Quelle est l’odeur de Genève ? Comment composer une évocation olfactive de la ville ?

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Brise lacustre, odeur de goudron chaud, de béton, effluves de marijuana ou d’herbe fraîchement coupée, qui peut composer une évocation olfactive de la ville à partir de ses multiples odeurs ?

Brian Goeltzenleuchter, artiste de Los Angeles, a demandé aux habitants de la Cité des Anges comment ils imaginaient l’odeur de leur ville. Entre effluves de hot dog et de marijuana, de béton et de pneu brûlé, de l’océan et de l’industrie, les avis varient selon les quartiers. L’artiste qui est en résidence à l’Institut de l’art et de l’olfaction espère saisir l’odeur de Los Angeles afin de produire un parfum qui puisse être porté. Carolina A. Miranda relate dans le LA Times la très sérieuse expérience menée durant la résidence de Brian Goeltzenleuchter à l’Institut pour l’art et l’olfaction. Les résultats seront présentés le 28 juin lors de l’exposition “Sillage”. Si l’expérience est concluante, c’est à dire si une fragrance peut résumer la ville californienne, elle sera mise sur le marché.

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Si l’on tentait l’expérience au bord du Léman, que retiendraient les habitants de Genève de l’odeur de leur ville ?

La reconnaissance artistique du parfum

Lors d’un colloque en pays de Grasse, Mme Annick le Guérer philosophe, anthropologue et historienne a rappelé que les arts plastiques, et d’autres, s’intéressent aussi de près à l’olfaction :

« Si l’intrusion de l’olfactif dans les arts plastiques a été, au départ, plus timide, elle s’est considérablement accrue dans ces dernières années.
La parfumeuse italienne Laura Tonato a joué un rôle précurseur en ce domaine en composant, à la demande d’un amateur d’art, une évocation olfactive d’un tableau de sa collection, « L’Aurore », d’Artemisia Gentileschi, représentant une femme lumineuse appuyée à un arbre. Elle a élaboré sa fragrance à partir du chêne et des couleurs ambre et pétale d’iris de ses vêtements. Création récente, son « Caravaggio » est une illustration du célèbre tableau du Caravage « Le joueur de luth », commandée par le Musée de l’Ermitage.

Dans un processus inverse, douze designers se sont prêtés à une expérience de dessins spontanés inspirés par des senteurs abstraites concoctées à partir de molécules de synthèse par les parfumeurs de la société de création de fragrances Firmenich.

Plus surprenante encore, la percée de l’olfactif dans la sculpture avec des approches très variées. C’est, par exemple, la création odorante du parfumeur Antoine Lie à partir d’une sculpture de Camille Claudel ou la collaboration de la sculptrice Claudine Drai avec des parfumeurs pour des senteurs destinées à habiter ses fragiles structures de papiers de soie plissés. C’est encore l’inclusion par Ernesto Neto d’épices puissantes dans le corps même de ses œuvres, ou l’utilisation par le plasticien Boris Raux de substances odoriférantes telles que le savon de Marseille ou la poudre de lessive agglomérée comme matières premières de ses sculptures. 

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2 commentaires pour “Quelle est l’odeur de Genève ? Comment composer une évocation olfactive de la ville ?
  1. Jean-Bernard dit :

    Plusieurs ont déjà tenté ce coup et ils ne sont pas tous artistes mais réfléchir sur l’odeur de sa ville après voir lu l’intro de Susskind, quel challenge http://www.slate.fr/culture/73653/odeurs-carte-paris-new-york

  2. Duchamel dit :

    nous avons également perdu l’identification des lieux contenant de bonnes odeurs: celle maternelle du pain chaud des boulangers, du bois que l’on coupe, des produits de droguerie, les bouffées des marchands d’épices, etc …
    Nous avons perdu avec l’odeur un des éléments qui impriment le mieux notre mémoire de souvenirs, et d’attachements. Une ville essentiellement visuelle ne laisse pas les mêmes traces dans notre mémoire que le font quelques marques odorantes. Si nous avons les photos, le cinéma, nous n’avons plus ‘l’odeur de ma rue”, celle du quartier de notre enfance. La ville aurait-elle moins d’odeur ?