Une performance de Marina Abramovic attire plus de 850’000 visiteurs

entree de l'expo

Entrée de l’exposition “Marina Abramovic: The Artist is Present”, The Museum of Modern Art, 2010. Photo by Jason Mandella.

850’000 visiteurs ont fait la queue des heures durant, au MoMA de New York, pour participer à  la plus longue performance de Marina Abramovic, et 1 million d’internautes l’ont regardée en ligne. Cet engouement ne tient pas seulement à la remarquable capacité de ce musée à  surfer sur les tendances et à créer l’événement.

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Vue de la performance de Marina Abramovià‡ ” The Artist Is Present at The Museum of Modern Art”, 2010. Photo by Scott Rudd. 

Au MoMA, un mois et demi durant, de mars à  avril 2010, à  raison de sept heures par jour, Marina Abramovic s’est assise devant une table pour faire face à  un visiteur en le regardant dans les yeux durant dix minutes. D’apparence anodine, l’expérience réelle de proximité en a déstabilisé plus d’un qui est reparti bouleversé et même parfois, en pleurant.

Cette réalité est-elle ce qui attire aujourd’hui un spectateur lassé d’un art contemporain par trop abstrait? Un univers si conceptualisé que même les professionnels l’appréhendent avec difficulté. La performance a attiré tant le grand public que les vedettes du spectacle comme Lady Gaga, Björk ou Sharon Stone, mais contrairement au commun des mortel les pipoles ne faisaient pas la queue.

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Vue de la performance de Marina Abramovià‡ ” The Artist Is Present at The Museum of Modern Art”, 2010. Photo by Scott Rudd. 

Avec la présence de Marina Abramovic et la spécificité du lieu où elle se produit, nous sommes dans une forme de spectacle, bien qu’elle récuse le terme de théâtre : “Pour être un artiste qui s’exprime dans la performance, il faut détester le théâtre. Le théâtre est faux: il y a une boîte noire, vous payez pour un billet et regardez quelqu’un qui joue la vie de quelqu’un d’autre. Le couteau n’est pas réel, le sang n’est pas réel, et les émotions ne sont pas réelles. La performance est exactement à  l’opposé : le couteau est réel, le sang est réel, et les émotions sont réelles. C’est un concept différent. Il s’agit de la vraie réalité.” Statement de circonstance, avec 850’000 visiteurs l’argent qui rentre est bien réel.

Cette vraie réalité est partagée dans une sorte de communauté de circonstance aussi éphémère que constituée à  l’improviste. Peut-être pourrions-nous y déceler un public à  la recherche de contact ou de partage d’une sensation d’art dans un esprit empreint de nostalgie de l’avant-gardisme, de rappel de l’histoire de l’art? Faut-il en conclure que le nouveau spectateur est à  la recherche de contact et de situation concrète ?

Jacques Magnol

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