Zero 10 : Art Basel entre dans l’ère numérique

Ix Shells, Eva Bonnier (#2), Still from Video, 2025. Courtesy of the artist. Copyright by Fellowship 2025

Art Basel annonce le lancement de Zero 10, une plateforme curatoriale entièrement consacrée à l’art de l’ère numérique, qui sera présentée pour la première fois à Art Basel Miami Beach 2025 (du 5 au 7 décembre). Soutenue par OpenSea, partenaire officiel de la foire, cette initiative relie la communauté mondiale de l’art numérique aux structures établies du marché international, affirmant la volonté d’Art Basel d’accompagner les transformations artistiques et technologiques de notre temps.

Le titre Zero 10 fait référence à l’exposition historique 0,10 organisée par Kazimir Malevitch à Petrograd en 1915, qui marqua une rupture décisive pour l’avant-garde. De la même manière, la nouvelle plateforme ambitionne de redéfinir la manière dont l’art numérique est exposé, contextualisé et collectionné au XXIᵉ siècle.

Sous le commissariat d’Eli Scheinman, spécialiste des nouveaux modèles de collection et d’engagement numérique, Zero 10 réunira 12 exposants internationaux, parmi lesquels AOTM, Art Blocks, Beeple Studios, bitforms gallery, Fellowship, Pace Gallery ou encore SOLOS. Une œuvre de Lu Yang, DOKU – Heaven (2022), prêtée par la Collection d’art UBS, complétera la présentation inaugurale.

L’initiative témoigne d’un engagement durable d’Art Basel envers les pratiques artistiques les plus novatrices. Elle s’inscrit dans une série de projets récents à l’intersection de l’art et de la technologie : le Digital Art Council, le programme de conférences Digital Dialogues, ou encore des présentations d’envergure telles que DREAM-0 de Huemin (Art Basel Miami Beach 2024) et le secteur numérique d’Art Basel Hong Kong 2025.

 

Mario Klingemann, Appropriate response, 2020. Courtesy of the outpost.

Selon le rapport Art Basel & UBS 2025, l’art numérique s’impose désormais comme une catégorie majeure de collection : 51 % des 3 100 collectionneurs interrogés ont acquis une œuvre numérique en 2024–2025, faisant du médium le troisième en volume d’investissement, avec une part quadruplée en un an.

Pour Noah Horowitz, PDG d’Art Basel « L’art numérique n’est plus périphérique : il est au cœur de l’évolution du marché et de la création. Zero 10 traduit notre conviction qu’il mérite une structure curatoriale et institutionnelle solide, capable de générer des opportunités concrètes pour artistes, galeries et collectionneurs. »

Vincenzo de Bellis, directeur artistique mondial, ajoute :« Zero 10 est à la fois une déclaration artistique et un geste de prospective curatoriale. À Miami Beach, dans un environnement ouvert à l’innovation, nous offrons une vitrine à la création numérique dans toute sa diversité. »

Akodama YATREDA, Twenty-First Century Akodama (détail), 2025. Digital artwork by the artist paired with silver sculpture by Asprey Studio. Courtesy of the artist and Asprey Studio.

Parmi les projets phares :

  • No Me Olvides d’Itzel Yard (IX Shells), où des fragments d’archives d’Europe, des Caraïbes et d’Amérique latine deviennent des compositions algorithmiques sur la mémoire et l’héritage.
  • bitforms gallery retrace l’évolution de l’art génératif, de Manfred Mohr à Maya Man.
  • Asprey Studio et le collectif éthiopien Yatreda réinventent la couronne traditionnelle Akodama.
  • Pace Gallery présente une installation de James Turrell, immersion totale dans la lumière et le temps.
  • Beeple Studios explore les frontières entre humanité, robotique et blockchain.

À travers Zero 10, Art Basel entend affirmer son rôle moteur dans la reconnaissance institutionnelle de l’art numérique, tout en créant un espace de dialogue entre innovation technologique et excellence curatoriale.

L’art numérique investit progressivement les musées

L’essor de l’IA dans la création artistique pousse les musées à redéfinir ce qu’est l’art lorsque la main humaine s’efface. Les grandes institutions, comme le MoMA, le V&A Museum, le Whitney Museum ou la Tate Modern, s’interrogent sur la valeur, le sens et la présentation de ces œuvres.

  • Au MoMA, ce qui a commencé avec l’installation immersive de données de Refik Anadol dans le hall du musée s’est transformé en un programme continu explorant l’esthétique et l’éthique de la production d’images numériques et algorithmiques.
  • Le Whitney Museum of American Art a élargi sa galerie en ligne pour présenter des commandes numériques natives—des œuvres qui existent directement sur le web, soulevant de nouvelles questions d’accès, d’auteur et de conservation. Lancé initialement en 2001, artport donne accès à des œuvres originales commandées spécifiquement pour cette plateforme par le Whitney, à la documentation des expositions de net art et d’art des nouveaux médias présentées au musée, ainsi qu’aux œuvres de nouveaux médias faisant partie de la collection du musée
  • Des espaces comme l’Arte Museum fondé par le collectif coréen d’strict, et le réseau croissant des musées expérientiels teamLab—de Tokyo à Abu Dhabi et Hambourg—redéfinissent ce qu’un musée peut être à l’ère numérique.
  • Le UBS Digital Art Museum, actuellement en construction, appelé à devenir le plus grand musée d’Europe entièrement dédié à l’art numérique et immersif, ouvrira ses portes en 2026.
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