“Y a pas photo !” Dans le scandale du BAC les acteurs culturels ne sont pas à  la hauteur.

Le Centre pour la photographie de Genève (CPG) devrait fermer ses portes cette année. Selon ses responsables, le centre qui devait s’installer dans le Bâtiment d’art contemporain de la rue des Bains n’a pas obtenu le renouvellement de la subvention du Département des affaires culturelles pour l’année 2009. Le CPG et ses amis protestent aussi contre la proposition de confier ce budget à  Alan Humerose, l’ancien directeur dudit centre, afin de produire une revue.

Pour l’artiste Marco Poloni, porte-parole du comité de soutien : “le non-renouvellement du budget signifie tout simplement l’arrêt de mort du CPG. Les fonds ainsi libérés seraient utilisés pour lancer une revue de photographie, dont la diffusion serait limitée à  une audience très restreinte. Son intérêt “ si l’on se base sur le manque de prise de cette personne sur le monde de l’art contemporain “ semble à  priori plutôt limité. Qui se souvient de son ancienne revue de photo au titre original, “Images” ? Il reste à  l’association à  récolter le plus grand nombre possible de signatures dans le milieu culturel romand pour contrer cette décision et cette initiative qui nous semblent asséner un coup de plus à  la vie artistique genevoise.”

Le scandale de BAC + 3* qui a été une nouvelle fois publiquement dénoncé le 23 février dernier lors du Forum « art, culture et création » se poursuit à  très grands frais et dans une opacité totale. Le contentieux prend une telle ampleur que la détermination des responsabilités ne peut être éludée. Un budget a été alloué à  l’équipe des cinq pour mener à  bien ce projet de cohabitation, un site web commun a aussi été créé, tout cela en pure perte? Pourquoi le politique a-t-il laissé faire?
Lors de ce forum du RAAC, André Ducret, sociologue chargé de la synthèse, l’a sèchement résumé en présence de M. Mugny : “Dans le cas du BAC, il y avait une politique culturelle et en face il y avait des acteurs culturels qui, à  mon sens, et je le dis très publiquement, ne se sont pas comportés comme ils auraient du le faire”.

Ecouter la synthèse par André Ducret, sociologue:

[audio:https://www.geneveactive.ch/2008/03/ducretraac.mp3]

Malheureusement, en matière de politique culturelle le ministre qui a plié face aux exigences du Mamco et du Centre d’art, déjà  si richement dotés, donne l’impression de punir les petites structures (abandon de l’intégration du Centre d’édition contemporaine, non-renouvellement de la subvention au Centre de la photo, et dépeçage du Centre pour l’image). Pour le comité de soutien au CPG “il n’y a pas de mise au concours et cette affaire a une odeur d’affairisme provincial, au fi de toutes les règles professionnelles”.

“L’affaire” n’est probablement pas aussi caricaturale que le tableau dressé par M. Mugny, le magistrat en charge,  qui a déploré l’intense bataille d’égos en cours depuis près de dix ans dans la friche de l’ex-SIP. Le magistrat a probablement oublié que sa responsabilité est engagée en tant que copilote du projet de grand BAC.
L’avenir du CPG est, lui, suspendu aux travaux menés au Conseil municipal. M. Mugny a cependant promis de verser la subvention pour organiser la manifestation 50 JPG, si les conditions prévues par la convention se trouvaient réunies et il lui appartient d’en juger.

Jacques Magnol

*BAC+3= Centre d’art contemporain, Mamco, + Centre pour l’image contemporaine, Centre de la photo, Centre d’édition contemporaine.

Note: En 1995, Alan Humerose, devenu directeur du Centre de la photographie de Genève,  créa la revue « Images » aujourd’hui disparue. Il quitta ensuite la direction du CPG en 1999.

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