Vins rares, montres de collection, le doute plane sur les ventes genevoises

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Romanée – Conti. © Wipkipedia.

La contrefaçon rôde sur le marché spéculatif des montres de collection et des vins rares dont les prix atteignent maintenant des records lors d’événements ultra médiatisés par les maisons de ventes aux enchères. Des quotidiens partenaires servent sans autre vérification les communiqués de presse à leurs lecteurs alors que les milieux spécialisés font état de sérieuses réserves sur la qualité, l’authenticité des lots proposés aux spéculateurs.

Les médias traditionnels n’ont à disposition ni les rédacteurs spécialisés capables de juger de la qualité des produits, ni la volonté d’aborder la question tant ils sont soumis aux exigences de leurs puissants clients (voir les articles dithyrambiques dans les pages “culture” et les épais et luxueux suppléments, notamment horlogers, distribués gratuitement car sans lecteurs dans les galeries, les coiffeurs et autres). L’information se trouve désormais dans les médias indépendants et spécialisés, eux-seuls peuvent se permettre de faire part de leurs analyses critiques étayées par des exemples précis de produits douteux.

Les deux marchés en question à Genève sont ceux des vins rares et de la montre de collection. Pour le premier, l’affaire a fait le tour du monde ainsi avec The Independent et Wine Berserkers qui ont relayé l’analyse de Don Cornwell, un avocat de Los Angeles. Ce spécialiste en vins de Bourgogne a débusqué nombre d’éléments susceptibles de faire douter de l’authenticité des bouteilles de Romanée Conti proposées à la vente par Baghera à Genève. La presse genevoise, ici ou , s’est sans autre réjouie du “succès historique” des ventes. Un coup de doutes jamais n’abolira le business.

Rebelote avec les montres de collection, là c’est le long article documenté de Grégory Pons qui, dans son média Business Montres, pointe la particularité du parcours de certaines pièces horlogères : « La montre de collection peut donc servir de leurre pour attirer des spéculateurs ou pour faire croire à de nombreux pigeons qu’il existe un nouvel eldorado pour les investisseurs. (…)
Là où l’affaire devient franchement nauséabonde, c’est quand on refabrique des montres de collection à partir de pièces authentiques (boîtiers, mouvements, cadrans : la ressource est abondante après un siècle de montres mécaniques industrielles) ou tout simplement à partir d’un savoir-faire contrefacteur très particulier (laboratoires de vieillissement, restaurateurs de génie, etc.). »

La spéculation stimule la créativité des aigrefins mais va-t-elle miner le marché?  Si l’on considère le marché de l’art où la part du faux est généralement estimée à 50% de l’offre sans que cela nuise à son commerce, le phénomène est destiné à s’amplifier et le nombre de pigeons proportionnellement.

Contactée, la société Baghera nous a indiqué sa position :

“Baghera Wines se félicite des résultats de sa vente Master Cellar et tout particulièrement de cette collection unique des vins de la Romanée-Conti qui, non sans surprise, a attisé les convoitises.
En amont, toutes les bouteilles retenues pour la vente ont été inspectées avec la plus grande attention par Baghera Wines. Exceptionnellement, au regard de l’importance de cette collection et des rumeurs qui ont pu circuler autour de cette vente, le Domaine de la Romanée-Conti vient d’examiner ce mardi 24 mai toutes les bouteilles vendues dimanche dernier – confirmant notre expertise première.
Tous les acheteurs et amateurs des vins mythiques du domaine de la Romanée-Conti, qui ont pu être acquis lors de la vente Master Cellar, pourront les déguster en toute sérénité. Par mesure de précaution pour nos acheteurs, nous avions préféré retirer avant la vente certains lots pour inspection complémentaire.
Tous les vins issus de la deuxième cave, celle d’un grand collectionneur privé Suisse qui souhaite rester anonyme, n’ont jamais laissé le moindre doute sur leurs provenances, les vrais connaisseurs ne s’y sont pas trompés.”

 

 

 

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Publié dans économie, marché de l'art