Vertige des sens, avec Cindy Van Acker à  la Bâtie

 scène

Bâtie 09. Entre apparition et disparition des corps, la chorégraphe Cindy Van Acker invente deux opus hypnotiques. Dans leur façon singulière de rendre au spectateur un monde de sensations, les solos « Obtus » et « Nixe » voient le vibrato d’un paysage corporel subtilement innervé par l’atmosphère sonore réussie due au finnois Mika Vainio, figure emblématique de la scène électronique expérimentale.

«Je suis partie pour Obtus sur le travail de l’image. Pour “Nixe“, le travail s’est développé autour d’un carré géométrique de 21 néons à  l’intensité luminescente variable. Ils sont posés au sol, dessinant une surface changeante semblable à  une piscine. L’autre module de l’espace scénique est présent pour le dynamiser. Scénographie et lumières dictent ainsi la structure de la pièce. La chorégraphie explore la notion de vertige en écho au canevas mythologique lié à  la figure de la nixe, nymphe des eaux dans les légendes germaniques », relève la chorégraphe. La nixe avait le pouvoir d’ensorceler les humains, les attirant dans l’onde pour les noyer à  l’issue d’un bal nocturne.

Ecouter l’entretien avec Cindy Van Acker. Par Bertrand Tappolet.

Eclipses de corps
« Obtus » tient son éloquence de la grâce de gestes ténus allongeant bras et jambes aux extrêmes ou plissant délicatement les mains comme des cartes que l’on distribue, l’espace du corps semble doucement coulisser au fil d’une première traversée. Le retour de parcours se fait au noir d’où ressurgissent par intermittence une main, la naissance d’un bras, un buste torsadé entraperçu de profil ou un visage encadré de lignes de bras fléchés. Par instants, le travail mené aux frontières du spectre visible peut évoquer « Mua » d’Emmanuelle Huyn, solo dansé dans la quasi obscurité et subvertissant tous les mécanismes perceptifs. L’image du corps est à  la fois « têtue et fuyante, lisse et échappée », comme l’écrit Roland Barthes pour ce qu’il nomme « le sens obtus » Au final, sous une lumière chair orangée, le corps plié en son mitan se fait fascinante sculpture posée sur trois axes. Un bras merveilleusement flexible se désolidarise du reste de l’anatomie et fore, comme en apesanteur, l’espace alentours.

Bertrand Tappolet

Jusqu’au 31 août 2009, Salle des Eaux-Vives.

La Bâtie, Festival de Genève

Rés. : 022 738 19 19

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Un commentaire pour “Vertige des sens, avec Cindy Van Acker à  la Bâtie
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  2. […] l’occasion de présenter une artiste dans des formats que d’autres ne vont pas faire. [4] Cindy Van Acker a atteint aujourd’hui une étape importante de son travail et une reconnaissance certaine aÌ€ […]