Une histoire « pas gentille » exalte les bienfaits de l’amitié

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“Ne m’appelez plus jamais mon petit lapin.” Laure-Isabelle Blanchet et Chine Curchod. Théâtre des Marionnettes de Genève. ©Cédric Vincensini.

Trop petit, trop grand, trop gros, trop maigre, doté de grandes – ou petites – oreilles, d’une couleur ou d’un accent différent, tous les enfants ont éprouvé les désagréments liés à l’apparence. Cette expérience commune explique la perception immédiate dont font preuve les jeunes spectateurs face à l’adaptation de l’oeuvre de Grégoire Solotareff par Laure-Isabelle Blanchet et Chine Curchod, respectivement metteure en scène et scénographe et interprète. La discrimination source d’exclusion engendre la solitude, nourrit le sentiment de révolte qui peut conduire à la délinquance « En chaque enfant, se love une rage, une colère pouvant prendre différentes formes, tout en étant plus ou moins bien canalisées » remarque Solotareff. L’auteur se soucie alors du politiquement correct pour illustrer le risque de dérive par une attaque de banque suivie d’un séjour en prison, un chapitre qui a valu à la pièce l’interdiction de sa représentation aux Etats-Unis.
Les prisons sont mal-famés dit-on, « derrière les petites fenêtres noires avec des barreaux, il y a quelque chose qui se passe, il y a la vie et la punition », mais il y a aussi l’amitié qui permet au héros malgré lui de retrouver l’équilibre et de retrouver sa place dans la société.
“Une histoire vachement chouette” résument Laure-Isabelle Blanchet et Chine Curchod.

Entretien avec Laure-Isabelle Blanchet et Chine Curchod par Jacques Magnol. Novembre 2009.

 

L’histoire

Quoi de neuf, docteur ? Jean Carotte est un lapin. En plus, il est petit avec d’immenses oreilles. Mais est-ce une raison pour que tout le monde l’appelle « mon petit lapin » ? Pour que cela cesse, Jean Carotte décide alors de se révolter, malgré les conseils sages et avisés de son grand-père. Sur ses skis, il est virtuose et en impose. Mais pour métamorphoser l’image que l’on a de lui et les moqueries qu’il subit, il se met à aligner les grimaces et se montre impoli. Il part à l’aventure, dérape, vole et va jusqu’à se faire gangster, commettant un hold-up. S’ensuit une phénoménale course-poursuite à ski dans la forêt. Arrivé à la case prison, il fait l’expérience de la fraternité et du partage avec – incroyable, mais vrai – un lapinou frondeur encore plus minuscule que lui: on en croquerait. Ne s’appelle-t-il pas Jean Radis ? C’est peut être un tout petit pas très gentil, mais avec un cœur grand comme ça. Ensemble, ils feront une échappée belle dans la montagne.

Entretien avec Grégoire Solotareff par Bertrand Tappolet. Octobre 2009.

Grégoire Solotareff est né en 1953 à Alexandrie, en Égypte. Après des études de médecine, il exerce ce métier pendant cinq ans. Mais à 30 ans, Grégoire se remet à dessiner à l’occasion de la naissance de son fils, et ses premiers livres pour enfants sont publiés en 1985 sous le nom de jeune fille de sa mère. Certains de ses héros, qui sont en fait des anti-héros (Monsieur l’Ogre, les petits lapins…) sont très appréciés des enfants. Grégoire Solotareff a publié plus de 150 livres depuis 1985, il est aussi auteur d’affiches et de dessins pour la presse et la publicité. En 1990, Loulou marque un tournant à la fois esthétique et thématique dans son œuvre. Avec cet album, il expérimente des couleurs plus vives, violentes posées dans de grands aplats de couleurs, cernés de noir, qui occupent l’espace de la double page. En ce qui concerne les thèmes, il garde cet esprit anticonformiste et provocateur, déjà présent dans Ne m’appelez plus jamais mon petit lapin. Cependant il approfondit la psychologie de ses personnages tout en développant une certaine tendresse à leur égard. Autre récurrence, Solotareff traite des sujets de la société, avec des personnages souvent de petites tailles, cette caractéristique étant à la fois source de problèmes mais surtout revendiquée comme force…

 

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 “Ne m’appelez plus jamais mon petit lapin.” Chine Curchod assure la scénographie et l’interprétation. ©Cédric Vincensini.

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Albertine signe les affiches et les programmes de saison du TMG.

Ne m’appelez plus jamais mon petit lapin
D’après l’oeuvre de Grégoire Solotareff
Marionnettes sur table
Théâtre des Marionnettes de Genève
Du 30 avril au 18 mai 2014
Réservations : 022 807 31 07 ou www.marionnettes.ch

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Publié dans jeune public, théâtre