Quelles relations l’art public entretient-il avec le public?

intervention sur le chantier de la plaine de Plainpalais

Interventions plastiques éphémères et d’événements publics sur le site du chantier de la plaine de Plainpalais en 2010, programme ALPes.

Le 4 mai, à Genève, une journée d’étude interrogera la dimension autoritaire et/ou interactive de l’art public, sa médiation et sa relation au politique au sens large.

C’est l’aboutissement d’un projet de recherche conduit en parallèle au programme ALPes (Head) coordonné par Jean Stern et Ivonne Manfrini, enseignants à la HEAD. Ce projet est inscrit dans le cadre de l’IRAD (Institut de Recherche en Art et Design) à la HEAD. Le projet de recherche s’intitule “Gestes nomades”. La journée d’étude est à la fois l’opportunité de dresser un état des lieux des expérimentations passées et une ouverture susceptible de développements futurs.

« Comment ça bouge ? »
Depuis le milieu des années 80, Jean Stern développe une réflexion sur l’inscription de l’oeuvre d’art dans l’espace architectural ou urbain à  partir du relief (dans sa double référence au pictural et au sculptural), les objets ou les installations sont toujours indexés étroitement au contexte du bâti, de la ville, voir du paysage. L’approche est toujours dialectique, elle vise à  construire une forme spécifique qui s’adosse aux contraintes inhérentes du lieu. L’intervention interroge la position du spectateur, elle n’est pas autarcique, mais réclame une réplique, une attention du regard, une orientation spatiale. Entre réemploi, enchâssement et imbrication, l’oeuvre adhère d’abord au site, elle n’est que débat avec le lieu:

“Pour un artiste, sortir de l’espace des galeries et des musées reviendrait à sortir d’un espace de liberté. La galerie ou son équivalent serait par définition le cadre dévolu à l’expérimentation esthétique en toute liberté, mais la galerie (ou le musée) est également le lieu de l’adéquation à une attente, à une demande, celle des critiques et d’un certain public. Ni totale liberté ni totale contrainte donc, mais un jeu subtil et variablement dosé de négociation avec les acteurs.

Inscrire le geste plastique ailleurs, hors des lieux institués, que les territoires soient élus ou prêtés, c’est donc expérimenter d’autres régimes de contraintes et de libertés, y compris dans la dimension du corps à corps avec les codes et avec les pulsions de la ville, à l’enseigne de l’éphémère ou de la pérennité.

La journée d’étude du 4 mai a pour objet d’interroger la réalité de terrain à une échelle locale dans une perspective interactive et comparative. Comment, selon les contextes, s’inscrit le possible, qu’il soit souhaité, toléré ou refusé ? Il s’agira d’interroger le « Comment ça bouge ? ». Le « ça » étant entendu comme relation dialectique entre les partenaires, le commanditaire d’un côté et l’artiste, l’architecte, l’urbaniste de l’autre, qui tous partagent le même territoire culturel et social. Comment cette relation dialectique modifie-t-elle projets et attentes des uns et des autres ? Quid de la posture autoritaire, intrusive, et de la proposition négociée ?

Que peut-on dégager enfin de la confrontation des disciplines oeuvrant dans l’espace public en termes d’apports théoriques comme en termes de savoir-faire.

La journée d’étude sera l’occasion d’élargir le bagage d’expériences et d’expérimentations en confrontant les réflexions des artistes avec celles des acteurs de l’espace public. Les axes de réflexions proposés sont les suivants :

  • l’artiste intervient-il dans la ville comme lieu de visibilité simplement déplacé à l’extérieur, ou intervient-il pour la ville ce qui suppose négociation voire médiation et parfois co-autorat ? Deux postures qui engagent de manière différente et sa responsabilité et la spécificité de son geste par rapport à ceux d’autres intervenants de l’espace public.
  • Comment s’engage le mouvement de la pratique et de la pensée dans une dimension interactive conçue comme un espace de confrontation à l’enseigne de la découverte ? A l’opposé, la posture signée, un geste d’auteur, est-elle autoritaire, intrusive, comparée à ce processus impliquant négociation voire médiation ?
  • L’intervention hors murs permet de découvrir d’autres contraintes et de nouvelles libertés. Comment ce détour par cet ailleurs qu’est la ville permet-il de percevoir de manière plus évidente ce qui trame l’espace du « dedans », quel qu’il soit.

Les échanges auront lieu sous forme de communications, de discussions et de débats qui feront l’objet d’une publication Head – Genève.

http://head.hesge.ch/alpes/  

Ailleurs, dans la ville

La commande : art et interaction dans l’espace public.
une approche comparée.
Projet de recherche « Gestes nomades ».
Journée d’étude de l’Institut de recherche en art et design, (IRAD), Head – Genève.
Date : vendredi 4 mai 2012.
Lieu : Grü/Transthéâtre, 16, rue du Général-Dufour, 1204 Genève.

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Publié dans art contemporain