Roberto Cuoghi, artiste en état de renouvellement permanent

Perla Pollina – Roberto Cuoghi. Vue de l’exposition, photos Jacques Magnol.

Le Centre d’Art Contemporain Genève présente la première rétrospective de Roberto Cuoghi, un artiste singulier qui a mis sa formation scientifique, psychiatrique, au service d’une démarche artistique.

Les trois étages du Centre témoignent d’une production prolifique avec près de 70 œuvres – peintures, sculptures, dessins et autres animations – réalisées entre 1996 et 2016 et qui illustrent sa préoccupation d’expérimenter des techniques souvent singulières pour explorer de nouveaux terrains de recherche. Andrea Bellini, directeur du Centre et concepteur de PERLA POLLINA voit en Roberto Cuoghi un cas à part dans le paysage artistique contemporain dont l’oeuvre est “en équilibre entre différentes niveaux de réalité, entre constatation et hallucination, entre mythe et histoire, entre possible et impossible. Chez Cuoghi, tout est paradoxal et démesuré, car son oeuvre semble vouée à dire ce qui en soi est indicible, à représenter ce qui par nature n’est pas représentable.”

La présentation de vingt ans de cycles d’activité distincts et autonomes se déploie sur trois étages, les oeuvres sonores au quatrième, les années 1990 occupent le troisième, et les sculptures le deuxième.

Roberto Cuoghi a construit plusieurs prototypes de fours pour tester différents types de cuisson.

Les crabes de Hydra : « Son dernier grand projet sculptural est né de l’invitation du collectionneur grec Dakis Joannou à réaliser une exposition sur l’île de Hydra, en Grèce. En voici l’idée de départ, évoquée par l’artiste lui-même : « …nous nous sommes rendus là-bas, et j’ai remarqué que l’abattoir dans lequel devait se tenir l’exposition était couvert de nids de guêpes, faits de cellulose des arbres mais aussi de terre. A l’intérieur de chaque nid, il y a des araignées, qui servent de réserves de nourriture pour les larves, et là, j’ai pensé aux crabes de Hydra, qui ont complètement disparu de l’île depuis des années. Alors, j’ai eu cette idée de littéralement pêcher mes crabes pendant qu’ils cuisent à l’intérieur de fours à bois rudimentaires. » Une fois rentré à Milan, l’artiste passe l’hiver à mettre au point un système d’imprimante 3D, modifié pour pouvoir utiliser de l’argile et ainsi reproduire les formes directement en céramique. »

L’histoire de Pazuzu est liée à l’intérêt de l’artiste pour l’idôlatrie dans laquelle il entrevoit un des fondements de notre système culturel.

« Šuillakku, extraordinaire chant liturgique de deuil et d’affliction pour la destruction de Ninive, et Pazuzu, inspiré d’un talisman assyrien censé éloigner le mal, sont le fruit des réflexions de l’artiste sur le thème de la superstition, de la religiosité et de l’immanence. A partir de 2008, le talisman Pazuzu devient le lieu de toutes les expérimentations possibles sur la matière et l’iconographie. »

La scénographie de PERLA POLLINA entretient une atmosphère dramatique qui accentue le caractère sombre des cycles de recherches de Roberto Cuoghi dont chacun témoigne d’une aventure dans l’inconnu.

PERLA POLLINA, Roberto Cuoghi
Centre d’art contemporain. Genève. 22 février au 30 avril 2017.

Roberto Cuoghi (*1973, Modène, Italie) vit et travaille à Milan, il représentera l’Italie à l’occasion de la Biennale de Venise 2017.
Cette rétrospective conçue et initiée par le Centre d’Art Contemporain Genève s’inscrit dans un large projet curatorial impliquant d’autres institutions à travers l’Europe : le Madre Museum, Naples, Italie (15 mai – 11 septembre 2017) et le Kölnischer Kunstverein, Cologne, Allemagne (14 octobre – 17 décembre 2017).

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