Vide, recyclage de concepts par temps de crise

salle kunsthalle

Kunsthalle Bern © Dominique Uldry 

 Vous gérez un centre d’art contemporain, vos bailleurs de fonds sont dans la finance et profitent de la situation pour diminuer vos crédits. Plutôt que d’exploiter un peu plus des artistes qui n’y peuvent rien, associez vous aux plus créatifs capables de créer avec un minimum de matériaux, une démarche écologique et durable dont les racines plongent dans l’histoire de l’art.

Avec Vides, Une Rétrospective, la Kunsthalle de Berne reprend une exposition présentée par le Centre Pompidou, de Paris, qui lui-même avait repris le thème de l’exposition d’Yves Klein à  la Galerie Iris Clert en 1958, dénommée par la suite “Le Vide”. Le thème fut exploité par d’autres qui sont rappelé à  Berne : Art & Language, Robert Barry, Robert Irwin, Stanley Brouwn, Bethan Huws, Maria Eichhorn, and Roman Ondà¡k. L’objectif annoncé par la Kunsthalle est de ne présenter que des expositions où l’espace a été laissé totalement vide et libre de toute autre intervention, lumineuse ou sonore par exemple. Plus que le rappel d’un concept, l’exposition est ainsi une “invitation à  explorer et expérimenter physiquement les textures différentes de chaque espace”.
Une des premières réalisations thématisant le vide est la célèbre l’exposition d’Yves Klein, dite «Â du vide » en 1958, intitulée La spécialisation de la sensibilité à  l’état matière première en sensibilité picturale stabilisée. Pour cette exposition, Klein imprègne l’espace lui-même de sensibilité artistique par l’intermédiaire du bleu. En effet, si l’espace intérieur de la galerie, entièrement peint en blanc, est laissé vide, l’extérieur est, de part en part, orné de bleu : la vitrine est peinte en bleu, un rideau bleu accueille les visiteurs, les cartons et les timbres des invitations sont bleus, jusqu’au cocktail offert par l’artiste, teinté de bleu de méthylène. Ainsi, l’espace blanc de la galerie peut être perçu comme contaminé par le bleu.

Le succès n’est pas garanti, l’expo a fait un flop à  Paris quand elle fut présentée au Centre Pompidou, également coproducteur avec la Kunsthalle de l’événement bernois.

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Kunsthalle Bern © Dominique Uldry 

De passage à  Berne, Ben Vautier l’avait appréciée: “Cela aurait était un choc en 1960. Ce qui est bien dans cette expo c’est que toutes les salles du musée sont vides. Tandis qu’à  Paris à  côté des espaces vide de l’expo  il y avait les tableaux des autres. Ceci étant à  Berne ce n’est pas un espace vide mais une expo de l’ego de cinq ou six egos qui disent tous «regardez-moi j’ai fait du vide !» On aurait pu appeler l’expo « you can’t kill ego ».

Voids, Eine Retrospektive.  13 septembre au 11 octobre 2009.  Kunsthalle Berne.

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Un commentaire pour “Vide, recyclage de concepts par temps de crise
1 Pings/Trackbacks pour "Vide, recyclage de concepts par temps de crise"
  1. […] trouver des expos chocs dont on parlera et dont le budget ne fera pas sursauter la Municipalité. L’expo « Void » est parfaite pour ça. Rien dans les salles et pourtant choc garanti. […]