercher à déterminer le principe de la rencontre, celui de la composition, précise le chorégraphe, « est de faire ressortir la personnalité de chaque danseur. Derrière ce jeu d’illusion construit en onze phases où domine le sentiment de joie, c’est le regard de chacun qui transparaît au fil de la création. Vous les voyez ici sur scène chacun dans le costume du quotidien qui apporte une touche intime en parfait accord avec la musicalité de Fearful Symmetries. »

Sur la scène, comme pour démentir l’ambiance monotone souvent attachée à la musique minimaliste, il semble que les interprètes viennent devant nous exprimer la joie fondamentale de se rencontrer et d’évoluer ensemble. Le plaisir de regarder la pièce est de voir comment Ioannis Mandafounis a conçu l’occupation de l’espace et la représentation des rapports entre le groupe et les individualités. Souvent les danseurs se déplacent en une seule unité avant de se séparer pour créer une nouvelle formation ou un rapport plus exclusif entre deux interprètes.

De l’avis même de John Adams, « Fearful Symmetries, d’influence à la fois pop et rock minimaliste, est un exemple clair de ce que j’appelle ma «travelling music», c’est-à-dire une musique qui donne l’impression d’un mouvement continu au-delà des changements de paysage.
Boogie pantagruélique régi par un rythme extrêmement dynamique durant les trois-quarts de sa durée, l’œuvre se prête particulièrement bien à la danse: elle est d’ailleurs mon œuvre la plus chorégraphiée, avec une douzaine de versions différentes. Mais ce qui reste, à mes yeux, le plus significatif dans cette œuvre, est le timbre, qui mélange le poids et la brillance du big band à la luisance synthétique de la techno pop et à la finesse de l’orchestre symphonique.»

Sidi Larbi Cherkaoui, “Fall”, 2015. Grand-Théâtre de Genève. © GTG Gregory Batardon.

Créée en 2015 par et pour le Ballet Vlaanderen « Fall » de Sidi Larbi Cherkaoui vient à Genève déployer ses mouvements oniriques et son immense décor mobile de soies pâles. La musique d’Arvo Pärt est à l’honneur, avec Fratres, Spiegel im Spiegel et Orient & Occident.

 

Andonis Foniadakis, “Paron”, 2019. Grand-Théâtre de Genève. © GTG Gregory Batardon.

Pour « Paron », chorégraphiée par Andonis Foniadakis, le mystérieux et puissant Concerto pour violon n°1 de Philip Glass accompagne le Ballet du Grand Théâtre, avec Alexandra Conunova à l’archet du Guarneri del Gesù 1730. À côté des danseurs, elle révèle les énergies centrifuges et centripètes du tourbillon.

Nouveau positionnement du Grand Théâtre

À l’occasion du début d’Aviel Cahn au Grand Théâtre, le directeur du Ballet, Philippe Cohen, rappelle l’ambition : « Les formes de la création sont toujours fragiles : mais parce qu’elles sont sur le fil, elles sont aussi porteuses d’espoir ». Pour initier cette dynamique, il propose une soirée en trois temps avec deux créations mondiales –« Paron » et « Fearful Symmetries »– et une reprise de Sidi Larbi Cherkaoui: « Fall ». Un trio autour de la musique minimale. La compagnie formée de 11 danseurs et 11 danseuses affirme ainsi son identité en cohérence avec le nouveau positionnement de l’institution lyrique et chorégraphique, qui invite, et c’est une nouveauté depuis les 3 dernières années, l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) à accompagner Minimal Maximal.

Minimal Maximal

Fearful Symmetries. Ioannis Mandafounis.
Paron, Andonis Foniadakis.
Fall, Sidi Larbi Cherkaoui.
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Orchestre de la Suisse Romande

10-12-13-15-16-17 novembre. www.gtg.ch

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Publié dans danse, musique, scènes